XLV
Cet environnement ne cesserait donc jamais de le tourmenter ? Il trouvait quelque chose de machiavélique et de malsain dans le sourire d'Andrew, est ce que cette mort soudaine et étrange était réellement une bonne chose ?... Les Américains avaient décidément une manière de penser bien étrange et lointaine de la sienne, car même s'il avait éprouvé une certaine haine envers ce Jack – qu'il ne connaissait finalement ni d'Eve ni d'Adam – il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la pitié pour lui. Cinq balles dans la tête, il faut avoir la rage au cœur pour commettre un tel acte... Et dans tout cela, il trouvait la réflexion d'Andrew bien étrange.
Les trottoirs étaient recouverts de neige, la ville entière était blanche mais le roulement des véhicules formaient cette immonde substance mi-eau mi-neige de couleur marron qui rendaient à l'endroit son aspect pollué et sale. Yunes aimait la neige, pourquoi il n'en savait trop rien, sûrement parce qu'il se fondait dans le paysage avec sa peau laiteuse et ses cheveux clairs. Il avait toujours eu du mal à supporter le soleil et la chaleur.
Il marchait calmement en direction de la fondation qui était tout de même à une bonne demie heure de marche et de métro, ne pouvant s'empêcher de réfléchir à ce qu'il allait lui dire... Rien que le fait de réaliser qu'il allait réellement le voir lui semblait invraisemblable.
Il avait beau se torturer l'esprit à chercher des phrases ou des formules clinquantes à lui balancer à la figure il ne trouvait rien de très convaincant.
Le visage d'Andrew lui restait gravé dans l'esprit, pourquoi avait-il dit ça ? C'était pour le moins troublant et assez retord...
Accroché à la barre du métro son esprit cherchait une réponse... Ce pourrait-il que... Non. Impossible...Il faillit oublier de descendre du wagon tant cette phrase le laissait perplexe.
L'air froid s'engouffra dans ses cheveux et commençait à faire rosir ses joues.
Il arriva enfin devant la fondation, sur le trottoir d'en face il attendait que le feu passe au vert. La tour de verre lui semblait encore plus grande que la première fois, certainement parce qu'il avait maintenant un peu d'appréhension à entrer alors qu'il n'y était pas convié. Les grandes lettres W et B accrochées sur la façade étaient recouvertes d'un chapeau de neige et des berlines noires se garaient en masse devant l'entrée.
Cet endroit était définitivement ce qu'il pouvait qualifier de caprice de riche prônant l'outrance et l'exagération par la taille...Son esprit s'éveilla brusquement lorsqu'il aperçu Rudy sur le parvis de l'entrée, prêt à monter dans une voiture. Le feu était passé au vert et Yunes traversa la grande avenue en courant, faisant bien attention à ne pas déraper sur une plaque de verglas posée là par la fatalité.
Il se précipita vers le brun qui ne semblait pas l'avoir vu au milieu des dizaines de personnes présentent sur le trottoir. Rudy avait déjà ouvert la portière de la voiture quand Yunes lui attrapa le bras avant d'être violemment écarté par un homme en costard noir.
Rudy se retourna. Il posa un bras sur l'épaule de l'homme au costard.— C'est bon laisse le...
Il était arrivé si rapidement que Yunes n'avait même pas eu le temps de riposter. L'homme le lâcha et s'écarta sans rien dire, l'œil méfiant.
Oui de toute évidence c'était une sorte de vigile ou de garde du corps chargé de protéger un gosse de riche...
Yunes reprit sa respiration, il n'était qu'à un mètre du brun et ce n'est qu'en croisant son regard que ses inquiétudes prirent une place démesurées. Son regard était sombre, désert, inhabité... Comme s'il vivait dans un autre monde.
Il n'arrivait pas à parler tant cette sensation de peur le tenait aux entrailles, ses mains devenaient moites... Il avait vraiment peur de découvrir une vérité qu'il n'avait pas du tout envie de connaître.— Qu'est ce que tu fais ici ? Demanda le brun sans aucune méprise, d'un ton des plus neutres.
— Je dois te parler. Articula le blond en avalant difficilement sa salive.
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HEY, RUDY
Romantizm« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...