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  La cafétéria est toujours aussi bruyante, certes, mais une absence est notable aujourd'hui ; les shadows ne sont pas venus, tous autant qu'ils sont, de toute la journée.

Et apparemment je ne suis pas la seule à le remarquer.

- Les beaux-gosses en blousons sont pas là aujourd'hui, lance Emma à côté de moi.

Je lance de nouveau un regard à leur table vide, et repose mon attention sur la salade que j'ai prise, je joue avec le bout de ma fourchette, la tête dans les nuages, toujours sous l'emprise de la drogue " Carter McColt".

- Ça nous fait des vacances, répond son amie assise à sa droite.

- Mais faut quand même avouer qu'ils sont sexy, j'ai toujours voulu coucher avec un mec avec rien d'autre qu'une veste en cuir sur le dos.

L'assemblée rit, quelle cruche celle-ci aussi, leurs quotidiens se résume à fantasmer sur des mecs, et à coucher avec d'autres, pathétique, heureusement , Stacy est une douceur au milieu de toute cette idiotie.

- On mange nous, gardez vos fantasmes pour vous, intervient ma blonde préférée.

La petite asiatique aux lèvres pleines de glosse lui tire la langue avant de reprendre ses blablatages, et celui-ci en particulier me concerne.

- Pff, y'a vraiment rien d'intéressant aujourd'hui à la cafet', même l'équipe de basket est à l'entraînement, se plaint-elle toujours.

- Je serais toi Okdalina, je serais toujours collé à Carter comme une puce, je le suivrais partout! lance Emma.

- Et bien, tu n'es pas moi , lui répondis-je simplement.

- Heureusement pour lui, ajoute Stacy.

Dean ricana et Stacy lui lança un regard tendre alors qu'il n'avait pas lève les yeux . Ah intéressant !

- C'est bizarre de voir le lycée, aussi calme et silencieux, ajoute leur autre amie.

Je relève la tête, sourcils froncés, le bruit des couverts, des plateaux qui claquent, des discussions des rires et des bruits en tout genre raisonnent dans la grande salle, elle appelle ça le calme?

- C'est vrai que c'est étrange, mais cette tranquillité me plaît à moi, répond Stacy.

Même Stacy? Sont-ils tous devenus fous?

- Non, moi l'ambiance me manque, il y avait toujours une nouvelle histoire, j'avais hâte de venir le matin! S'excite la cruche.

Je n'arrive même pas à retenir leurs prénoms, c'est incroyable, on va les appeler Emma, cruche 1 et cruche 2 , c'est mieux.

- Oh pour l'amour du ciel qui a envie de revivre ça franchement, je te jure vous êtes pas normal les filles, lance Dean en s'adressant à cruche 1 et 2 .

- Mais de quoi vous parlez ? Il se passait quoi l'année dernière ? Me décidai-je de lancer, curieuse à souhait.

- Des bagarres, des problèmes, des cris, mais surtout des bagarres! Me répond rapidement cruche 1 .

- DES bagarres? Répétai-je, comment ça, des bagarres, entre qui et qui?

Je commençais presque à rire.

- Personne ne t'en a parlé, pourtant maintenant se sont tes amis, Non? Me lance cruche 2 et je me sens comme de la provocation dans sa voix.

- Mes amis? De qui est-ce qu'on parle ?

Je regarde Stacy, elle et Dean, qui semblent être vraiment fait du même bois, baissent les yeux vers leurs plateaux, et quand une réaction comme ça apparait, c'est que je suis la seule cruche dans l'histoire en réalité, une nouvelle cruche ignorante .

- Allez y les filles, dites moi, c'est quoi cette histoire? Perdis-je patience.

- Bah c'était pas très beau l'année dernière ici, enfin au début de l'année ça allait, ensuite après je dirais , réfléchit-elle, les deux ou trois premiers mois ça a commencé à se gâter , je dirais vers, continue Emma à forcer sa mémoire .

- Mi-novembre je dirais, l'aide la cruche 1, juste après la fête.

- Oui voilà, vers mi-novembre, finit Emma.

- D'abord c'était entre les frères McColt, tu imagines ? Leurs coups résonnaient de la cour jusqu'au bout dans les couloirs, ils finissaient généralement tous les deux à l'infirmerie, voir même aux urgences, ajoute cruche 2 .

- Oui, des jours plus violents que d'autres, commente Emma, ça a dû arriver trois, quatre fois en un mois.

Je lâche ma fourchette, je suis pendue à leurs lèvres attendant la suite, mon cœur bat fort, je sens qu'il ne va pas tarder à me lâcher avec tout ce que j'entends .

- C'était très violent Okdalina... Ils, ils se cognaient dessus jusqu'à épuisement ....c'était effrayant, me glisse doucement Stacy.

- Et puis ça ne s'est pas limité à eux, quelques membres des shadows se sont aussi battue avec Carter, ensuite des mecs de l'équipe de baskette en ont tabassé d'autre en représaille, et ainsi de suite, c'était comme une espèce de guerre, que les deux côtés semblaient ravis de mener!

-Les disputes éclataient vite, et partout, dans le parking, dans la cafétéria, dans le gymnase, dans les salles de cours.

- Oh les salle de cours, intervint Emma, jamais un cours que Carter et Cameron avaient en commun ne s'était fini sans embûche.

Je reste sous le choc, alors le " c'est mieux ainsi " auquel Carter faisait référence ? C'était grave à ce point il n'en a jamais fait mention?

- Je ne sais pas par quel miracle le proviseur ne les a pas renvoyé, mais je pense que parce-que son fils était lui aussi impliqué, Noah rappliquait à la seconde ou le premier coup partait.

- Heureusement par la suite, ils ont étaient séparés, plus aucun cours en commun, plus aucune activité non plus, et apparemment le premier qui portera le prochain coup sera viré lui et tous ses amis, même si ils ne se sont pas battus avec lui!

- C'est sûrement cette menace qui les a calmé, petit à petit, ils ont réussi à passer l'un à côté de l'autre sans se taper dessus, intervient Dean .

Je suis complètement tétanisée, je ne m'attendais pas à ça, décidément plus j'en apprend plus ça m'intrigue, pourquoi tout ça? Qu'est ce qui s'est passé entre eux au juste en novembre pour que les relations entre les jumeaux se ternissent à ce point?

Je me rappelle alors cet instant dans le parking, la rancune est décidément toujours présente, Cameron était sur le point de ne faire qu'une bouchée de Kevin, alors c'est vrai c'était pour atteindre Carter? Et Carter était lui aussi, prêt à cogner son frère, visiblement la barrière est fine entre la paix et la guerre, je doute que la menace tienne longtemps. Alors que mon cerveau imagine chaque scène de ce qu'ils viennent de me raconter, une question me brûle les lèvres ;

- Mais, pourquoi? Demandis-je le regard vide.

- Ah, ma chérie, si seulement on pouvait le savoir ça! Me répond cruche 1 en posant son coude sur la table et en reposant son visage rond sur sa paume dans un soupir las.

- Les rumeurs cours toujours vite les couloirs, mais avec tout ce qui se passait et la peur que ça inspirait, personne n'a vraiment osé fouiller, c'était plus dans le genre de "fuire avant de se prendre un coup " tu vois le truc ? m'explique Emma.

Donc personne ne connaît la vérité, même pas les plus grosses commères du lycée, sauf que c'est trop tard, d'une façon ou d'une autre, je dois avoir des réponses ! Une nouvelle page s'ouvre , et un milliards de questions parcourent ma tête quotidiennement , je sens même une migraine pointer le bout de son nez, cette histoire me révulse, et je veux connaître la vérité, à tout prix.

Vos promesses : HésitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant