Vos promesses : Hésitation

78 :

   Je me rince le visage une troisième fois et essuie tout les résidus de maquillages, je pose les yeux sur mon reflet, mes cheveux sont en guerre avec mon front, mon teint vire au bleu à cause du froid et de la fatigue, cette soirée m'a littéralement vidé, mes yeux et mon nez ont doublé de volume tant je les ai irrité en pleurant.

Ah bah dit donc , bonne année Okdalina ! Je soupire bruyamment , mon souffle résonne dans la petite salle qui sert de toilette à ce bar, que par miracle, Kate, Alison et moi avons trouvé ouvert au centre ville.

Je m'agrippe des deux mains au bord du lavabo et baisse la tête, et maintenant? Qu'est ce que je fais? Devrais-je l'appeler? Ou le laisser se reposer, se calmer et revoir tout ça avec lui demain? Voudra-t-il me parler demain? Ai-je fait ou dit quelque chose qui aurait pu le mettre dans cet état? Ah , le jour où je n'aurai aucune question en tête, ce sera la fin du monde!

Perdue dans mes pensées je n'ai pas entendu l'une des cabines s'ouvrir, jusqu'à ce qu'une jeune femme ne tousse timidement derrière moi.

- Oh désolée, grommelé-je en me poussant sur le côté pour libérer l'accès au lavabo.

La jeune femme , à vue d'oeil un peu plus âgée que moi me sourit poliment et entreprend de se laver les mains, elle relève les yeux dans le miroir, je note seulement qu'elle était très belle avec ses cheveux carré et lisse.

- Dur soirée hein? Lance-t-elle d'un ton compatissant.

- C'est le cas de le dire , soupiré-je dans un rire sans joie, j'ai connu mieux.

Elle s'essuie les mains et en se retournant vers moi elle ajoute.

- Alors heureusement que demain débute une toute nouvelle année, me sourit-elle d'un air bienveillant avant de sortir.

Je souris, elle n'a pas tord, je soupire de nouveau, et sors aussi des sanitaires pour retrouver ma place sur les chaises hautes au bout du long comptoire de ce petit bar.

- Hey, ça va mieux? Commence Kate quand je me réinstalle à ma place entre les deux chaises.

- Oui, beaucoup mieux , soupiré-je, merci de rester avec moi les filles, je sais qu'il y a vraiment mieux comme soirée du nouvel an.

- Oh , ne dit pas ça, on a pas non plus l'esprit à faire la fête, honnêtement , me répondit Alison en remuant le liquide ambré au fond de son verre.

Je soupire, il faut croire que je ne suis bonne qu'à ça, ce soir.

- Je suis vraiment désolée Okdalina , je m'en veux tellement, commence Kate elle aussi dans un soupir, tout ça est de ma faute.

- Ne sois pas ridicule, en quoi ce serait ta faute ? Roulé-je des yeux persuadée qu'elle tente encore de me consolée.

- Je n'aurai jamais dû proposer d'aller à cette fête, ajoute-t-elle un regard navré, je croyais que Noah exagérait , mais après avoir vu la réaction de Carter j'ai compris qu'il avait raison, finit-t-elle en baissant le regard , Il est encore tôt .

- Tôt , pourquoi exactement? Demandé-je les sourcils froncés.

- Et bien pour une soirée chez Clay, j'étais contre aussi, ajoute Alison, on aurait jamais dû.

Une bouffée de chaleur me traverse , et revoilà cette sensation désagréable qui m'accompagne à longueur de journée ; l'ignorance. Être nouvelle quelque part inclut de ne pas tout savoir certes, mais j'aimerai en moin être un minimum informée , histoire d'éviter les situations de ce genre.

- Et pourquoi il serait trop tôt pour une soirée chez ce "Clay" au juste? Murmuré-je frustrée au plus au point.

Les filles échangent un regard à tendance paniquée , et ma gorge se sert, j'avais raison, bien-sûr, il y avait quelque chose que j'ignorais.

- Tu ne sais pas hein? Me demande lentement Kate en plissant un œil.

- Savoir quoi !? M'impatienté-je à bout de force.

- Hum, pour tout te dire Okdalina, commence Alison mal à l'aise, je doute que ce soit toi le réel problème de Carter ce soir.

- Nous n'aurions pas dû le ramener ici d'aussi tôt, un an ce n'est pas assez pour oublier je suppose, balbutie Kate encore plus mal à l'aise.

Ma tête pivote à tour de rôle de l'une à l'autre en fonction de celle qui prend la parole, je dois donner l'impression d'être folle, mais je ne sais plus ce que je fais, à l'heure actuelle.

- Un an pour oublier quoi? Ajoutai-je d'une voix lointaine comme prise de vertiges .

- Tu te rappelles de l'histoire avec Kylie et Cameron ? Fit Kate en relevant son minois moucheté vers moi .

- Comment oublier, murmuré-je en la fixant accrochée à ses lèvres attendant une suite que je devine déjà.

- Et bien, Carter a surpris Kylie et son frère à l'une des soirées de Clay, organisée au milieu du mois de novembre , pour fêter Thanksgiving entre potes après l'avoir fêter en famille, m'explique Kate en déglutissant à chaque fin de phrase, du moin c'était l'excuse de Clay pour l'organiser ce jour la.

Ma tête m'envoie une décharge de douleur , est-ce possible de faire court-circuiter le cerveau de quelqu'un? Parce-que j'ai comme l'impression que de la fumée va se mettre à me sortir par tous les orifices, alors, si j'ai bien compris, la fameuse histoire , s'est déroulée à une soirée comme celle-ci ?

Et Carter était de nouveau avec elle, pataugeant et se battant bec et ongle contre un souvenir, un fantôme, une lointaine époque. Je pose mes coudes sur le comptoir, et cale ma tête entre mes mains .

- Okdalina , le point positif c'est que tu n'as rien fais de mal, a commencé Alison, il essaye juste encore de se débarrasser du virus Kylie.

- Il a l'air vraiment loin du chemin de la guérison , lancé-je en repensant à sa réaction, aux coups qu'il a infligés à ce pauvre type, à ces cris, à sa haine et son chagrin, comment peut-on revivre d'anciennes émotions aussi fort?

Une seule réponse possible, Carter n'a jamais cessé de les ressentir, il n'a jamais cessé d'être en colère contre son frère, il n'a jamais cessé de ressentir cette trahison, car au fond, il n'a jamais cessé de l'aimer, elle.

Je me lève d'un bon de mon siége, s'en est trop, j'arrête , je rend les armes, je ne veux plus rien entendre ce soir, rien du tout.

- Okdalina mais où tu vas ? Attends, tente Kate en se levant aussi.

- Non, répondis-je fermement en pivotant brusquement vers elles , je vous ai assez pourris votre soirée, rentez je veux marcher, seule, s'ils vous plaît, fini-je dans un murmure mais tout de même d'une sincérité qu'elles semblent saisir car même si leurs regards protestent, elles me laissent partir . Je tourne les talons, sors de ce bar pour rencontrer l'air froid qui pour une fois me fait un bien fou au lieu de me faire du mal, comme en surchauffe intérieure mon corps se relâche au contacte de cette douce douleur sur ma peau.

J'arpente les rues de la villes, des bruits de fond me parviennent depuis les maisons et autres petits bars , des chants , des rires, mais moi tout ce que j'entend, ce sont les voix dans ma tête, et les incertitudes qu'elles me murmurent quotidiennement se multiplient en cette soirée heureuse pour tout le monde, sauf pour nous .