Michael Gray » Peaky Blinders AU

« Chapitre 83 : Je crois que je vais tomber dans les pommes »

   Non. 

   Soixante-quinze pourcents de chance de rester en vie. Ce n'est pas possible.

   Ce n'est pas possible. Je ne viens pas de tuer John Shelby. 

   J'entends un autre BOUM, mais je ne sais pas si c'est une grenade ou mon cerveau qui vient d'exploser. Ce n'est pas possible.

   J'entends des cris. Tout le monde crie - les Changretta autant que les Peaky Blinders, mais c'est Esme qu'on entend le plus.

   Qu'est-ce que j'ai fait?

   Les mains encore attachées dans le dos, Esme s'est ruée sur son mari. Qui est allongé sur le sol, les yeux ouverts en grand. Et du sang partout sur le visage. Un trou dans le front. 

   C'est moi qui ai fait ça. Moi.

   Moi.

   Tout à coup, je sens quelqu'un me prendre le pistolet que j'ai encore en main. Je tenais encore l'arme avec laquelle j'ai tué John. 

   John Shelby. C'est lui qui m'avait dispensé mon seul cours de tir de toute ma vie, et c'est moi qui l'ai tué. Il m'a appris à tirer, je l'ai tué. 

   C'est Michael qui m'a pris le pistolet des mains. Je ne sais pas comment il a fait, mais il a réussi à défaire les liens qui lui liaient les poignets. Je sens ses mains sur mes épaules. Je crois qu'il me parle, mais je ne l'entends pas. Je n'entends que les cris d'Esme.

   C'est quand Michael met ses mains sur mon visage que je réalise que j'ai du sang de partout sur le visage. Le sang de John.

   Et là, une autre explosion retentit. Cette fois, je suis sûre qu'il s'agit d'une bombe et non de mon cerveau parce que mes poumons sont remplis de poussière. Mes yeux me brûlent, j'ai l'impression d'avoir mis la tête dans un bac à sable.

- Il faut qu'on y aille, Linn.

   Michael. Je sens sa main s'accrocher à la mienne. Je ne sais pas comment, mais mes jambes se mettent en marche toutes seules - et puis je me mets à courir quand Michael commence à courir. Avec toute la fumée, je ne vois presque rien, mais j'entends les autres courir et crier. Je crois qu'ils craignent une autre explosion. 

   Lorsqu'on arrive finalement à sortir du hangar, il y a des voitures de police sur le parking en graviers. Des ambulances, aussi. 

   Michael se dirige vers une des ambulances les plus éloignées - les plus proches sont déjà occupées. Je crois reconnaître le jean d'Olivia dépasser de l'une d'entre elle. 

   Une dame en blouse blanche apparaît dans mon champ de vision. Michael tient toujours encore ma main.

- Vous avez mal? me demande la dame en me faisant m'asseoir sur le bord de l'ambulance. C'est son sang?

   Elle s'adresse à Michael tout en sortant une petite lampe de poche de sa blouse et en me dirigeant le faisceau lumineux dans chaque œil juste après.

- Je crois pas, répond-il en s'accroupissant devant moi pour être à mon avis. Je sais pas, je crois pas. Linn, tu as mal?

   Il sonne complètement paniqué. Je dois réfléchir pendant un moment à la façon dont on aligne des mots pour faire des phrases avant de pouvoir répondre.

- C'est le sang de John, pas le mien.

   Je crois que j'ai son sang dans la bouche. Je crois que je suis en train de serrer la main de Michael tellement fortement qu'il aura certainement la trace de mes ongles imprimée dans la peau.