« Chapitre 59 : Desperate Housewives »

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   La semaine suivante, je suis officiellement en vacances. Nous sommes le premier juin et mon job d'été à la supérette au coin de la rue à Londres, le même travail que je reprends chaque année depuis mes 16 ans ne débute que le 15, aussi ai-je deux petites semaines de liberté avant de me retrouver à empiler des cartons du matin au soir, cinq jours par semaines jusqu'au 30 août prochain.

   Comme le contrat de location que nous avons signé avec Olivia prend fin le 31 mai, nous avons passé les derniers jours à nettoyer de fond en comble l'appartement et à déménager toutes nos affaires. Pour les mois d'été, Olivia va rejoindre sa famille à la campagne et de mon côté, mon chemin me mène jusqu'à Londres. En théorie, j'étais censée descendre à Londres aujourd'hui, mais je passe mes deux semaines de vacances chez Michael à la place. Si déjà on ne se verra pas pendant dix semaines, autant en profiter.

   Le point positif de la situation, c'est que j'ai désormais mes shampoings à moi qui traînent chez Michael, accompagnées de quatre autres valises dans lesquelles j'ai fait rentrer tant bien que mal toute ma vie. 

   Les matins, Michael part travailler aux aurores et je passe généralement la matinée à glandouiller devant des vieilles rediffusions de Desperate Housewives à la télé sur le canapé en mangeant des céréales. Et les après-midis ne sont pas toujours beaucoup plus productifs : l'autre jour, Michael devait finir en urgence un dossier et je l'ai aidé en remplissant à sa place des tableaux Excel, mais la plupart du temps, il se joint à moi et on regarde les aventures de Susan, Bree, Lynette et compagnie jusqu'à ce que les yeux nous en font mal. 

   Comme il avait l'air de connaitre presque mieux que moi les noms des personnages secondaires, je lui ai demandé d'où lui venait cette passion et il m'a raconté que sa mère adoptive est une fan inconditionnelle de la première heure, à tel point que quand il avait 10 ans, sa mère l'avait inscrit à un cours de football pour 13-15 ans juste pour que les horaires des entraînement ne coïncident pas avec ceux de la diffusion des épisodes Desperate Housewives à la télé. 

- Ne me regarde pas comme ça, me dit Michael en éteignant la télé après que le générique de fin de ce qui doit avoir été le quatrième épisode que nous avons regardé défile. Tu aurais fait pareil.

   Il se lève et va dans la cuisine, d'où je le vois prendre un verre dans le placard et le remplir au robinet.

- J'aurais fait pareil? je lui demande depuis le canapé où je suis encore assise en tailleurs. C'est censé dire quoi, ça?

- C'était en 2006, dans ses eaux là. Pas de possibilité de regarder les épisodes en replay, aucun moyen d'enregistrer pour regarder plus tard...

- Les heures sombres de l'histoire britannique. J'espère qu'elle a acheté toutes les saisons en intégrale dès que les DVD sont sortis. 

   Comme le nombre de fois où Michael a évoqué sa mère adoptive se comptent sur les doigts d'une main, je ne sais pas trop comment il se positionne face à cette madame Johnson. J'aimerais demander à Michael si ils se parlent encore, mais je n'ai jamais l'impression que c'est le bon moment que de lui poser ce genre de questions. Est-ce que le moment sera un jour propice à ce genre de questions? Honnêtement, je ne sais pas. Mais c'est pas grave, c'est...

- Depuis que je suis parti, je lui envoie chaque année à Noël un coffret intégral d'une saison de Desperate Housewives. Cette année, c'est la sixième saison que je vais lui acheter.

   Oh. D'accord.

   Il revient dans le salon, pose le verre à moitié vide sur la table basse et vient s'asseoir à côté de moi sur le canapé. 

- C'est super mignon, comme tradition, dis-je finalement. 

   Il hausse les épaules.

- Tu lui parles souvent? j'ajoute l'air de rien en venant poser ma tête sur son épaule.

Michael Gray » Peaky Blinders AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant