Honnêtement, je pensais que la cohabitation chez Rosemary serait plus compliquée que ça. Je m'attendais à ce que Michael trouve à chaque fois des excuses pour ne pas avoir à manger avec nous - ou à ne pas venir, tout simplement, parce que Michael n'a pas trop une tête à inventer des excuses bidon pour ce genre de choses.
Mais non. Ce n'est pas l'amour fou et il ne lui adresse que rarement la parole directement, passe la plupart de son temps à travailler dans sa chambre, mais... C'est tout.
Quand elle l'appelle par erreur Henry, il ne relève pas. Quand elle lui a demandé un coup de main pour numériser des factures vers l'ordinateur, il l'a fait.
Tout est si paisible que c'est à en oublier qu'on est ici à cause d'une vendetta.
J'occupe mes journées comme je peux : principalement avec de la lecture, que ce soient avec des comics appartenant à Samuel ou des romans à l'eau de rose que Rosemary a été plus que ravie de mettre à ma disposition. Dans l'ancienne chambre de Michael, je n'ai que trouvé l'intégrale des tomes des bandes dessinées Astérix alignées sur une étagère, mais ça devrait me donner de quoi tenir quelques semaines.
Rosemary gère la fromagerie familiale au village et est absente une grande partie de la journée. Je serais bien allée l'aider - empiler des cartons ou couper du fromage, ça doit bien être dans mes cordes, mais cela serait courir le risque d'être repérés pour pas grand-chose au final.
Et me voilà donc le mardi de la semaine numéro deux, en train de lire le quatorzième tome des Astérix, Astérix en Hispanie, assise contre le radiateur dans ma nouvelle chambre. Quand j'étais petite, j'ai lu certains Astérix, mais je ne suis plus sûre si celui-ci en fait partie ou pas. En faisant tourner les pages, j'ai une impression de déjà-vu, mais je ne saurais pas exactement si c'est...
- Tu es au combientième?
Je n'ai pas entendu Michael venir. Depuis une semaine, il porte le même type de tenue : jogging et t-shirt, ce qui tranche nettement avec son style habituel. De mon côté, j'ai beaucoup trop chaud pour le jogging et me ballade avec des shorts de sport de Michael m'arrivant presque aux genoux et me faisant ressembler, je n'en doute pas, on ne peut plus à un sac.
- Numéro quatorze. Astérix en Hispanie.
Il fait quelques pas vers moi et vient s'asseoir contre le radiateur à côté de moi.
- C'est lequel, celui là? (Il jette un coup d'œil aux dessins.) Ah oui, je m'en souviens. L'Espagne, tout ça.
- Hispanie, c'est l'Espagne actuelle?
- Oui. Non. Aucune idée. Attends - (Il sort son portable de sa poche et pianote sur l'écran.) je vais demander à Wikipedia. Alors... Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule ibérique. Depuis le quinzième siècle, l'Hispanie est l'hôte des Etats modernes espagnol et portugais.
J'ai l'impression d'être à la soirée de Noël organisée par Shelby Company Limited, où nous n'étions encore que Monsieur Gray et Mademoiselle Pritchard, au moment où Michael a sorti Wikipedia pour vérifier ce qu'était...
- Tu te souviens, à Noël? je demande en me tournant un peu vers lui. C'était quoi que tu avais cherché?
- Si ça existe, les cuvées pour le champagne, répond-il immédiatement et un sourire en coin se dessine sur son visage.
- Ah, c'était ça! Et c'était quoi, la réponse? Ça existe ou pas?
Il hausse les épaules en posant son portable sur le sol, puis en mettant ses avant-bras en équilibre sur ses genoux.
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Michael Gray » Peaky Blinders AU
FanfictionBirmingham, 2019. Depuis plus d'un siècle, la famille Shelby est reine de Birmingham, à la tête d'un empire d'import-export aux quatres coins du monde. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Mais cela ne plait pas à tout le monde... Linn, 19 ans, revie...