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Allongée, sur le dos, le plafond ne fait que tourner au-dessus de ma tête, le bruit infernal qui règne ici passe en second plan, la dizaine de shots que je viens de m'envoyer, ainsi que les quelques taffes du joint qui tourne y sont sûrement pour quelque chose .

J'entend vaguement des rires, alors je ris aussi , je m'esclaffe sans raison, je ne sais même pas de quoi ils rient, peut-être même rient-ils de moi? Moi je ris souvent de moi-même en ce moment. La table sur laquelle je m'étais vautrée me fait mal au dos, le bois n'est pas quelque chose de très confortable. À noter pour la prochaine fois . Je me redresse, et la pièce se redresse avec moi, et fit même plusieurs tours toute seul, mes yeux sont mi-clos, mes articulations sont douloureuses, mais en moin mon cerveau est vide, léger, ça m'empêche de trop réfléchir, ou du moin de ne pas trop avoir mal quand c'est le cas.

Deux semaines, deux putains de semaines que je n'ai pas mis les pieds ailleurs qu'à des endroits où mes nouveaux meilleurs amis sont présents c'est à dire - Weed et Alcool - , je longe le couloir de cette maison que je vais finir par qualifié de mienne en vue des nombreuses fois ou je suis venu, les soirées de Clay sont parfois chiantes à mourir, mais grâce aux toxicos du lycée on ne manque jamais de rien .

- Une taff okda'? Me lance Don ou Dan ou je ne sais plus comment il s'appelle en me tendant le joint .

Je fis non de la tête, je l'ai presque entièrement sifflé seul, je suis assez à l'ouest comme ça. Je balance mes cheveux en arrière, ils me gênent tellement, je titube jusqu'à l'arrière de la maison, mes bottines noirs claquent durement sur le sol, à peine sortie, l'air frais me percute, il ne fait plus du tout froid depuis un moment, ou peut-être que mon corp ne sent plus rien? Face au grand bassin de la piscine, une seule idée, une seule drôle d'envie que je ne tarde pas à assouvir. Je plonge mon regard au fond du bassin, debout comme une zombie, je scrute l'eau qui bouge en vaguelettes au rythme de quelques imbéciles qui y plongent leurs pieds .

Je me rappel du lac, de l'eau qui était si belle, des jours heureux, et ensuite je croise mon reflet, c'est ça, je ne suis rien d'autre qu'un reflet, une image, triste et hideuse, je ne suis qu'une épave, et si ce n'est me foutre en l'air, je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus comment vivre, je ne suis pas sûr de savoir qui je suis, un mensonge peut-il détruire vos vies à tout jamais? Je crois que oui.

Je retire ma première chaussure, puis le deuxièmement, ensuite mes chaussettes, et abandonne tout sur la bordure avant de me tourner et de me jeter dans le bassin froid, mon dos percute en premier la surface froide, faisant naître en moi un frisson vivifiant , mais je ne cille pas, et avec l'impact je coule sous la surface, je libère l'air que contiennent mes poumons à assiste à cette douce asphyxie que je ressens. Que doit-il faire actuellement? Raconter ses exploits aux garçons dans les vestiaires ? Leur dire à quel point j'ai été facile à berner, leur expliquer la façon dont il a agrandi son tableau de chasse, dont il a récupéré l'amour de sa vie?

Oh, comme je m'en fous, de plus en plus, de jour en jour, peut-être grâce à la fumette mais aucun scénario ne me blesse ou me gêne, seulement un goût amer au fin fond de la gorge. Je remonte à la surface et tousse à en cracher mes poumons, je me hisse et un vent frais souffle sur la robe noir maintenant collée à ma peau, je tremble soudain de froid. Je chope mes chaussures, avance dans le couloir dégoulinante comme une algue , et jette un œil à l'horloge murale qui affiche 3h40 du matin . Je mis le cape vers la sortie , j'étais trop stone pour parler à qui que ce soit malgré les réflexions qui fusent quand je passe, ni même pour demander à quelqu'un de me ramener, je décide de marcher, histoire de reprendre un peu conscience avant d'entrer à la maison, il faut dire que la piscine m'a quand même ramené à moi. Je marche dans les rues sombres de la ville, pieds nus, les godasses à la main, les bras serrés contre mon corps encore trempé, je pense que je vais tomber malade, je dis toujours ça, mais je n'en fais rien.

Vos promesses : HésitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant