« Chapitre 64 : Saturday and Sunday »

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   Je ne contacte pas Michael avant samedi. Même si le fait de ranger des boites de conserve m'a effectivement aidé à faire le tri dans ma tête, je crois qu'il est mieux pour tout le monde qu'on prenne un peu d'espace. Ou c'est ce dont j'essaye de me persuader, en tout cas. Je ne suis pas sûre que ça fonctionne.

   En début d'après midi, je lui envoie un message lui disant que j'ai eu le temps de faire la part des choses et que je trouve que ça pourrait être bien qu'on puisse se retrouver pour en parler - même si là, je ne sais pas exactement ce que j'ai à lui dire. 

   Il me répond presque instantanément en me demandant si j'ai envie d'aller voir Gallery, le cheval dont je m'étais occupé quand on était partis faire une balade ensemble il y a déjà quelques mois de ça. Je réponds que oui. Il me demande si cela me va s'il passe me chercher demain matin à sept heures et je réponds une nouvelle fois par l'affirmative. 

* * *

   Lorsque je fais part de mes plans à mes parents ce soir-là, ils n'ont pas l'air vraiment enchantés et c'est normal : même si je ne leur ai rien raconté par rapport à Michael, je pense que ça se voit à ma tête qu'il y a un problème quelque part. Et comme pour ma mère, les Shelbys semblent être la source de tous les problèmes du monde, elle fait immédiatement le lien avec Michael.

- Tiens, reprends du gratin, dit-elle en me tendant le plat alors que j'ai à peine touché à mon assiette. C'est la recette que j'ai vu à la télé l'autre jour, tu préfères comme ça ou comme je fais d'habitude? (J'en prends un peu pour lui faire plaisir et elle repose le plat sur la table.) Jusqu'à Birmingham, alors? Juste pour une journée?

- Avec les voitures qu'ils ont, intervient mon père, ça doit leur prendre quoi - deux heures, deux heures et quart? En plus un dimanche, y'aura pas beaucoup de monde sur l'autoroute... Tiens, tu me diras combien de temps vous avez mis pour y aller Linn, d'accord? 

- Vous n'y êtes pas assez souvent comme ça, à Birmingham? reprend ma mère. Vous êtes déjà tous les deux scotchés dans cette maudite ville toute l'année, alors si même pendant les vacances... Mais en même temps, avec une famille comme les Shelby... C'est comme ça que tu t'imagines ta vie, Linn? A toujours graviter autour de Birmingham?

   Ce n'est pas un jugement condescendant, c'est réellement une question qu'elle se pose. Et à vrai dire, je trouve que c'est une question plus que légitime.

- Laisse-la tranquille, Rivka... Birmingham est une très belle ville, surtout que j'ai vu à la télé que la météo sera bonne demain. 

* * *

   La dame de la météo ne s'est pas trompée : quand j'ouvre les volets de ma chambre le lendemain matin, je suis presque aveuglée par ce qui me semble être la lumière d'un milliard de Soleils alors qu'il n'est même pas sept heures du matin. Comme mes parents dorment encore, je traine un peu plus longtemps que nécessaire sous la douche et profite de ces quelques instants de silence presque complets. Si l'on ignore les bruits de voitures dans la rue juste en bas, bien évidemment.

   Même s'il va faire dans les vingt sept degrés, je décide d'enfiler un jean, jugeant que c'est probablement plus pratique pour aller dire coucou à Gallery dans les écuries qu'un short. Comme je n'ai néanmoins pas envie de mourir brûlée vive, je m'excuse auprès de mes jeans noirs adorés et vais en mettre un bleu à la place. En haut, j'enfile un tee-shirt rose pâle ample qui appartenait à ma mère quand elle était plus jeune et le coince dans le haut du jean.
Au moment où je finis de lacer ma deuxième Converse, Michael m'envoie un message pour me dire qu'il attend en bas de l'immeuble. J'attrape mon tote-bag et ferme la porte d'entrée à clé derrière moi.

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant