« Chapitre 30 : Ciao »

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- Ne me dis pas que tu vas lui donner une chance, quand-même!

   Assise à l'envers sur sa chaise de bureau qu'elle a approchée de mon lit sur lequel j'étais à la base assise en tailleurs en train d'essayer d'apprendre mes cours, Olivia me dévisage d'un air suspect. Je lui ai rapidement résumé ce qui s'est passé ce matin, mais elle n'a pas l'air convaincue, ce qui me parait plutôt logique puisque je ne suis pas trop allée dans les détails.

- Il ne s'agit pas de donner une chance, dis-je en surlignant une phrase de mon cours avec un stabilo bleu pastel de sous-marque qui est à moitié desséché.  C'est juste...

- Non, c'est bon, soupire Olivia. Tu es assez grande pour faire ce que tu veux. Fais juste attention, d'accord?

   Oui, j'ai définitivement bien fait de ne pas lui raconter comment la mère de Michael Gray - de Michael - m'a kidnappée à l'autre bout du pays, ni comment Solomons s'était pointé avec un pistolet chargé aux locaux de Shelby Company Limited. Je crois qu'elle ne me laisserait plus sortir de l'appartement sinon.

   Comme elle a aussi du travail à faire, elle n'insiste pas plus que ça et nous nous retrouvons à surligner nos cours respectifs dans le silence. Au bout de quelques pages, mon bleu pastel me lâche complètement et je suis obligée de continuer de surligner la fin d'une phrase avec la seule couleur qui me reste, un orange fluo. Mon Dieu, qu'est-ce que c'est moche. 

   En fin d'après-midi, nous décidons qu'il est grand temps de faire un peu de ménage et je me retrouve à astiquer de fond en comble toute la salle de bains. Une fois que tout est bien propre, j'hésite à lancer une série sur Netflix mais décide plutôt de lancer un coup de fil à mes parents à ma place.

   Je ferme la porte de la salle de bains derrière moi pour ne pas déranger Olivia puis j'appelle sur le fixe. Ma mère décroche à la première sonnerie.

- Résidence Pritchard, oui j'écoute?

- Résidence Pritchard? C'est nouveau ça, maintenant? je demande en m'adossant contre le mur en souriant.

- Seulement quand c'est toi, je te rassure. Quand j'ai appelé Miriam l'autre jour, elle m'a fait la même blague. Je trouvais ça marrant.

- C'est très marrant, maman. Tu devrais dire ça à chaque fois que quelqu'un appelle.

- Han han, moque toi de moi. Mais vas-y, raconte-moi ce pourquoi tu as appelé? Tu n'es pas malade, j'espère? Il va bien, ton sang?

   Je n'ai pas non plus raconté mon escapade avec Polly Gray à mes parents, mais comme je suis assurée à la même assurance qu'eux, j'ai quand-même dû leur expliquer pourquoi ils ont trouvé un récapitulatif de frais médicaux à mon nom qui avait été émis à Londres, alors que j'étais censée être à des centaines de kilomètres de là. J'ai donc expliqué que j'avais accompagné un représentant de Shelby Company Limited pour une réunion à Londres - que ça faisait partie d'un stage en plus pour les cours, bref je suis partie dans les choux - et qu'en voulant sortir de la voiture, je suis tombée par terre.

   Ce qui correspond à la réalité, plus ou moins.

- Oui, tout va bien.

- Tu as ton médicament avec toi, là?

- Je suis chez moi, donc oui. Et j'en ai tout le temps avec moi quand je sors aussi, j'ajoute en anticipant sa prochaine question..

- Tu en as toujours sur toi sauf quand pour une fois tu fais un grand trajet jusqu'à Londres... Oh, Linn, si on ne t'avait pas...

   Pendant la demi-heure suivante, je l'ai écouté me raconter comment se passaient les choses de leur côté. Comment elle avait l'impression d'être la plus nulle au cours d'aqua-gym gratuit auquel elle se rend tous les samedis matin depuis quelques temps, comment la voisine d'au-dessus a eu des invités jusqu'à trois heures du matin l'autre jour et qu'ils croyaient vraiment qu'ils n'allaient jamais arrêter de faire du bruit... 

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant