- Linn, tu as déjà rangé la palette de pâtes Barilla qui est arrivée ce matin?
- La palette de pâtes Barilla qui est arrivée ce matin?
Assise sur un tabouret dans le rayon épicerie, je suis en train d'aligner des sachets de soupes instantanées les uns derrière les autres. Sans m'interrompre, j'essaye de partir mentalement à la recherche d'une information concernant une livraison de pâtes que j'aurais oubliée, mais...
- C'était pas mercredi, la livraison? je demande à Patrick, cet homme d'un certain âge propriétaire de la supérette et dont les rêves les plus fous doivent probablement être ceux où il me renvoie pour mon incompétence à maintenir l'ordre dans son magasin.
Mais c'est un ami de mes parents, donc il ne peut pas me renvoyer. Et il n'a d'autre choix que de me rembaucher, été après été, et d'assister à mes désastres successifs et...
- On n'est pas mercredi? demande-t-il en fronçant ses sourcils grisonnants.
- On est mardi. Mon Dieu, vous m'avez fait peur! dis-je en prenant seulement conscience maintenant que mon rythme cardiaque venait de s'emballer. Oui, je sais que je dois venir quinze minutes plus tôt demain pour déballer la livraison.
Patrick secoue la tête.
- Excuse-moi, j'étais sûr qu'on était mardi, je sais pas pourquoi. Oublie pas de relayer Charlotte à la caisse après, sinon ses parents vont me faire un procès si je la fais travailler une minute de plus que nécessaire, ajoute-t-il en s'éloignant.
J'hoche la tête et continue de ranger mes sachets de soupe. Comme d'habitude, Patrick commande beaucoup plus d'aliments que sa petite supérette, coincée entre deux immeubles dans un quartier mal-famé-mais-pas-trop de Londres, n'a de place dans les rayons et je me retrouve à devoir coincer tellement de sachets de soupe sur la même étagère que je prie pour qu'aucun sachet n'explose et que je doive me mettre à tout nettoyer par la suite.
Je soupire et jette un coup d'œil à ma vieille montre, où Hello Kitty m'indique que la pause de Charlotte commence dans trois minutes. Je ferais mieux d'y aller.
Je me lève, range le tabouret dans le local de stockage et me dirige vers l'unique caisse où, vu comme elle me regarde arriver, Charlotte attendait déjà impatiemment ma venue. Elle se lève pour que je puisse m'asseoir à sa place derrière la caisse.
- Bonne pause, je lui dis et ses fines lèvres maquillées s'étirent en un petit sourire.
- Merci. Oh, et tu pourrais vérifier que j'ai bien mis chaque pièce dans le bon compartiment à pièce? Avant, une petite mamie est passée et a payé pour 44£ avec presque que des pièces de dix et vingt centimes, j'ai un peu paniqué et ai mis un peu tout n'importe comment dans la caisse...
Si c'était moi qui avait fait ça, mal géré les comptes comme ça - car j'en déduis qu'elle n'a même pas vérifié la somme que cette petite mamie lui a donnée, je crois que Patrick ne m'aurait plus adressé la parole de tout l'été. Et nous ne sommes que début juillet, donc ça aurait été sacrément long. Mais là, comme c'est Charlotte Murray, ça ne dérange personne.
Les étés précédents, je travaillais toujours avec Ioulia, une fille super gentille qui fréquentait le même lycée que moi. En cours, on ne se disait même pas salut quand on se croisait - elle avait son cercle, j'avais le mien -, mais je garde de très bons souvenirs de nos journées de travail à la supérette. Et naïvement, en rentrant à Londres il y a trois semaines, je pensais retrouver Ioulia, mais non. A la place, nous avons Charlotte à la caisse.
La première fois que je l'ai vue, Charlotte m'a fait plutôt bonne impression. Cheveux bruns arrivant au niveau des épaules, toujours un trait d'eye-liner, de rouge à lèvres et des ongles parfaitement manucurés, elle n'a certes pas l'air de quelqu'un qui se tuerait au travail, mais j'avais l'espoir qu'avec le temps, travailler avec elle serait peut-être un peu comme travailler avec Ioulia.
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Michael Gray » Peaky Blinders AU
FanfictionBirmingham, 2019. Depuis plus d'un siècle, la famille Shelby est reine de Birmingham, à la tête d'un empire d'import-export aux quatres coins du monde. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Mais cela ne plait pas à tout le monde... Linn, 19 ans, revie...