« Chapitre 24 : Sept minutes »

2K 120 13
                                    

   Une fois que nous sommes dans la cour, monsieur Gray demande au chauffeur qui m'avait emmenée ici de lui passer la clé de la voiture. Le chauffeur semble peser le pour et le contre pendant un moment, mais obtempère finalement.

   Monsieur Gray m'ouvre la portière du côté passager et je m'installe tout en essayant de ne pas toucher quoi que ce soit avec mes paumes pleines de sang.

- Attends...

   Monsieur Gray en se penchant du siège conducteur par-dessus moi pour m'aider à mettre la ceinture. Ca me fait penser au fait qu'il n'y a pas 24 heures de cela, il faisait la même chose, dans une autre voiture, parce que je n'arrivais pas à ouvrir la portière. J'ai l'impression que c'était il y a une éternité.

- Il y a un hôpital pas loin, dit-il ensuite en pianotant sur le GPS intégré dans le tableau de bord. A sept minutes de là, si la circulation reste comme ça.

   Un hôpital? Wow, je dois vraiment avoir mauvaise mine.

- Non, c'est bon. C'est juste des éraflures, je vais pas...

   Il soupire, puis descends le pare-soleil de mon côté et ouvre le clapet cachant le miroir.

- Oh mon Dieu! je m'exclame en voyant que j'ai du sang qui dégouline sur tout le côté gauche du front jusqu'au menton.

   Berk, berk, berk. Ok, ce n'était pas aussi sanglant dans ma tête.

- Ne touche pas, recommande monsieur Gray quand j'essaye d'essuyer le massacre du bout des manches de mon manteau. Sept minutes, et on y est.

   Il met le contact et la voiture s'engouffre dans la circulation Londonienne. Personne ne parle pendant ce court trajet, qui me parait durer beaucoup plus que sept minutes. J'ai envie qu'il me parle.

   Après avoir garé la voiture dans un parking sous-terrain, nous arrivons au service des urgences de l'hôpital, où je donne mon nom, mon adresse, ma date de naissance. Au moment où la dame de l'accueil me demande si j'ai ma carte vitale sur moi, je réponds que non, ce qui me donne une fois de plus envie de pleurer de façon hystérique.

- Ce n'est pas grave, dit-elle d'une façon tellement gentille que j'ai encore plus envie de pleurer.

   Ensuite, elle nous emmène dans une salle de consultation - sur le coup, j'ai eu peur que monsieur Gray me laisse seule pour attendre dans la salle d'attente, mais il m'a accompagnée.

- Je vous laisse attendre ici, explique la dame tandis que je m'assieds sur une chaise à côté de la table de consultation, une infirmière passera dès que possible. Si jamais vous commencez à avoir la tête qui tourne ou envie de vomir, appelez-nous tout de suite.

   Elle sort de la pièce en fermant la porte derrière elle. Du coin de l'oeil, je vois monsieur Gray se mettre à marcher nerveusement dans la pièce.

- Vous n'avez pas besoin de rester ici, dis-je d'une voix pâteuse tout en faisant mine d'observer la plaie de ma main droite pour me donner de la consistance. Je peux appeler mes parents, ils viendront me chercher plus tard.

- Certainement pas. Je veux dire - oui, appelez vos parents, si vous voulez, mais... (Il s'approche de mon fauteuil et s'accroupit pour être à mon niveau.) Je reste là.

- Vraiment, vous n'avez pas besoin, vous avez sûrement mieux à faire - des réunions, des... chèques à signer, je sais pas...

- C'est pas important, ça. A moins que tu - vous préféreriez que je parte? Ce que je comprends totalement, à votre place je crois que je ne voudrais pas non plus voir la tête des gens à cause de qui...

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant