- Tu fois quoi, Harrison Changretta?
La voix de Tommy résonne contre mes tympans. Il pointe toujours encore son arme chargée vers le gars chelou, qui a désormais un nom. Je n'aime pas son nom. Pas du tout.
Harrison.
- Wowowow..., dit l'interpellé qui se tient encore derrière moi en levant les mais en signe de paix. Je savais pas qu'elle était à vous, sinon je l'aurais pas touchée. Mille excuses.
Ce n'est pas le Harrison.
Il se penche dramatiquement en avant pour insister sur son excuse, mais je doute que quiconque dans la pièce ne croie qu'un seul mot de ce qu'il raconte.
Ce n'est pas lui.
Vu comme il s'est incliné, j'ai juste envie de lever le genou et de lui donner un coup dans le visage avec, mais n'en fais rien. Je n'arrive pas. Je...
Ce n'est pas Harrison.
A la place, je fais demi-tour et sors du pub. Lorsque je suis dans la rue, je rejoins la voiture de Michael et m'adosse contre, les bras croisés contre la poitrine pour éviter que les passants ne pensent que je suis en train de faire une crise d'épilepsie tellement mes mains tremblent. Tout va bien. Il faut que j'arrête de...
Ce n'est pas Harrison.
Mais pour quelqu'un qui n'est pas Harrison, il s'est comporté exactement comme lui.
- Linn?
Ce n'est pas Harrison, c'est Michael. Il me rejoint presque en courant.
- Désolée d'avoir interrompue la réunion, dis-je en me passant les mains sur le visage. C'est juste que...
- Il t'a fait quoi?
- Rien, il était juste lourd. (Ma réponse est sortie trop rapidement pour paraître naturelle, je m'en rends compte moi-même.) Mais c'est bon, tout va bien. On peut y aller?
Pendant un instant, je crois qu'il va protester, mais il sort finalement la clé de sa poche et ouvre la portière de la voiture de mon côté. Une fois que nous sommes tous les deux à l'intérieur, il démarre. Au moment où on s'éloigne, je vois Tommy de dos sortir du pub dans le rétroviseur.
Harrison n'en sort pas. Ce n'est pas Harrison, car Harrison n'est pas là.
Pas. Là.
Je regarde les murs de Birmingham défiler. En été, cette ville n'a pas l'air aussi grise que d'habitude. Mais quand-même un peu.
C'est quand Michael met le clignotant pour aller à droite alors qu'il n'y a rien d'autre qu'un Tesco fermé de ce côté que je comprends que pour Michael cette conversation n'est pas terminée. Je ne sais pas si cela me réconforte ou pas.
Il se gare au milieu du parking désert, juste à côté du machin où sont rangés les caddies.
- Si ce con ne t'a touché ne serais-ce qu'un cheveux...
- C'est bon, Michael.
Dans l'idée, c'est à ce moment que je l'aurais regardé avec un sourire rassurant pour lui faire comprendre que tout va effectivement bien dans le meilleur des mondes, mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à arrêter de fixer la poubelle noire qui est suspendue de travers juste à côté de l'entrée du Tesco. J'ai l'impression d'avoir du polystyrène dans la tête.
Du polystyrène sur lequel il y a écrit Harrison en grosses lettres cursives dessus. Son écriture.
Tout à coup, je sens que Michael pose une main sur la mienne et j'ai un mouvement de recul. Bien sûr, manquait plus que ça, je...
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Michael Gray » Peaky Blinders AU
FanfictionBirmingham, 2019. Depuis plus d'un siècle, la famille Shelby est reine de Birmingham, à la tête d'un empire d'import-export aux quatres coins du monde. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Mais cela ne plait pas à tout le monde... Linn, 19 ans, revie...