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     À quelques centimètres l'un de l'autre, aux portes de l'irréparable, une multitude de lumières nous éclairent, des bruits lointains semblent foncés droit vers nous, je sursaute et me recule d'un coup, la pluie a baissé mais l'eau glisse toujours sur nos peaux, Cameron me fixe le regard vide, impossible de savoir ce qu'il pense.

Très vite les bruits que j'avais reconnu aussitôt s'accompagnent de formes dans la noirceur de la rue à l'ambiance hivernale, une bonne dizaine de motos se garent une à une, et Cameron semble comme agacé , mais comme je l'ai dis rien n'est sur avec lui , je me recule de plusieurs mètres de lui, lorsque la première voix s'élève après que toutes les motos se soient garées une à une derrière celle de Cameron.

- Qu'est ce qui se passe Cam' ? Pourquoi tu n'es pas au point de rendez-vous?

Cette voix d'homme m'est tout à fait inconnue, mais je vois que Cameron ne passait pas par hasard et qu'il était censé passer devant.

- J'ai eu un contretemps, grogne la voix grave de Cameron.

Un casque se retire et je pose les yeux sur la personnes aux formes féminines sur la moto, il s'agis de Lexy , sa chevelure longue et foncée commence à s'humidifer aussitôt, elle me lance avec ses grands yeux noisettes teintés de noir sur les paupières un regard meurtrier et interrogateur à la fois, comme tout le monde d'ailleurs.

- Passez devant, je dois déposer quelqu'un avant, je vous y rejoins.

Je comprends bien vite qu'il parle de moi, soudain un vent frappe sur ma peau totalement trempée et le frisson me monte à la tête comme une décharge de panique m'attrape aux tripes, je passe vite mes pupilles de la personne qui parle à Cameron .

- Non, non je vais y aller, j'ai à faire de toute façon, balbutie-je d'une voix lointaine.

-Arrête, ne dis pas n'importe quoi , grince-t-il entre ses dents de façon à ce que les autres ne l'entendent pas.

- Cameron? L'interpelle de nouveau la voix

- Il va avec vous, m'adresse-je directement à son interlocuteur, désolée pour le petit retard, rentre bien Cameron , lui glissai-je avant de disparaître.

J'entendis ses plaintes évidement mais je m'en fou complètement, et je fuis aussi vite que possible. Je commence par marcher en vitesse, la tête ailleurs, à me repasser ce qui vient de se passer, ma respiration est erratique, je tremble comme une feuilles à cause du froid qui souffle et de mes vêtements mouillés et donc lourds, et collant à ma peau.

Qu'est ce qui vient de se passer? Qu'est ce qui m'a pris? C'est de la folie, heureusement que l'univers est intervenu, et nous a empêché d'aller au bout des choses, j'ai honte de moi, honte de nous.

Finalement, je me mets à courir, je cours en pensant à quelqu'un en particulier et mes pas prennent à eux seuls les rues, mon corps vibre d'un sentiment qui me fait me sentir horriblement mal, je suis peut-être quelqu'un de mauvais au bout du compte .

Mais une chose est sur, je sais qui je veux voir, la peur, la haine, la tristesse, il n'y a pas l'ombre d'une émotion positive dans mon être, si quelqu'un me voit ainsi, à courir totalement trempée dans les rues d'une ville totalement vide, un soir de fête, il pourrait facilement me prendre pour une folle, et je suis maintenant quasiment sur que je le suis, quel esprit saint ferait une chose pareille ?

C'est vrai que rien n'a été commis, mais je ne suis pas du genre à me voiler la face, entre Cameron et moi, il y a eu quelque chose, je ne sais pas si c'est le cas depuis plus longtemps mais ce soir plus qu'avant.

Et ce qui me tord le ventre encore plus, c'est que je serais incapable de déterminer si c'était dû à mon horrible soirée et au réconfort qu'il m'a apporté, ou plutôt à autre chose, et pour moi qui en connais un rayon sur la trahison, je sais qu'il s'agit la d'un acte innombrable. Des larmes roulent de nouveau sur mes joues, pour une toute autre raison cette fois.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule avant que je n'arrive en face de la porte, je prends une longue inspiration, j'essuie mes larmes ainsi que l'eau de la pluie qui baignent mon visage. Je frappe à la porte et les trois coups résonnent dans ma cage thoracique, j'ai besoin de le voir, ce soir plus que jamais , j'ai envie d'avoir confirmation que tout vas bien , que je fais le bon choix , je veux vivre ce soir avec lui et accueillir le nouvel an avec celui qui depuis des mois fait battre mon coeur .

J'ai besoin de me rappeler de la sensation que j'éprouve quand je suis avec lui, avant qu'une autre prenne la place . Ce n'est plus un désir, songé-je en pleurant toujours, c'est un besoin, j'ai besoin de lui ce soir.

- Okdalina? Se pétrifie-t-il en face de moi .

- Carter, je, commencé-je d'une voix tremblante, s'il te plait.

Je ne sais pas quoi dire, je n'arrive pas à relever les yeux vers lui, ma gorge est nouée et je pense être aux portes de la pneumonie.

- Mais tu es malade, qu'est-ce tu fais là? Avec ce temps? S'empresse-t-il de déblatérer en me rejoignant sur le palier dans leur immense maison.

- S'il te plaît Carter, quelles que soient les raisons de ta crise de nerf ce soir, quelles que soient les discussions que nous devons avoir, hoqueté-je en sanglotant, je t'en pris laisse ça de côté maintenant, j'ai besoin de toi.

Je m'approche de lui et me blottie dans ses bras, je sais que mon corps est froid et que ça doit être désagréable pour lui , mais ça m'est égal.

- Laisse ça de côté, ce soir, je t'en prie.

Ma phrase est un murmure désespéré, la pluie se remet à battre fort contre le sol, Carter soupire, referme ses bras sur moi, une grimace m'échappe lorsque je me rappelle dans les bras de qui j'étais il y'a quelques instants, et mon coeur se serre de nouveau.

- Arrête de pleurer, commence Carter d'une voix triste lorsque mes tremblements reprirent, aller viens rentrons, tu vas tomber gravement malade.

Je refuse encore un moment de bouger, je relève les yeux vers lui, et le scanne de haut en bas, je visite chaque parcelle de son visage, ordonnant à mon esprit de le différencier de celui que je viens de voir, mais pas besoin de trop forcé pour ça, je distingue parfaitement les jumeaux, à mes yeux se sont deux personnes totalement différentes même physiquement, et c'est justement ça qui me faisait peur .

La mine inquiète devant moi, me prouve que je dois vraiment avoir l'air étrange, voir même complètement barrée mais je m'en fout éperdument.

Dans un réflexe primaire, je me mis sur la pointe des pieds et capture ses lèvres dans un geste violemment désespéré, Carter, pris de court, prit un certain temps avant de poser les mains de part et d'autre de mon visage et d'y répondre. J'ai besoin de ressentir que c'est lui, le bon, j'ai besoin qu'il soit la seule personne que j'embrasse en ce soir si spécial, et surtout, qui sait ? Avec la discussion qu'on aura, je profite peut-être de nos derniers instants ensemble.

Alors je mets tout mon être dans ce baiser, tout mon cœur, et je le ressens comme le ferait un condamné à mort avec son dernier repas.

Vos promesses : HésitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant