Vos promesses : Hésitation

47 :

Le vent est frais, sur ce petit ponton de bois ou Carter et moi sommes debout, face à nous, le lac s'étend à perte de vue, un soleil très mince caresse le ciel au loin, alors que le temps est gris et terne.

Habillée plus chaudement qu'il le faudrait, un frisson me traverse quand même, et je doute qu'il s'agisse du froid, un regard furtif vers la carrure imposante à mes côtés, et mes tripes se serrent et se contractent.

J'ai pris une forte et longue inspiration, c'est moi qui ai insisté pour que nous sortions tous les deux après les cours, justement pour lui parler, voyant que mon état s'était beaucoup amélioré et que j'étais totalement rétablie, il a accepté.

- Carter, murmuré-je après avoir rassemblé toute l'énergie et le courage dont je disposais.

- Oui? Me répond-t-il d'une voix légère, sûrement loin de se douter du sujet que je vais aborder.

- Parle moi de Kylie.

Ma phrase sort sans vraiment que je l'analyse, de peur que si j'y pense trop je me dégonfle, je n'ai pas l'habitude de fouiner ainsi, Carter est la première personne qui m'intéresse autant, et je pense qu'elle manque légèrement de tacte, mais tout de même, c'est dit!

Sa mâchoire se contracte instantanément, ses doigts se resserrent sur les fins barreaux qui entourent le ponton.

- D'où tiens tu ce prénom? Lanche-t-il sans me regarder.

Je fixe son profil, je n'ai même plus l'impression de parler à Carter, son regard pointé vers l'horizon, mais son esprit va sûrement bien plus loin encore.

- Ça n'a pas d'importance ça , ce n'est pas faux, elle existe n'est-ce pas? Lui répondis-je en me tournant complètement vers lui.

- Oui, lâche-t-il amer.

Je sens que l'étau se resserre autour de moi, il est comme une bombe, il ne fait que retenir ses nerfs.

- Et, tu ne veux rien me dire à son sujet?

Mon ton est doux , je tente plus sur le côté de la confidence que celui de l'interrogatoire.

Un silence s'installe, et s'éternise , je croyais avoir perdue le file, lorsque les lèvres de Carter laissent échapper un soupire à fendre l'âme, et ajoute :

- Que veux-tu savoir?

Il répond aussi calmement que possible, mais il répond et c'est déjà bon signe, mais il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas voir à quel point le sujet lui lacère les lèvres.

- Et bien pour commencer qui était-elle? Tais-je doucement.

- Une fille, du lycée, qui appartient aujourd'hui au passé.

Ses réponses sont très évasives, mais je ne me décourage pas pour autant.

-Qui était-elle .... Pour toi?

Ma question est risquée, je sais, mais après tout c'est le plus important, et j'espère de lui, une honnêteté et une franchise totale.

- Elle , soupire-t-il en marquant un temps d'arrêt, c'était, c'était ma petite amie à une époque, et..

- Et? L'encouragai-je

- Et quoi ? Tu veux que je te dise je l'ai aimé Okdalina, c'est ce que tu voulais entendre? Hausse-t-il le ton apparemment piqué au vif.

Aii, ça fait mal, d'abord l'entendre dire qu'il l'aimait même si je m'y attendais, ensuite passer de Trésor a Okdalina n'est jamais bon signe, jamais!