« Chapitre 27 : Post-Keynésianisme »

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S'il y a bien une chose qui ne m'avait pas manquée pendant ma petite semaine de récupération, c'étaient les cours de macroéconomie.

J'ai essayé de rattraper mon retard chez moi en travaillant sur les cours qu'Isiah m'avait passés, mais quand je me retrouve assise en amphi à côté de lui ce matin, force est de constater que je ne comprends qu'une phrase sur cinq de ce que le prof raconte.

- C'est censé être quoi, ce post-keynésianisme? je demande à voix basse à Isiah tout en continuant de prendre machinalement des notes. Vous l'avez fait quand j'étais pas là?

- C'était au programme de l'année dernière, ici. Mais peut-être qu'à Londres, vous ne l'avez pas traité.

- Super... je soupire en pensant déjà à tout le temps que je vais devoir passer à chercher des informations sur le sujet sur des blogs obscures de l'internet.

- Je peux t'expliquer plus tard, si tu veux. Ou tu peux demander à Michael, aussi, il sait sûrement ce que c'est.

Je manque de m'étouffer avec l'air de mes poumons. Attends, quoi?

Isiah fait tout à coup mine d'être complètement scotché aux paroles du prof, mais un petit sourire en coin le trahit.

- Pourquoi est-ce que tu penses que j'irais voir monsieur Gray pour un truc comme ça?

- Je sais pas, juste comme ça.

Son sourire dit tout l'inverse, mais n'ayant pas envie que les autres étudiants assis pas trop loin de nous soient en mesure de sortir le pop corn pour suivre notre conversation, je prends sur moi et décide d'attendre la fin du cours pour le questionner davantage.

Inutile de préciser que pendant le reste de l'heure, je passe plus de temps à penser à monsieur Gray qu'autre chose. Voilà c'est donc ça ma vie? J'ai l'impression d'être de nouveau au collège, quand je croyais que j'étais tombée corps et âme amoureuse de Matthew, un des garçons les plus populaires de ma classe.

(Rien ne s'est jamais passé avec Matthew, au passage. Tous mes rêves de «et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants» se sont envolés d'un coup quand j'ai appris qu'il s'amusait à écraser des grenouilles pendant la récré avec des amis. Non mais sérieusement, qui fait ça? Une petite partie de moi ne s'est toujours pas remise de cette désillusion.)

Lorsque le prof nous lâche à la fin du cours, Isiah joue encore la fausse innocence pendant environ dix secondes, puis soupire dramatiquement tout en rangeant son ordinateur dans son sac.

- Bon, puisque tu me l'as demandé aussi gentiment... Michael m'a demandé de te garder à l'oeil, à cause de ta récente chute de la voiture, et il m'a donné toute une liste de symptômes à repérer, où genre si tout à coup tu as l'air un peu désorientée - encore plus que d'habitude, je veux dire -, je dois appeler les urgences et tout. Il y avait quoi... ouais, t'es pas sortie de l'auberge, avec moi... euh, le machin de la désorientation, si tout à coup tu te mets à vomir, si tu marches pas droit, qu'est-ce qu'il y a d'autre...

- Isiah, dis-je pour le faire aller au point avant qu'il ne change de sujet.

- Enfin bref, tout un machin quoi. Et... bon, tu me diras si je tire des conclusions hâtives, mais me donner à moi des directives comme ça, à suivre point par point... Non, Michael ne fait plus ça depuis longtemps, il sait que je contrôle toujours la situation - quoi, ne me regarde pas comme ça, c'est vrai! Et du coup... je sais pas, disons que ça me fait penser que peut-être il y a quelque chose entre...

- D'accord, j'ai compris! je m'exclame un peu brusquement avant qu'il n'ait le temps de terminer sa phrase. Mais je peux te rassurer, peu importe ce que tu penses qu'il y a, ça n'existe pas.

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant