H A V A N A

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XXVIII

— C'est une mauvaise idée. Affirma le brun de sa voix grave.

— C'est pas à toi de juger si mes attirances sentimentales sont bonnes ou mauvaises.

Rudy sembla surpris de sa réponse, plutôt habitué à ce qu'on lui demande la raison de son refus catégorique de laisser les gens s'éprendre de lui.

— Tu as l'air bien enthousiaste à l'idée de te faire briser le cœur. Ajouta t-il.

Yunes ne répondît pas. Se contenta simplement de blottir sa tête sa tête dans le cou du brun, prêt à s'endormir dans cette chaleur enivrante.
Rudy l'observa s'assoupir contre lui, lui caressant distraitement le dos et replaçant du bout des doigts quelques mèches blondes qui lui tombaient sur le visage.
Évidement qu'il ne prévoyait pas de se faire briser le cœur, il était juste un peu plus lucide que les autres sur le fait de ne pas tomber immédiatement sous son charme sans prendre de précautions.
Le brun se tourna un peu vers lui et passa une main dans ses cheveux pour le rapprocher un peu plus, conforté dans l'idée de s'endormir comme un enfant, avec contre soi une peluche que jamais on ne voudrait perdre.
Yunes remonta un peu la couette sur lui, pris d'un frisson, avant d'embrasser le cou de Rudy de ses lèvres légèrement humides, sur un coup de tête, une envie fugace. Avant de s'endormir.





04:02 ~ Appartement

Yunes ouvrit les yeux brusquement, toujours appuyé au bras de Rudy qui semblait profondément assoupi. Un frisson le parcourut quand il se rendit compte qu'il venait d'oublier ses médicaments de trois heures. Et n'ayant pas la fervente envie de séjourner plus longtemps à l'hôpital, il se leva et se dirigea vers la cuisine. L'atmosphère était agréable, les radiateurs apportaient une chaleur suffisante et confortable. Les rayons de lune filtraient au travers de la petite fenêtre de la cuisine et apportait une lumière bleutée à la pièce. Tout en fouillant dans son sachet de médicaments, Yunes ne pût s'empêcher de penser au surréalisme de la situation, à la tournure excitante et incertaine que prenait sa vie.
De retour dans la pièce principale il observa un moment le ciel, éclairé à la fois par la ville et la lune, qui ne laissait place à aucune étoile.
Rudy était allongé comme il s'était endormi, la tête penchée légèrement sur le côté et l'air apaisé. Yunes l'observa dormir un peu, admiratif de sa sombre beauté.
La couverture couvrait ses jambes, et son t-shirt noir était légèrement remonté, laissant paraître le bas de son ventre éclairé par la lumière nocturne.
Le blond s'approcha un peu, désireux de caresser sa peau bronzée mais contraint à rester en retrait. Il s'accroupit a côté du corps endormi du brun, observant ses boucles noires, écoutant sa respiration paisible, et regardant le chemin de quelques petites veines sur ses bras.
Il avança sa main et effleura son avant bras du bout des doigts, trouvant sa peau étrangement chaude. Ses doigts circulèrent aventureusement jusqu'à sa main, grande et entrouverte, qu'il caressa jusqu'au bout des doigts. Le brun bougea légèrement ses phalanges et s'éveilla sous le regard de Yunes, qui ne savait pas vraiment s'il devait être gêné ou non de la situation.

— Qu'est ce qu'il y a ?... Demanda le brun d'une voix basse et endormie.

Yunes esquissa un sourire en le voyant ainsi, en proie au sommeil, la mine fatiguée et inoffensive.

— Rien... Murmura le blond et passant doucement sa main dans les cheveux noirs de Rudy.

— Alors viens... Lui demanda le brun en tendant légèrement les bras vers lui.

Yunes se redressa, debout et hésitant.

Après tout, pourquoi ne pas succomber à ce désir si pesant ?
Son esprit était encore embrumé par les effets des anti-douleurs mais dieu qu'il s'en fichait.
Il se glissa sous la couverture et s'affala tendrement sur le corps de Rudy qui le serra contre lui en caressant doucement le bas de son dos.

— Pourquoi tu t'es levé ? Chuchotât le brun.

— Je crois que j'ai du mal à dormir...

Rudy n'ajouta rien, les yeux captivés par la lumière de la ville endormie. Il caressa les cheveux blonds de Yunes dont la tête était posée sur son torse.

— J'ai envie que tu me parles de toi. Demanda doucement le blond.

Rudy resta silencieux un moment.

— Que je te parle de moi... Répéta t-il lentement. Que veux tu savoir ?

— Parle moi de que tu aimes.

— Ce que j'aime... J'aime être ici, avec toi, ou dans n'importe quel endroit loin de ma maison et de ma famille.

— Ta famille ? Comment est-elle ?

— Elle est grande, cultivée, droite et sans trop de problèmes.

— Comment sont tes parents ? Demanda Yunes en caressant le bras gauche de Rudy du bout des doigts, en y traçant des courbes imaginaires.

— Ma mère est partie quand j'avais six ans, mon père est un homme d'affaires. Il me ressemble un peu à ce qu'on dit. Pas grand chose à savoir de plus.

— Ils n'ont pas l'air d'être si terribles que ça...

— Ça n'est pas une question de comportement, c'est une question de ressentit, on est trop différent eux et moi.

Yunes ne répondît pas, mais alla se caler au creux du cou de Rudy comme il aimait le faire. Il garda ses yeux ouverts, perdu dans ses pensées.

— Pourquoi tu restes ici si je ne veux pas coucher avec toi ?... Osa le blond.

— J'en sais rien. Parce que je suis bien, c'est tout.

— Mais pour combien de temps ?... Chuchota Yunes.

— C'est pas le genre de choses qu'on prévoit.

— Alors un jour tu partiras ?

— Oui, bien sûr... Mais peut-être pas de la façon dont tu l'imagines. Lui répondît Rudy en l'embrassant sur le front.

Il sentit Yunes s'endormir de nouveau contre lui, et resta à observer le ciel bleuâtre et grisé de la nuit, à cogiter ; surpris d'être soudain aussi tactile avec quelqu'un, comme un tigre métamorphosé en chaton noir...
Il sentait que Yunes signait pour lui le début de sa fin.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant