XLVI
Le cœur de Yunes cognait contre la cage qui l'emprisonnant ; il avait envie de disparaître, de se noyer dans le vide des yeux de Rudy qui restait sans voix. Le blond était triste et impatient, il voulait une réponse, pouvoir enfin affronter sa peur. Mais il s'efforçait de ne rien montrer, de ne rien laisser paraître. On pouvait entendre le vent dans les feuilles des grands arbres citadins, les klaxonnes des voitures et les pas des gens sur le trottoir. Ce silence était gênant, pesant, insupportable.
Yunes observait les yeux de Rudy, il ne se troublaient pas... Son air était résolument impassible. Mais malgré tous ses efforts, Yunes savait pertinemment que quelque chose venait de s'effondrer en lui.
Il ne cherchait même pas à plaider non-coupable... il restait inanimé, désœuvré, face à face avec l'ineptie.
Le blond finit pas se résigner... Comprenant qu'il n'aurait aucune réponse.— Et qu'est ce que ça t'as procuré ?...
Rudy encra son regard dans ses yeux bleus d'azur, il trouvait Yunes étonnant... Comme toujours il ne le blâmait pas, il cherchait à comprendre. Et pourtant... Qu'y avait-il à comprendre dans un meurtre aussi emporté que celui qu'il venait de commettre ?
— Tu veux vraiment savoir ?
Le cœur du blond s'emballa, c'était vraiment lui... Yunes s'attendait à ce qu'il ai payé quelqu'un ou à ce qu'il nie avoir commis un tel acte. Mais visiblement toutes ces idées ne lui étaient pas venu à l'esprit. Sa gorge sa serra, c'était comme si son esprit se repliait sur lui même, comme si une enclume lui martelait la conscience. C'est vraiment vrai.
— Ça ne m'a rien fait du tout.
Un silence stagnant s'installa entre eux, Yunes était à court d'arguments, il n'avait rien à ajouter. Il savait que Rudy n'était pas un malade mental, il ne pouvait pas ressentir de plaisir à tuer quelqu'un... Le fait que cela ne lui ait rien fait était donc une bonne chose... Mais qui peut rester stoïque et si calme dans une situation pareille... Plus il le regardait et plus ses prunelles noires lui faisaient peur. Que pouvait-il bien se passer sous son crâne pour que les remords ne le rongent pas déjà ? Était-il vraiment aussi insensible qu'on le disait ? Un mur de béton sans émotions ni sentiments...?
— Je vais aller témoigner au commissariat. Lui annonça-t-il finalement en regardant ses pieds enfoncés dans la couche de neige ; la gorge serrée.
Les bruits urbains comblèrent le silence, Yunes se sentait désemparé, rien ne semblait toucher Rudy...
Secrètement il espérait que la suite se déroulerait comme dans un mauvais film à l'eau de rose...
Mais trêve de leurres irréalistes... Rudy et l'eau de rose ne pouvaient pas coller.— J'ai pas l'intention de te dénoncer si ça peut te rassurer. Je veux pas m'en mêler.
Le vent souffla dans ses cheveux blond.
— Pourquoi tu fais ça ?
Yunes leva les yeux vers lui. Pourquoi faisait-il ça ?... Parce qu'il croyait en l'avenir, il avait la conviction que tout cela ne pouvait pas se terminer comme ça, et il ne pouvait pas laisser une cellule de prison le séparer du bonheur...
La peau légèrement foncée du brun ressortait dans le paysage blanchit et Yunes ne put réprimer un sourire alors qu'il se rendait compte à quel point il l'aimait.— Tu crois que t'es le seul à être amoureux ?
Pour la première fois depuis le début de leur discussion Rudy sembla interloqué.
Yunes s'apprêtait à partir et passa à coté de lui.
— Et aussi... reprit-il en se retournant vers lui, même si Jack était une enflure le meurtre comme preuve d'amour c'est trop pour moi, un baiser aurait suffit.
Un rictus fendit les lèvres de Rudy, son insolence ne pouvait que le fasciner.
15:07 ~ Appartement
Yunes rentra chez lui sans rien dire, en essayant de penser le moins possible. Sans se l'avouer il avait espéré qu'il le retiendrait. Mais comme lui avait dit mainte fois Zak : « Tu ne le connais pas. ». Et en effet, il ne le connaissait pas. Mais la sensation de le perdre pour toujours lui semblait insupportable.
Une boule s'était formée dans sa gorge, sa tête tournait, il n'avait pas envie de sortir ni de voir du monde. Il voulait juste dormir dans un sommeil profond comme la mer pour tenter d'oublier le cataclysme sentimental dont il était victime.
Il avait envie de pleurer mais ses larmes ne sortaient pas, il les retenait. Il avait toujours l'impression d'en faire trois fois trop pour trois fois rien.Il s'avança vers la petite table dans la cuisine ou son père lui avait déposé quelques affaires ainsi que la convocation au commissariat. Il jeta un œil sur celle-ci. Demain à 9h30... Il avait cours mais tant pis, pour une fois le motif serait valable.
Il laissa le papier retomber sur la table de manière nonchalante. Sa tête était encombrée, il avait besoin de lui, besoin qu'il le prenne dans ses bras et qu'ils dorment ensemble.Le miroir de la salle de bain lui rappela l'état de son visage et il resta planté devant un instant, ses mains agrippées au rebords du lavabo, observant son image.
Ce faciès d'ange avait réussit à faire tomber Rudy Gianelli amoureux... il peinait à y croire.
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HEY, RUDY
Romance« Rudy c'est comme un orage, ça prévient pas, c'est derrière le brouillard, et le jour où ça pête à la gueule de tout le monde, on est bien emmerdé. » C'était ce qu'on disait. Yunes est dans sa dix-huitième année, lorsqu'il le rencontre : Rudy. Comm...