Michael Gray » Peaky Blinders AU

« Chapitre 69 : Pauvres âmes »

   Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais lorsque je m'imaginais Thomas Shelby avoir un plan, mais certainement pas à ça.

   Cela ne fait pas dix minutes qu'on est arrivés à Arrow House avec Michael, et Tommy a déjà l'air de vouloir étriper tout le monde qui s'est réuni dans le salon.

   Je ne peux m'empêcher de penser que quand il est comme ça, il ressemble tellement à Michael. De toute évidence, ils ont tous les deux cette tendance à - un, avoir un attrait particulier pour les fenêtres dès que ça ne va pas et deux, à ne presque pas avoir l'air en colère quand ils le sont. Sauf qu'en plus, Thomas Shelby a en plus cette manie que de se servir passif-agressivement des alcools à degrés élevés puis à en boire le contenu d'un trait, l'air d'espérer que ça fera peut-être disparaître tous les problèmes d'un coup.

   Sauf que malheureusement pour lui, Michael, Polly, la majorité de la famille Shelby et moi sommes toujours encore debout devant lui dans le salon lorsqu'il repose son verre sur son bureau. 

- J'ai appelé mes contacts de l'armée, dit-il finalement sans regarder personne en particulier. Ils vont surveiller chaque Changretta du pays jusqu'à ce que...

- C'est donc ça ton plan? l'interrompt Polly sur un ton tranchant. Demander à l'armée de nous protéger?

- Tu te souviens de ce qu'il s'est passé la dernière fois que l'armée est intervenue?, intervient Ada sur un ton un peu plus compatissant.

   D'un coup, Tommy frappe les deux mains à plat sur son bureau. Si je n'étais pas déjà tout au fond de la pièce, presque cachée derrière Michael, je crois que j'aurais fait un pas en arrière.

- Oui, je me souviens! s'exclame-t-il et je me demande si Michael ferait pareil. (Il se redresse et se passe le dos de la main sur le front, l'air de se calmer un peu.) Regardez-vous tous, à remettre en cause chaque décision que je prends pour vous protéger vous, alors que la vendetta n'a même pas encore commencée tant que nous n'avons pas reçus les lettres. 

   Linda - ça me fait bizarre de la voir ici - secoue la tête, un sourire amère sur les lèvres. 

- Nous protéger nous? C'est toi qui as tué Vincente Changretta, si tu n'avais pas fait ça on serait tous tranquillement chez nous à...

- C'est moi qui l'ai tué, l'interrompt Arthur.

- Oui, par pitié!, reprend sa femme. Mais la mort de cette homme reste sur la conscience de Tommy, tout comme toutes les pauvres âmes qui vont périr lors de cette vendetta.

   Aha. Rassurant.

   Ce qui est encore plus rassurant, c'est la façon dont je sens tout à coup les doigts de Michael frôler les miens puis s'entremêler à ces derniers. Tout va bien. Non, mon nom n'est pas du tout inscrit sur une vendetta quelque part. Pas du tout.

- Toutes les pauvres âmes qui vont périr lors de cette vendetta?, répète Ada. Linda, tu commences à parler comme Polly, maintenant.

- Moi aussi, j'ai un mauvais pressentiment par rapport à tout ça, intervient Esme qui était restée silencieuse jusqu'à présent. Ça sent la mort. 

- J'ai rêvé d'un chat noir la nuit dernière, dit Polly sur un ton glacial. Les chats noirs, ça ne présage jamais rien de bien. 

   Tommy soupire. On dirait presque qu'il va rigoler.

- C'est donc à ça que servent nos réunions familiales, de nos jours? A écouter les femmes de cette organisation parler de leurs mauvais pressentiments? C'est bon, vous avez toutes dit ce que vous avez sur le cœur? Tu as quelque chose à ajouter, Linda? (Il regarde l'intéressée). Non? Et toi, Esme? (Esme croise les bras devant la poitrine.) Ou pourquoi pas toi Linn, hein? Tu as aussi une sorte de sixième sens que tu veux nous faire partager?