« Chapitre 63 : Edward »

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- Qu'est-ce qu'elle t'a dit? 

   On est chez mes parents. Ils sont partis travailler. L'horloge de la cuisine indique qu'il est sept heures passé de cinquante-six minutes. Pour arriver à l'heure à la supérette, il faudra que je parte à 8h40 au plus tard. Mais en attendant, Michael se tient contre le rebord de la petite fenêtre et je me tiens à côté du frigo, à l'autre bout de la pièce.

- Pas grand-chose, je réponds en faisant glisser mes mains dans la poche de mon sweat.

   Charlotte avait raison, il n'a pas dû dormir beaucoup cette nuit, ni celle d'avant. Ses cernes violacées en témoignent. Il soupire.

- A la base, j'étais venu à Londres pour te faire la surprise. J'avais réservé un truc dans un restaurant. 

- On peut encore le faire, dis-je sans trop savoir pourquoi.

   Si, je sais pourquoi. Pour garder un semblant de normalité. Entre ma famille, sa famille et maintenant lui, tout commence à se corser. 

- Linn, arrête, m'interrompt-il doucement. Si on n'avait pas croisé Charlotte, je ne t'aurais jamais rien dit sur ce qui s'est passé.

   Mes yeux commencent à s'embuer et je joue avec le magnet BARCELONE qui est accroché contre le frigo pour ne pas avoir à le regarder.

- Tu n'es pas obligé de me raconter quoi que ce soit, Michael. Charlotte a bien insisté sur le fait que peu importe ce que c'était, c'était il y a longtemps et qu'elle pensait que tu avais un peu changé depuis et...

- Pourquoi tu insistes toujours sur ça? me demande-t-il à voix basse. Sur le fait que je ne te dois aucune explication sur quoi que ce soit de mon passé? 

   Je suis un peu déboussolée par cette question et essaye de prononcer le mot Barcelone à l'envers dans ma tête. Enolecrab, Enolecrab...

- Parce que c'est vrai, non? Je veux pas que tu te sentes forcé à dire quoi que ce soit que tu ne serais pas prêt à partager - avec moi, en tout cas. Et c'est pareil pour l'histoire avec Charlotte, je... 

- Pourquoi? 

   C'est à peine s'il a prononcé ce mot de façon audible. Ça ne me donne qu'encore plus envie de pleurer.

- Dis-moi ce qui s'est passé avec Charlotte, alors, dis-je en le regardant. Pour l'instant ce que je sais, c'est que selon elle, vous étiez jeunes et cons, et que tu l'as forcée à faire un truc, que tu lui avais promis de rester avec elle si elle le faisait et au final, tu l'as quand-même quittée. 

   Mais je n'ai même plus envie de savoir. J'ai juste envie qu'il aille dormir, parce que vu la tête qu'il fait, il a besoin d'au moins une semaine de sommeil sans interruption. Mais qui suis-je pour parler, je dois probablement avoir une mine aussi affreuse moi aussi.

   Il ne dit rien pendant un très long moment. Il fixe un point imaginaire sur le mur derrière moi et j'ai beau chercher son regard, je n'arrive pas à attirer son attention.

- Elle était enceinte, dit-il finalement d'une voix qui est l'équivalent parlé du marbre. Elle voulait garder le bébé, je n'en voulais pas. Elle était même prête à accoucher sous X afin que mon nom n'apparaisse nulle part, mais je voulais pas. Je lui ai dit que c'était soit moi, soit le bébé, elle a m'a finalement choisi moi. La suite, tu la sais déjà, je l'ai quittée le lendemain du jour de son avortement. Voilà, tu sais tout. 

   Il me faut de longues minutes pour digérer ce qu'il vient de dire. Honnêtement, je m'attendais un peu à une histoire comme ça, mais l'entendre en parler, c'est... différent. J'essaye de m'imaginer comment ça a du se passer entre Charlotte et Michael. Je ne sais pas quoi en penser. Je n'ai pas envie d'y penser.

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant