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L'heure du déjeuner est arrivée, je fis un tour par mon casier pour poser mes affaires et suivre les autres vers la cafétéria, je referme donc la petite porte métallique et sursaute comme une malade lorsqu'un visage apparaît derrière.

- Espèce de gros malade! Lancé-je une main sur le cœur en reprenant mon souffle.

- Ravi de te voir aussi, murmure cette voix grave qui contre toute attente et toute morale m'a quand même manqué à travers des lèvres serrées entre lesquelles un cure-dent est coincé.

- Qu'est ce que tu veux Cameron ? Dis-je en m'avançant le long du couloir.

Il me suit au pas, quelques regards se braquent sur nous, je suis mal à l'aise en sa présence, n'importe qui pourrait nous voir et en parler à Carter et ce n'est pas comme ça qu'il doit l'apprendre.

- Il faut que je te parle Okdalina, ajoute-t-il la mâchoire serrée, c'est important, lance-t-il, faisant bouger nerveusement le morceau de bois entre ses lèvres.

Sa voix est au maximum du sérieux, son regard balaie les vagues d'élèves qui pour la plupart s'écartent presque de son chemin et fuient son regard pourtant inexpressif. Il pose ensuite son regard inquiet sur moi, ses iris dangereuses me foudroient comme à chaque fois qu'elles se posent sur moi, un flash de souvenirs me monte, ce qu'on a fait, ou du moin ce qu'on a failli faire, je ne ferais jamais ce qu'a fait mon père, la tromperie est un terme vaste, il ne suffit pas de coucher avec quelqu'un pour dire " Tromper " .

Un baiser, c'est tromper
Une compagnie romantique , c'est tromper.
Un frisson comme celui que je ressens lorsque son bras effleure mon épaule dans notre démarche, c'est aussi tromper.

Tout ce qui peut être accompagné de culpabilité, c'est tromper, du moins pour moi . Et que les ressenties et les sensations du corps et les hermones aillent se faire foutre, j'ai fais mon choix, je me refuse de ressentir quoi que ce soit pour Cameron, Carter me comble, c'est lui qui a pris mon cœur, et je ne joue pas sur deux tableaux.

- Stop! Lancé-je en me bloquant net.

Cameron fit de même, je jette un oeil à travers le couloir des salles vides, et ouvre la première que je trouve, je me retourne alors vers le biker qui semble avoir les pieds cloués au sol et lui fis un signe de la tête, et finalement dans un soupire il retire le cure-dent de sa bouche et le garde entre ses doigts tout en avançant vers la classe, dès qu'il fut à l'intérieur je la referme violemment, prend une longue inspiration et me retourne.

- Avant que tu ne le vois par toi-même je voulais que tu saches que...

- Non non, l'arrêté-je en projetant ma main en avant, c'est toi qui va m'écouter cette fois!

- Je suis pas là pour une leçon de morale Okdalina, je suis juste venu te prévenir...

- Tu peux pas la fermer et m'écouter pour une fois, bordel Cameron, juste un seul fois ferme la et écoute ! S'il te plait.

Après cette phrase ou je hausse le ton,il se fige, net, il fronce les sourcils comme il le fait quand il réfléchit puis, il s'assoit légèrement sur une table derrière lui, lentement il repose la fine tige de bois entre ses lèvres et croise ses bras sur son torse couvert pas la matière habituelle, dans une posture qui dirait « je t'écoute » mais avec une mine un peu amusée .

- Cameron, je ne suis pas du genre à mettre la faute sur les autres, j'assume toujours ce que je fais, même quand c'est mal, commencé-je doucement, comme dans ce cas, j'ai merdé violemment merdé, je ne sais pas pour quelle raison je ne peux pas te détester, mais ça doit s'arrêter là , ce jour la, enfin cette nuit la, heum, l'autre fois, enfin tu sais...

- Ouai je vois très bien, lâche-t-il neutre et sérieusement attentif .

Je ne sais pas pourquoi il réagit comme ça, mais ça ne me plait pas, ne te dégonfle pas Okdalina! Il faut que se soit claire.

- Et bien, ça n'aurait pas du arriver, et si tu estimes que c'est ma faute, j'en suis désolée ça ne se reproduira plus, et je te demande de t'en tenir à ça toi aussi, parce-que c'était un acte immoral et stupide, et ce n'est pas de mes habitudes.

- Ah tu veux dire que ce sont les miennes, lance-t-il en haussant les sourcils.

J'ouvre grand la bouche, paniquée, ce n'est pas ce que je voulais exprimer.

- Non, c'est pas, je voulais pas dire ça, c'est, juste, je...

- Ça va, me stoppe-t-il en se redressant, pète un coup, j'ai pigé, ajoute-t-il d'un ton blasé sans me regarder, et dis moi, c'est quoi le but ? Où est-ce que tu veux en venir? Finit-il en faisant un pas en avant et en posant son regard sur moi .

Ses pupilles caramels me détaillent je n'aime pas quand il me regarde ainsi, c'est comme si tout ce que je pensais apparaissait sur mon front en grosses lettres et qu'il pouvait le lire. Mal à l'aise, sans réellement savoir pourquoi, alors que pour la toute première fois il me semble que je fais ce qui est juste, je sautille d'un pied à un autre et joue de la bretelle de mon sac.

- Le but, Cameron, c'est que...

Il fait un pas de plus, et ma poitrine se compresse, l'air se ratifie, mon cœur n'est plus qu'un tambourin dans une soirée de tribus agitées , il me fixe de son regard de félin, attendant que je flanche, ou au contraire que je tranche.

- C'est que....

- C'est que quoi Okdalina ? Ajoute-t-il tout bas en continuant à avancer.

De nouveau à une proximité dangereuse je mets en alerte, ça suffit, il faut que ça s'arrête.

- Cameron, je ne veux plus qu'on se parle, je ne veux plus qu'on soit ni amis, ni plus que ça, ni moins, je veux qu'on s'ignore comme si on ne s'était jamais connu, je suis désolée , déballé-je à la vitesse de la lumière pour ne pas me dégonfler.

Je relève alors les yeux vers lui, et ce fut le désert, rien, aucune émotion, pas même l'ombre d'une petite once de déception, je ne m'y attendais pas .

- Heu , c'est, c'est ce que je voulais te dire , marmonné-je gênée au plus haut point.

J'ai l'impression de retomber en enfance, au point de dire à quelqu'un de ne plus t'adresser la parole, mais j'essaye juste d'être correcte, et je ne trouve pas d'autres solutions .

Il relève sa main, lentement , et dans un geste inattendu il chope une longue mèche de mes cheveux qui dépassait et la cale derrière mon oreille, toujours ses yeux vides vissés aux miens.

- Tout ça pour lui? Hein? murmure-t-il en laissant retomber sa main .

Cette phrase claque dans le silence de la salle, mes sourcils se froncent, il a le don de me mettre dans tous mes états plus vite que n'importe qui d'autre.

- Oui évidemment, lancé-je sur la défensive en faisant un pas en arrière, je t'interdis de dire ce genre de chose ! On ne ressent peut-être pas la même chose, peut-être que je me fais des films, mais je suis en couple, et je me sens coupable rien que d'éprouver .... je ne sais même pas ce que c'est ça ! Dis-je hors de moi en montrant la distance entre nous , je suis désolée, mais c'est mieux pour tout le monde .

Avec ma dernière phrase sa mine neutre s'effrite, comme un masque qui commencerait à fondre, je vois à travers une émotion qui me compresse le coeur, une boule d'angoisse me chope à la gorge , et lorsqu'il esquisse un sourire plus triste que des larmes mon ventre se révulse, pourquoi ça me fait cet effet la? Et pourquoi ça lui faire à lui aussi cet effet?

Il ouvre la bouche, puis la referme, voir Cameron ainsi, perdre ses mots, pour la première fois était un sentiment des plus étrange, je m'efforce de garder la face mais face à sa détresse j'ai l'impression de passer sous un camion, c'est horrible.

- Au revoir, Okdalina.

Il me contourne, je me recule de la porte qu'il ouvre sans me regarder après avoir jeté son cure-dents d'un geste nerveux à l'autre bout de la salle. Dès que la porte claqua, et raisonna , le silence m'attaqua, et mes sentiments prirent le dessus.

Bordel Okdalina, tu as fait ce qu'il fallait.Mais si c'est réellement le cas, pourquoi toute cette hésitation ? Et surtout pourquoi j'ai si mal ? C'est insensé ! C'est n'importe quoi, pensai-je en laissant rouler une larme sur ma joue.

Vos promesses : HésitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant