« Chapitre 49 : Pigeons »

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   Linda est une très belle mariée. En m'installant sur le banc de l'église entre Michael et Esme, j'avais presque oublié la raison initiale de notre présence ici. C'est un mariage, mais j'ai l'impression de ne pas être la seule à percevoir plus le tout comme un enterrement.

   Charlie reste tranquillement assis sur mes genoux pendant toute la cérémonie, ce qui bizarrement me perturbe encore plus. J'ai le sentiment qu'il sent qu'il y a un problème quelque part.

   Je ne vois de policiers nulle part, mais je suppose qu'il doit y en avoir cachés quelque part, prêts à intervenir au cas où des hommes de Solomons se jetteraient sur Charlie pour...

   Mais quelle merde.

   Une fois que Linda et Arthur ont été nommés mari et femme, c'est direction Arrow House pour la suite des festivités. N'en déplaise à Thomas, je n'ai d'autre choix que de lâcher Charlie pour l'attacher dans son siège auto le temps du trajet. Même si je doute que cela n'y change quelque chose en cas d'attaque, je tiens la petite main potelée de Charlie pendant tout le chemin.

- Ne reste pas statique et change régulièrement de pièce, m'explique Thomas à voix basse lorsque nous entrons dans le manoir. Et souris un peu, c'est une fête.

   Sans me laissant le temps d'ajouter quoi que ce soit, il s'éloigne, me laissant avec son fils plantée au milieu de visages ne m'étant qu'à moitié familiers. L'ambiance s'est un peu détendue depuis l'église - probablement le résultat des nombreuses bouteilles de champagnes que des serveurs tiennent en équilibre sur des plateaux métalliques, se faufilant entre des petits groupes de convives discutant à droite à gauche. 

   A quelques mètres de Charlie et moi se tient Michael, un verre vide à la main, en train d'écouter un homme entre deux âges que je n'ai jamais vu parler. Probablement un associé ou quelque chose du style. Sur le coup, je me demande où est passé tout le "Michael tu restes tout le temps avec Linn et Charlie" d'avant, mais quand je fais quelques pas en direction du buffet, je remarque tout de suite que Michael nous surveille de près. 

   Comme Charlie commence à s'agiter dans mes bras, je décide d'aller chercher de l'aide auprès d'Esme ou de quiconque de compétent en matière de bébés. Si au moins on m'avait donné un de ses jouets, j'aurais à la limite un peu pu faire l'animation, mais là...

- Charlie, Charlie, Charlie... dis-je en le redressant un peu, "oh non, elle me reparle celle-là de nouveau"... On est dans la même galère, petit gars. (Il semble se calmer un peu et me regarde droit dans les yeux, d'une manière beaucoup trop sérieuse pour un enfant de son âge qui me fait froid dans le dos.) Tu vas bien, sinon? Ça va, la famille, les amis?

   Mon Dieu, qu'est-ce que je fais de ma vie. Mais au moins, il a l'air moins nerveux lorsque je lui parle et c'est donc ce que je fais pendant un certain temps. Je me balade de pièce en pièce, tout en racontant tout et n'importe quoi à bébé Charlie. 

   Je lui demande quelle est sa couleur préférée, lui explique que la mienne c'est le bleu mais que j'ai encore du mal à choisir une teinte de bleu préférée que je pourrais définir comme ma véritable couleur préférée de tous les temps, m'arrête à un moment près d'une fenêtre pour lui monter quatre pigeons picorant dans la cour à l'extérieur - il a l'air de beaucoup aimer les pigeons, donc on reste à la fenêtre un bon moment - tant mieux, car je peux poser Charlie à ma hauteur sur le rebord de la fenêtre tandis que j'essaye de voir si j'ai encore de la vie dans le bras après avoir porté cette créature d'au moins cinquante kilos pendant...

- Ça va? 

   C'est Michael. Je ne l'avais pas entendu s'approcher. Les mains dans les poches, il s'adosse à côté de nous contre le rebord et tend un petit cheval en bois à Charlie, qui l'attrape tout de suite puis se met à le mâchouiller. 

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant