« Chapitre 23 : Pin's »

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- Bouge, on est arrivés.

   J'ai des fourmis dans les doigts quand je lâche la poignée de la porte à laquelle je me suis accrochée pendant tout le trajet comme si c'était une bouée de sauvetage. Merde, je n'avais pas pensé à ça. C'est pas pratique.

   Même si cela doit faire au moins une heure que j'ai arrêté de pleurer et d'hyperventiler - non pas parce que l'envie m'est passée, mais parce que Polly Gray et son pistolet savent se montrer très, très persuasifs -, je vois ma ravisseuse un peu en flou lorsque je jette un regard dans sa direction.

   La voiture est entrée dans une sorte de cour intérieure, au beau milieu de Londres et est en train de... voilà, on s'est arrêtés. A l'avant, le chauffeur serre le frein à main. J'entends un clic, puis Polly Gray se détache et penche un peu en avant pour attrapper la poignée de sa porte - ça veut donc dire que les portes sont ouvertes et que... oh mon Dieu, c'est maintenant ou jamais. Merde merde merde, je suis pas faire pour ça, moi!

   Je glisse discrètement la main dans la poche de mon manteau - première étape du plan que j'ai élaboré pendant la dernière heure de trajet. Ouf, il est là... Je ne remercierai jamais assez Olivia pour m'avoir dit que de se trimbaler avec un pin's Poudlard sur mon tote-bag ne faisait pas franchement professionnel et je ne me remercierai jamais assez pour l'avoir écoutée et avoir, un matin dans le bus, détaché le pin's de mon sac pour le cacher dans ma poche.

   J'attrape le pin's dans ma poche et essaye de l'ouvrir le plus rapidement possible d'une main. Voilà, c'est fait. Oh mon Dieu. Je l'ouvre au maximum, de façon à tenir la barre métallique comme une aiguille. 

   Merde, Polly Gray est déjà à moitié dehors.

   Et là, je ne sais pas ce que je fais. J'ai l'impression que le temps ne s'écoule plus.

   Je me penche autant sur le côté que ma ceinture le permet - merde, j'aurais dû enlever ma ceinture! - et tire de toutes mes forces sur le bras de Polly Gray pour la faire retomber sur son siège.

- Mais qu'est-ce que... 

   Je sors mon arme de secours de ma poche. Ma ravisseuse regarde l'épine du pin's, me regarde moi, puis regarde à nouveau l'épine, mais elle ne réagit pas assez vite.

   Avant que je n'ai le temps de réfléchir à quoi faire concrètement, je lui plante la pointe du pin's dans la joue.

   Oh mon Dieu. C'est la sensation la plus dégoûtante de genre toute la terre. Oh mon Dieu, mais qu'est-ce que je fais... 

   Je recule en lâchant le pin's, qui pendouille désormais dans la joue de Polly Gray.

- Fuck! hurle-t-elle tout en se tenant le pin's dans la joue d'une main et en frappant le siège avant de l'autre pour probablement dire au chauffeur de faire quelque chose.

   Mais ce dernier n'a pas l'air de comprendre ce qu'il se passe, ni d'avoir prévu l'éventualité que je fasse quelque chose d'aussi stupide que ça. Tant mieux, ça me laisse le temps de me détacher et de...

   J'appuie plusieurs fois sur le bouton rouge de la ceinture, mais elle ne se détache pas. Merde, merde, merde. 

   Pas grave. Pas grave, pas grave... j'ouvre la portière de mon côté - ouf, elle s'ouvre, puis essaye de me tortiller à travers la ceinture - je mets les pieds sur le siège pour tenter de sortir par le haut. Oui, ça fonctionne. J'y suis presque.

   Tout en ignorant les cris du chauffeur, disant à Polly Gray de ne pas retirer le pin's de son visage pour éviter une hémorragie - oh mon Dieu, est-ce que je l'ai tuée?, je plonge dans un ultime effort hors de la voiture et me laisse tomber les mains en premier sur le sol en graviers - merde, ça fait mal!, mais suis toujours encore accrochée à la ceinture avec mon genoux gauche. Oui, j'y suis presque! Ensuite, il faudra que je cours jusqu'à je ne sais pas où - en hurlant, de préférence, pour que si jamais...

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant