« Chapitre 62 : Birkin »

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   Michael avait raison.

   Quand je suis allée au travail le lendemain matin, Charlotte est venue, comme elle l'avait prévu, avec de longues minutes de retard. Et c'est quand elle est allée me retrouver dans le local de stockage où j'étais en train de faire l'inventaire des pâtes Barilla pour me dire salut et s'excuser de son petit contre temps que j'ai compris qu'il y avait un truc louche quelque part.

   J'ai essayé de passer la matinée à ranger les pâtes dans le rayon sans penser à Charlotte, ni à Michael, ni à Charlotte et Michael, mais c'était peine perdue. Lorsque midi et demi arrive - l'heure de la fermeture de midi qui dure jusqu'à 13 heures et demi, je n'ai pas avancé autant dans mon rangement que prévu.

   Comme tous les midis, je me retrouve assise derrière la caisse, à manger généralement les restes de ce que mes parents ont préparé pour le repas du soir de la veille. Aujourd'hui, mon tupperware est rempli d'un mélange de taboulé et de salade. Malheureusement pour moi, il y a des raisins secs qui flottent dans cette composition et je passe un temps excessivement trop conséquent à essayer de ne pas ingurgiter par erreur ces abominations.

   Cela ne me dérange pas que de devoir manger seule comme ça tous les jours. Bon, c'est sûr que c'était mieux avant quand il y avait Ioulia, mais au moins, c'est au moins une heure durant laquelle je n'entends ni les portes du magasin s'ouvrir avec ce petit grincement caractéristique qui est juste assez peu fort pour que les clients ne le remarquent probablement pas, mais qui quand on sait qu'il existe, est tout ce que l'on peut encore entendre, ni le BIP, BIP du scanner à la caisse. Une heure de paradis, quoi.

   Mais aujourd'hui, le paradis ferme ses portes plus tôt. Ou plutôt, c'est quand j'entends la porte du magasin s'ouvrir malgré le petit panneau FERME que j'ai retourné juste avant que je me rends compte que ma paix ne sera que de courte durée. Il n'est qu'une heure moins dix, donc soit il s'agit d'un client qui pense que respecter les horaires d'ouverture, c'est pour les faibles, soit c'est Patrick ou encore Charlotte et...

- Tu es super déprimante à rester ici toute seule, Linn, soupire Charlotte en s'asseyant sur un tabouret qu'elle vient de ramener près de la caisse.

   Elle pose son sac à main sur ses genoux - un immense machin brun clair que je sais être un Birkin de la marque Hermès depuis le premier jour où Charlotte travaille ici, jour où elle a menacé Patrick de porter plainte s'il n'installait pas de casiers quelque part pour qu'elle puisse y ranger en sécurité son Birkin pendant qu'elle travaille. 

   Par curiosité, j'ai bien évidemment cherché le prix d'un tel machin sur internet. Il faut compter au minimum 5.900£ pour un neuf. Au minimum

   Elle ouvre son sac et en sort deux petites boîtes rose pâle, dont elle en fait glisser une sur le comptoir vers ma direction.

- Tiens, je t'ai fait une petite sélection de mes préférés, dis-moi lesquels tu aimes le plus.

   Je pose mon tupperware et soulève le couvercle de la petite boîte. Quatre pralinés qui ont l'air si élaborés qu'ils coûtent probablement un demi-Birkin chacun reposent à l'intérieur.

- Charlotte, il fallait pas, je...

- Mon préféré-préféré, c'est le deuxième. Crème de menthe, il s'appelle. En liqueur, j'aime pas du tout, mais là...

   Comme pour illustrer son propos, elle ne fait qu'une bouchée du praliné numéro deux de sa propre boite. J'hésite un instant avant de faire de même.

   Ce n'est pas mauvais du tout. Du tout du tout!

- C'est super bon! Merci, Charlotte, mais il ne fallait vraiment pas...

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant