« Chapitre 82 : Bonnes femmes »

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   Sur le coup, je ne comprends pas.

   Olivia. Ma colocataire. Qui n'a absolument rien à voir avec tout ça.

   Elle est là, agenouillée à côté de Michael, qui lui-même est agenouillé à côté de Polly, Arthur, Esme, le fils d'Esme et John, John, Ada.

   Le fils d'Olivia est à sa gauche. Je crois qu'il a l'âge de Karl. Il a anniversaire le 27 septembre. Ses petites mains sont elles aussi ligotées dans son dos. Il a pleuré. Olivia m'avait raconté qu'il était né à 16h40 l'après midi et qu'il faisait beaucoup trop chaud pour un mois de septembre. Il est né un vendredi, avec trois jours de retard.

   Je n'arrive plus à me souvenir de son prénom. Comment ça se fait que je me souvienne de l'heure de naissance de cet enfant, mais pas de son prénom

- Oh mon Dieu, Linn... commence Olivia, mais elle est interrompue par un coup de pistolet qui me fait sursauter.

   A côté de moi, Tatiana et Lizzie n'ont pas bronché. 

- Malheureusement, soupire un homme entre deux âges que j'identifie comme étant Luca Changretta, nous n'avons pas le temps pour vos petites retrouvailles. (Il sort une montre à gousset de sa veste tout en jouant avec le cure-dents qu'il a à la bouche.) Merci d'être venues à l'heure, j'apprécie le geste.

   C'est à peine si je l'entends parler. 

   Joshua. C'est le nom du fils d'Olivia. Il est le portrait craché de sa mère.

   Ils ont tous l'air dans un piteux état. Michael a l'arcade sourcilière qui est entaillée, Polly a visiblement saigné du nez et le visage d'Arthur est enflé sur un côté. Non, sur les deux côtés en faite.

   Olivia a du sang sur sa chemise bleu clair et je ne veux pas savoir d'où il vient.

   C'est à cause de moi qu'elle est là. Michael avait dit qu'il allait faire en sorte que rien n'arrive à Olivia - il m'avait promis que rien ne lui arriverait, et pourtant ici nous voilà. 

   Je suis tellement, tellement stupide. C'est une vendetta - une putain de vendetta, et moi je suis en train de me plaindre de voir ma colocataire se retrouver ici alors que c'est un miracle qu'il n'y ait pas mes parents, Isiah ou même Charlotte ne soient pas ici. 

- Allô? Il y a quelqu'un?

   J'ai un mouvement de recul en voyant tout à coup Luca Changretta se tenir à moins de trente centimètres de moi. Un canon de pistolet s'enfonce dans mon dos - un des soldats qui nous a amenés jusqu'ici.

- Je disais donc, reprend-il, que maintenant que toutes les personnes concernées par la vendetta sont réunies au même endroit, au même moment, nous allons jouer à un petit jeu. Tu aimes les jeux, Linn Pritchard?

   Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres. J'ai envie de vomir. J'ai envie qu'il avale son cure-dents et qu'il s'étouffe avec.

   Tout à coup, il sort un pistolet de sa veste et le pointe vers moi. Et il tire.

   Je me rends compte que j'aurais pu mourir au même moment où je réalise qu'il a tiré à blanc.

   J'entends un des petits garçons pleurer. Je crois que c'est Karl, mais je n'ose pas tourner la tête pour regarder. Je ne vois que le cure-dent de Luca Changretta.

- Monsieur Changretta, dit soudainement Tommy, comme je vous l'ai déjà dit et redit, Linn n'a rien à voir avec les Peaky Blinders. S'il vous plaît, laissez-les partir, elle et mademoiselle Petronova qui...

- Tss, tss, tss, l'interrompt Changretta en faisant mine d'aspirer les paroles de Tommy d'une main tel un chef d'orchestre. C'était quoi, la règle - le premier qui parle meurt d'une balle dans la tête? (Il se retourne vers la rangée d'otages agenouillés.) Qui se souvient de la règle, hein? Exact, tout le monde se souvient de la règle. Sauf toi, Tommy Shelby. Et elle aussi (Il fait un signe de la main en direction d'Olivia.), mais comme c'est une bonne femme, on va lui donner un joker. Nouvelle règle : les femmes ont le droit de briser la règle une fois et les enfants deux fois. Sommes-nous tous d'accord?

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant