« Chapitre 48 : Bébé Charlie »

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- Je vais juste aller chercher de l'essence avant, me dit Michael au moment où je mets ma ceinture.

   Assise à l'avant dans sa voiture tout en essayant de ne pas trop froisser ma robe bordeaux sous la ceinture, je jette un coup d'œil au niveau d'essence. Et en effet : c'est dans le rouge. Dans le très rouge. Il doit rester un demi-centilitre d'essence dans le réservoir, à tout casser.

- Tu vis dangereusement, toi, dis-je tandis que la voiture se met en marche. 

   Il n'ajoute rien, mais je vois un minuscule sourire en coin se dessiner sur son visage.

   Par chance, nous arrivons à rejoindre la station service avant que la voiture ne rende l'âme et une fois ce petit crochet de fait, c'est direction l'église. Sur le trajet, je raconte à Michael comment Olivia m'a aidé ce matin à coiffer mes cheveux à l'aide d'un tuto appelé «chignon coiffé décoiffé facile à réaliser» qui n'était absolument pas facile à réaliser, d'autant plus que mon lisseur a lâché en cours de route et qu'Olivia a dû aller demander à une fille du troisième étage qu'elle connaissait si elle pouvait nous prêter le sien. 

   Je me doute bien que les détails techniques de mes cheveux ne l'intéressaient pas des masses, mais il m'a laissé débiter mon monologue en le ponctuant de temps à autres de «ah, oui» et de «Linn, tu es très bien comme ça» juste quand il fallait. J'ai toujours encore l'impression d'avoir quelque chose de plus «décoiffé» que «coiffé» sur la tête, mais je ne peux quand-même pas m'empêcher d'aborder un sourire un peu niais pendant le trajet.

   Lorsque nous arrivons  sur un petit parking bétonné déjà presque complet, Michael gare la voiture et nous allons ensuite rejoindre les autres devant l'église. Au moment même où nous disons bonjour à Esme et John, Thomas Shelby débarque de nulle part, son fils Charlie dans les bras. Il a l'air tout aussi à l'ouest que lorsqu'il est passé en coup de vent chez moi avant-hier.

- Michael, Linn, commence-t-il. Linn, je peux te demander quelque chose? (Avant que je n'ai le temps de répondre quoi que ce soit, il enchaîne : ) Tu veux bien t'occuper de Charlie, aujourd'hui? 

   Et il me tend le petit garçon. Je le prends, parce que j'ai peur que Thomas le laisse tomber par terre si je ne l'attrape pas. Oula, il est lourd.

- Je peux m'occuper de lui, intervient Esme qui a l'air d'être la seule parmi John et Michael à trouver la situation un tant soit peu étrange. Hein, Charlie? On ne va pas embêter Linn avec...

- C'est Linn qui le porte, l'interrompt Thomas. Peu importe ce que tu fais, tu ne le lâches pas et tu ne le confies à personne d'autre de la journée, même pas pour deux minutes. Et tu restes avec Michael, tout le temps. D'accord?

   D'accord? Mais qu'est-ce que c'est que ce délire, encore? 

   J'interroge Michael du regard, mais il ne réagit pas. Su-per. Et pareil pour John.

- Euh... d'accord, dis-je en remontant un peu Charlie dans mes bras pour qu'il pèse un peu moins lourd. Est-ce qu'il... doit manger à une heure précise ou...

- Demande aux femmes, répond Thomas en s'éloignant. Mais ne le lâche jamais, d'accord? 

   Mais oui, où ai-je la tête? Demander aux femmes comment s'occuper d'un enfant, cela va de soi. 

- Vive la patriarchie, dis-je en soupirant à Charlie. Coucou, toi. Je m'appelle Linn, ça s'écrit L-I-N-N, avec un I et pas de Y, mais je ne t'en voudrai pas si tu te trompes.

- Il ne sait rien dire à part «papa», «maman» et «veu pa», précise John d'un ton un peu gêné. Donc je pense pas que...

- John, ne sois pas tellement littéral! le réprimande sa femme. (Elle se tourne vers moi.) Tu es sûre que ça va aller, avec Charlie?

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant