HEY, RUDY

H A R E M

Image ~ Illyes

LVI

Yunes trouvait Illyes irrésistible, il ne pouvait pas le nier. Il savait parfaitement qu'il était entrain d'enfreindre ses propres règles et que cela devrait rester entre eux. Question de confiance. Mais même s'il se comportait comme un funambule peu adroit, il avait besoin d'oublier la relation compliquée dans laquelle il s'était lancé avec Rudy. Et Illyes avait pour lui un avantage, c'est qu'ils ne se connaissaient pas encore beaucoup. Et même s'il ne ressentait rien d'autre d'une forte amitié ou une grande affection, Illyes venait à cet instant combler le vide que laissait Rudy et surtout le cruel manque de tendresse qu'il ressentait.

— Je vais faire une grosse connerie. Annonça Yunes l'air exalté.

Illyes pressentait son geste mais n'eut pas le temps de répondre. Yunes l'embrassa. Pas juste un simple baiser, quelque chose de plus fort, auquel Illyes répondit avec entrain, ne pouvant réprimer un sourire tant la situation l'excitait.
Le blond se laissa entraîner par cette plaisanterie jusqu'à y trouver un plaisir partagé. Illyes avait passé une main dans sa nuque et embrassait divinement bien, caressant parfois ses lèvres avec sa langue.
Yunes posa une main assurée sur l'une de ses cuisses tandis que l'autre touchait ses cheveux.
Cela n'avait rien de comparable aux baisers qu'il avait échangé avec Rudy ; celui-ci était facile et plus accessible, ça n'avait rien d'un baiser passionné, c'était juste très agréable.

Mais même s'il ne sentait pas de sentiments à travers cet échange, son désir n'en fut pas moins démonstratif et il stoppa le baiser à l'instant même où il sentit que la ligne rouge risquait d'être franchie.
En réalité elle l'était sûrement déjà, puisque c'est en croisant le regard d'Illyes qu'il se rendit compte de l'ampleur de ce qu'il venait de faire. Il resta sans rien dire fixé à ses yeux noisette, perdu et apeuré.
Illyes sembla embarrassé et envisagea de se lever mais le blond lui attrapa le poignet.

— Non reste ici.

Il baissa le regard sur ses jambes croisées en tailleur, juste devant celles d'Illyes qui s'était finalement rassit face à lui. Un sentiment d'incompréhension l'envahissait. Il aimait Rudy, il en était persuadé jusqu'au plus profond de son âme. Personne, pas même Illyes n'aurait pu le remplacer. Alors pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il envie de l'embrasser encore ?...
Il posa une main sur son visage, comme pour cacher sa gêne, mais ne pu retenir ses larmes.
Un homme ça pleure pas. C'est la norme. Voilà qu'il faisait un piètre individu. Et cela n'était pas faute d'essayer de ne pas craquer, mais ce tandem le rendait dingue.
Il avait enduré une fracture de l'avant bras, sa maladie, l'odeur de l'hôpital, et voilà qu'il n'était même plus capable de retenir quelques larmes pour une histoire de sentiments. Il trouvait la vie bien dure, et il se trouvait bien faible face à elle.

Il sentit la main d'Illyes derrière sa tête qui l'approchait de lui pour le réconforter.
Le blond accepta son étreinte et enroula ses bras autour de lui dans un sanglot étouffé.

— Reste avec moi.

Yunes était à bout, il le sentait, il le savait.
La présence d'Illyes guérissait ses mots en épongeant sa douleur ; il avait besoin qu'il reste près de lui, rien que jusqu'à l'aube.
Le concerné se délaça de leur étreinte pour prendre le visage du blond entre ses mains, longeant ses trais et fouillant son regard clair rougi par le sel des larmes.
Il essuya ses joues humides de ses pouces.

— Si t'as besoin de parler pendant des heures de Rudy et de tes fractures avec la vie je peux t'écouter. Mais par contre arrête de pleurer.