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Mon café devenu froid, je décide de le jeter en pivotant vers la poubelle fixée au poteau a ma droite avec une mine dégoûtée. Lorsque je me remet droite , je vois que Cameron me fixe, d'un regard scrutateur.

- A cause de vous mon café n'a pas eu l'effet attendu, je suis toujours aussi claquée , soupirai-je en me frottant le front.

- Vous? Répète-t-il en penchant la tête.

- Oui, vous, votre espèce de secte ou je ne sais pas ce que vous êtes, lui répondis-je en balbutiant.

- C'est un peu plus compliqué que ça , enfaite nous somme une sorte secte oui certe fidèles à Satan, mais pas fanatic non plus, et pour tout te dire, commença-t-il d'une voix neutre, si je te parle aujourd'hui, dit-il en posant des yeux plus que sérieux sur moi, c'est pour te demander d'accepter d'être à la prochaine cérémonie ! Fini-t-il de sa voix grave en me fixant intensément.

Je souris, quel con !

Mais ses yeux restent sérieux et le silence qui suit commence à me filer la trouille, alors j'ajoute :

- Quoi ? Cérémonie ? Lancé-je crispée face à son silence alors que mon sourire du début s'évapore et un froncement de sourcils accompagne l'équarquillement de mes yeux, j'ouvre la bouche face à son mutisme persistant mais rien n'en sort.

Après plusieurs secondes la mine sérieuse de Cameron vibre et je crois rêver lorsque ses pommettes se redressent et ses fossettes séparent ses joues en deux.

- Putain, c'est si facile de se payer ta tronche, pouffe-t-il dans un léger rire faisant vibrer ses épaules.

Face à ma stupidité, je ris aussi, et lui envoi mon poing sur l'épaule, pouvant enfin respirer tranquillement.

- Espèce de connard ça vas pas me faire un coup pareille avec ta tête de serial killer en prime, ris-je en retirant un cheveux qui s'était infiltré entre mes lèvres lorsque je le frappais.

Cameron se remet droit et pose ses bras le long du dossier du banc, faisant presque sa taille, son bras passant derrière mon dos.

- Alors, vous n'êtes pas un gang non plus? Lancé-je incertaine lorsque l'euphorie s'estompe.

Cameron pose sur moi un regard vide, et se détourne de nouveau pour regarder devant, il inspire bruyamment par le nez et ne dit plus rien.

Ok, je vois.

Le silence qui suit commence à se faire gênant, le froid semble s'intensifier avec la tombée de nuit hâtive en cette sombre saison, je décide alors de m'en aller .

- Bon , je devrais...

- Tu es douée pour les cadeaux, Okdalina?

Sa voix est un murmure, une invitation à une discussion d'une douceur inhabituelle avec lui après qu'il ai certainement remarqué mes sacs , c'est pourquoi j'hésite un instant avant de répondre.

- Je ne sais pas, à vrai dire jusqu'à présent je n'en ai offert qu'a ma famille , commencé-je en réfléchissant à sa question , ça semblait leur plaire, penché-je la tête en regardant dans le vide me rappelant leur réactions au déballage, mais je suppose que si ça n'avait pas été le cas, personne ne l'aurait dit alors, je ne sais pas, finis-je en relevant le regard vers lui rencontrant ainsi ses pupilles .

- Tu as sans doute raison, répondit-il un micro sourire au coin des lèvres.

- Et toi alors? Sais-tu combler les autres? Lui souriais-je.

Ses yeux se baladent sur mon visage, très longtemps, trop longtemps! Ses regards ne perdent pas d'intensité avec le temps, derrière cette couche de sils glissent une chose que je n'arrive toujours pas à saisir.

- Je crois que oui, susurre-t-il lentement en continuant sa danse visuelle sur moi.

Un regard peut-il nous toucher? Car je pense sentir les prunelles de Cameron rouler sur chaque trait de mon visage. Et voilà, de nouveau une discussion qui commence dans une légèreté inouïe pour ensuite se transformer en vraie source de pression émotionnelle.

- Du moins si comme moi, la personne accorde plus de valeur à la signification des choses, plutôt qu'a leurs prix, commence-t-il en reprenant une voix moins lente qu'au départ mais au timbre tout aussi grave, dans ce cas là, oui je sais combler les autres, ajoute-t-il comme réponse.

Je baisse les yeux un instant histoire de comprendre vers quoi tendait l'ambiance, en tout cas ce qu'il dit est vraiment vrai, je pars toujours du principe qu'un cadeau symbolique et significatif vaut plus que n'importe quel bijoux précieux. Lorsque je relève les yeux, Cameron me fixe toujours, ça devient pesant .

Il est là face à moi, et une réflexion me frappe, il y a quelques semaines de ça, je ne pouvais pas le sentir, je pense le détester toujours autant, mais une partie, même infime de moi, refuse de suivre dans cette direction . Il y'a eu la méfiance, la peur, l'intrigue puis la haine et l'agacement , et aujourd'hui je ne sais plus quoi en penser , je n'arrive plus a voir le mal qui jadis semblait jaillir de tout ses pores, il n'y a plus d'aura maléfique, ou de frissons d'effroi.

Pourtant , comme une pomme magnifiquement rouge, rongé par des verres, je sais que sous ce visage parfait le mal est caché , une méchanceté profonde , de l'égoïsme qui ont généré tristesse, haine, rancune et plus beaucoup d'autres choses encore et tout ça sans que l'ombre d'un regret ne plane sur ses traits d'une beauté brute.

Alors si je sais tout ça, pourquoi la lame de la haine ne se met-elle pas à me lacérer la poitrine lorsqu'il est prêt de moi?

- A quoi tu penses ? Murmure-t-il d'une voix à peine audible, tellement basse que je met en doute son existence, en retirant ses bras de leurs position initiale pour se retourner complètement vers moi, me fixant ainsi légèrement vers le bas et ceux même si nous sommes toujours assis.

Mon cœur bute contre ma poitrine, je ne saurai dire pourquoi, mais mon esprit , suite à ce sentiment que je viens de ressentir en relevant la tête vers lui , se met en alerte, générale. Je le fixe aussi intensément que lui n'a eu de cesse de le faire, plonger dans son regard à la fois effrayant et attirant n'est pas chose facile, ses prunelles semblent prendre feu, cette proximité me permet de voir pour la première fois, que ses pupilles sont légèrement plus claires que celles de Carter.

Carter ! Grand Dieu qu'est ce que je fais, suis-je devenue dingue? S'en est trop !

Je me lève d'un bon, et bafouille toutes sortes de phrases incohérentes pour m'excuser, choppe tout mes sacs à la hâte, et me retourne prête à contourner le banc et à m'en aller aussi vite que possible, je l'entendis se lever, mais j'accélère et m'éloigne de ça, de cette situation , de lui...

Vos promesses : HésitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant