A F T E R

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XXIII

Rudy avait gardé le blond près de lui tout le reste de la soirée, le sachant dans un état d'ébriété assez conséquent et n'ayant pas réellement confiance en Jack ; resté à la table de poker à regarder par dessus la rambarde comme un vautour.
Ils avaient dansé jusqu'à en perdre toute notion du temps. La morphine que Yunes lui avait donné avait mis un peu de temps à opérer, c'était moins fort que l'extasie mais très apaisant...
Sous les lumières vacillantes il avait observé le blond danser et avait eu envie de lui à maintes reprises. Son visage de poupée, des yeux en cristal et sa peau de bébé lui conféraient une beauté hors du commun. C'était en dansant contre lui qu'il s'était rendu compte de sa musculature très développée, et des formes de son corps plutôt attirantes.
Il rigolait sans cesse d'un grand sourire d'ange, sous ses cheveux blonds bougeant au rythme de ses mouvements.

Ils avaient dû boire encore quelques shoot et s'étaient épris l'un de l'autre sous l'effet de l'alcool, leurs mains étaient devenues quelques peu innocentes et baladeuses et les lèvres de Rudy n'avaient pas épargné la peau tendre du cou de Yunes ; qui s'était laissé faire, en proie à de nouvelles sensations très agréables.
Peu aventureux et encore conscient d'être en couple avec Louise, il n'avait pas osé toucher la peau chaude et attirante du brun, bien que des sensations dans son bas ventre lui aient plusieurs fois dictées le contraire.

Vers trois heures du matin, Andrew et Alice étaient venu les trouver pour les extirper de cette boîte de nuit, tous les deux à peu près dans le même état, en train de planer sous l'emprise de quelques malicieuses drogues.
En sortant, ils se mirent tous les quatre à chanter et rigoler à tue tête dans se soucier des bons voisins.
À la surprise et au soulagement de Yunes, il ne montèrent pas en voiture mais se dirigèrent dans une rue annexe où se tenaient beaucoup de bars et de cafés desquels sortaient encore musique et fumée.

Andrew ouvrit la porte d'une sorte de maison qui ressemblait plus à un bloc de béton carré qu'on aurait posé sur le trottoir...
L'intérieur était en ruine ou à l'abandon, Yunes de demanda alors ce qu'ils faisaient ici... Il suivit Rudy qui monta un escalier, ce qui ne fut pas une mince affaire...
Arrivé à l'étage, c'était très différent, les décombres n'étaient plus là et c'était aménagé en une sorte de squat. Plusieurs matelas étaient étalés au sol et une table basse soutenait encore quelques mégots et bouteilles de bière vides. La lumière était un peu jaune, mais c'était apaisant, car le blond fut soudainement très fatigué. Abattu et attiré par le sommeil, il plongea sur un grand matelas telle une baleine en ayant la ferme intention de s'y endormir.
Ses yeux se fermèrent petit à petit quand il vit Rudy s'allonger à un petit mètre de lui, il agrippa sa manche.

Le brun le regarda, lui et ses petits yeux fatigués. Il s'approcha de lui et lui caressa doucement la tête, comme un enfant qu'on endors. Ce qui fonctionnait plutôt bien sur Yunes, qui avait envie que Rudy reste ici, au moins cette nuit.
Il lui fit comprendre en se blottissant contre lui, d'un air innocent. Le brun fut d'abord surpris par ce contact et ne bougea pas, puis, quand Andrew eut éteint la lumière, il reprit ses caresses sur la tête du blond qui achevèrent de l'endormir. Rudy écouta la respiration régulière du blond contre lui et se mit à réfléchir les yeux ouverts. Peu importe si son cœur détruisait sa raison pour cette nuit, un jour il pourrait dire que c'était l'alcool ; et il prit Yunes dans ses bras, sentant le souffle chaud de sa respiration contre son cou, et caressant sa nuque du bout des doigts.
Il sentit alors que ce garçon avait encore une âme d'enfant, innocente, un peu naïve et douce comme la peau d'une pêche. Et les remords du futur le rongeaient déjà.

10h34 ~ Squat

Yunes remua ses doigts engourdis, sentit sa bouche un peu pâteuse, et enfin ouvrit les yeux sur les draps multicolores du matelas sur lequel il avait trouvé le sommeil.
Il sursauta violemment et se redressa sur ses bras.
Où était-il ?
Il ne se souvenait de rien. Où était passé Rudy ?
Il se frotta les yeux d'un revers de mains et vit alors Alice, recouverte d'un t-shirt et d'une culotte qui souriait dans l'encadrement d'une porte, une cafetière à la main. Ses cheveux était redressé en un chignon et elle avait apparement retiré son maquillage.

— Bonjour. Annonça la brune d'un sourire étincellent, quelques cernes sous ses yeux verts.

— Hey... Lui répondît Yunes avec difficulté. Quelle heure est-il ?...

— Il doit être dix heure et demie. Café ? Demanda t-elle en levant une tasse.

— Je vais plutôt prendre un thé si ça t'embête pas... Souffla le blond qui avait sentit l'odeur du thé vert mélangé au café qui flottait dans l'atmosphère. Il s'extirpa d'une couverture apparement mise sur lui durant son sommeil et se leva.

Il s'assit en tailleur devant Alice autour de la petite table basse reculée dans un coin de la pièce.

— C'est pas le luxe ici mais c'est mieux que de conduire ivre. Annonça t-elle en versant le thé brûlant dans une tasse Winnie l'ourson.

— Ça ressemble un peu à chez moi... Répondît le blond en tournant la tête de tous les côtés. Où sont passés Andrew et Rudy ?...

— Rudy est parti vers six heures, et Andrew vient de partir chercher sa mère à la gare. Je crois qu'il t'aime bien.

— Andrew ?

— Bien sur Andrew, rigola Alice d'un rire cristallin, je n'ai pas besoin de te certifier que Rudy t'aime bien il me semble.

Yunes se mit à rougir légèrement, est ce que...

— Attends... On s'est pas...

— Non vous n'avez pas couché ensemble. L'interrompue Alice.

Yunes devint écarlate.

— Quoi ?! Mais non je voulais pas dire ça ! Je voulais savoir si on s'était embrassés.

La brune haussa les yeux par dessus sa tasse de café qu'elle s'apprêtait à boire, puis baissa le regard.

— Aucun risque.

Le blond soupira.

— Tu aurais aimé qu'il se passe quelque chose ? Demanda t-elle.

— Quoi ? Non au contraire, enfin je suis plutôt rassuré qu'il ne se soit rien passé...

La brune haussa les sourcils dubitative et aspira son café bruyamment. Elle avala sa gorgée.

— Ça c'est parce que t'as pas encore vu l'état de ton cou. Annonça t-elle d'un air mitigé.

Le blond porta sa main à son cou et se leva.

— T'as un miroir ?

La brune lui indiqua du doigt la cuisine.

Il entra dans la petite pièce et tomba sur son reflet au dessus de l'évier... Qu'il aurait préféré ne pas croiser.
La peau de son cou était constellée de morsures, suçons et traces violacées en tous genres. Surtout le côté droit, pas épargnée sur un centimètre carré.
En voyant sa peau bleutée ainsi, le blond resta sans réaction. Il observa simplement ce que Rudy avait laissé comme marques de son passage, et pensa alors que la qualification de fauve lui allait comme un gant.
En passant ses doigts le longs des marques, des flash de mémoire lui revenait... Ils avaient dansé l'un contre l'autre, Rudy l'avait alors mordu pour la première fois ; et Yunes l'avait encouragé à continuer.

À ce souvenir, il se sentit bête, bête d'avoir aimé ça, bête de se retrouver la peau meurtrie par un garçon insensible et profiteur... Bête d'être tombé dans le panneau.

HEY, RUDYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant