C H A O S

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LXXXVIII


Andrew... lui qui avait l'air d'habitude si fière, le sourire arrogant au bord des lèvres. Il était maintenant là dans un piteux état, le corps bien amoché, troué par plusieurs balles dans le torse. Ses beaux yeux avaient perdu leur éclat, fixant maintenant un point invisible pour l'éternité. Le chaos autour de Yunes ne l'atteignait même plus, ses yeux restaient rivés sur le cadavre du garçon, certainement parce qu'il n'avait pas envie de voir celui de Rudy à l'extérieur. Les vitres du hall avaient apparement été explosées par la police qui avait forcé l'entrée. Yunes devina qu'Andrew s'était fait descendre par les autorités.
Il sentit qu'on le tirait par le bras, voulant l'emmener vers l'extérieur. Il pleurait intérieurement, suppliant le monde entier de ne pas le forcer à voir le corps de Rudy. Il le revoyait encore pointer son arme sur sa tempe, tout était allé si vite. Puis le bruit revint à ses oreilles lorsqu'il sortit du bâtiment, comme un éveil soudain à la tragédie dont il venait d'être le témoin.
Il entendait les cris de plusieurs femmes, les gens étaient tous agglutinés devant l'entrée, retenus par la police. Les parents cachaient les yeux innocents de leurs enfants. Et puis surtout il y avait tous les flashs aveuglants des journalistes, il le prenait tous en photo, escorté par la police. Même après la mort Rudy arrivait à faire son show.

— Eh vous !

Yunes sentit que les deux policiers dans son dos s'arrêtèrent. Yunes tourna la tête pour voir celui qui les interpellait, il connaissait cette voix. Chlaus.

— Ce garçon se trouvait sur le toit avec la victime, il est en état d'arrestation. Annonça l'un des policiers.

— Je suis le père de la victime. Mon fils s'est suicidé, ce garçon est innocent.

— Personne n'est encore sûr de rien à ce stade. Répliqua l'autre agent.

— Les caméras de sécurité de l'antenne radio ont tout enregistré, vos collègues viennent de confirmer le suicide. Laissez passer ce garçon.

Yunes se fichait pas mal de ce qui allait lui arriver, il était bien trop en état de choc pour dire quoi que ce soit. Mais il se demandait tout de même pourquoi Chlaus insistait autant...
Les deux policiers se concertèrent et l'un appela finalement un supérieur qui lui donna la permission de libérer Yunes, puisque les vidéos de surveillance prouvaient son innocence. Ils avaient eut le temps de conclure un suicide... Il avait du rester un paquet de temps seul sur le toit avant que la police vienne le chercher alors... Il ne savait pas, le temps venait tout juste de se remette en marche dans sa tête.

— Très bien, mais restez dans le périmètre.

Les agents le libérèrent et s'en allèrent vers leur véhicule, sécurisant d'avantage le périmètre de sécurité du drame avec leurs rubalises jaunes.

Chlaus Gianelli se tenait face à lui désormais, dans son habituel costume bleu foncé.
Yunes releva les yeux vers lui. Comment Yunes devait-il réagir face à l'homme en partie responsable de ce drame ? Et comment Chlaus devait-il se comporter face au garçon qui aurait pu empêcher son fils de sauter ?

— Vous ne pleurez pas ? Demanda le blond d'une voix calme, ignorant les bruits incessants autour d'eux.

— Certainement faudra t-il un temps avant que j'enregistre ce qu'il vient de se produire. Mon fils devait être promu ce soir et diriger une partie de cette immense entreprise ; et le voilà qui se tue avec l'arme que je lui avait offerte pour ses dix-huit ans. J'avoue que tout cela n'était pas vraiment prévu.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant