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- Prends bien soin de toi ma chérie , hein ?

- Oui maman , répète-je pour la centième fois au bord de cette porte .

La chaleur de ce début de mâtinée m'étouffait déjà, je plissais les yeux en regardant les points lumineux parsemant le visage de ma mère à cause du soleil qui passait à travers les mailles de son chapeau de paille blanc .

- Tu m'appelles s'il t'arrives quoi que ce soit ! Répète-t-elle en me tenant à bout de bras par les épaules, j'ai demandé à l'adorable madame Barny d'en face de prendre soin de toi , alors si tu manques de quelque chose tu lui demandes d'accord , me sourit-elle .

- A qui d'autre tu as demandé de me surveiller maman ? Croisé-je les bras sur ma poitrine .

- C'est tout , enfin , je crois , plisse-t-elle la bouche , songeuse .

Je roule des yeux, ma mère est invivable dans ce genre de contexte , mais je l'aime quand même. Max klaxonne une dernière fois , depuis la voiture dans l'allée, impatient attendant pendant plus de vingt minutes que ma mère finisse de me donner des directives , c'est juste un mois. C'est pas grand chose et puis si je pars à l'université l'année prochaine, comment fera-t-elle ? Il faut qu'elle s'habitue , mais bon c'est une maman poule elle est comme ça .

J'espère ne pas l'être si un jour je suis mère .

- A très vite chérie. Fini-t-elle en descendant les marches pour se saisir de la portière de la voiture .

Elle m'envoie un baiser volant , et ils me saluent tous une dernière fois .

Je regarde la voiture progresser dans la ruelle, les bras croisés sur ma poitrine , lorsque je ramène mes yeux , ils se posent sur la maison d'en face , une des fenêtres à l'un de ses rideaux légèrement tiré et la moitié du visage dégarnie et fripé de la vieille madame Barney était figée derrière, pensant épier incognito je la regarde un bon moment, alors elle relâche le tissu violacé qui retombe et elle se cache derrière comme une voleuse prise en flagrant délit.

- Adorable Madame Barney hein ? Murmuré-je à moi-même dans un soupire d'exaspération en levant les yeux au ciel .

Je relâche mes bras et rentre de nouveau à la maison .

🔶

-Hors de question ! Il en est vraiment hors de question, ne m'oblige pas à retourner à la maison et à m'enfermer à l'intérieur ! Hurlé-je contre la rousse au côté conducteur de la jeep de sa mère .

- C'est bon , c'est bon ! Pas de fête chez toi , j'ai compris , finit-t-elle par dire .

- Vraiment ? Haussé-je les sourcils , pas convaincu que ce soit si facile .

- Oui, marmonne-t-elle incertaine , j'arrive pas à croire que ta famille soit partie et que tu te retrouves seule et que tu ne me le dise que maintenant , lance-t-il sois disant vexée .

- On se demande pourquoi , haussé-je les sourcils en la fixant d'un air sarcastique qu'elle comprend très bien malgré le fait qu'elle ne me jette que de brefs regards alternant entre mon visage et la route, ça fait que quelques jours en plus.

- Bon d'accord, murmure-t-elle agacée, rien n'empêche qu'une fête serait , commence-t-elle quelques secondes plus tard .

- Kate ! Haussé-je de nouveau le ton la coupant dans son élan .

- Bon ok ! Crie-t-elle aussi, t'es une coincée, t'es une coincée. Il n'y a rien à faire , finit-t-elle, amère .

Je me remets droite sur mon siège, le panneau en face de moi arbore en caractère gras une écriture usée par le temps :

{Welcome To Jonesville }
Bienvenu(e) à JonesVille
{County of Hillsdale }
Comté de Hillsdale
{U.S state of Michigan }
État américain du Michigan



- C'est encore loin ? Demandé-je à mon guide de la journée .

- Non, dit-elle en se tordant en mille pour pouvoir s'allumer une cigarette.

- Donne-moi ça, dis-je en lui retirant le briquet et en lui allumant le bout de sa clope.

- C'est à quelques kilomètres, dit-elle en recrachant la première bouffée, ils l'organisent à l'entrée, histoire que les étrangers n'aillent pas trop au fond de la ville, tu vois ?

- Ah d'accord, haussé-je les sourcils, je vois, répondis-je en sortant ma tête de la vitre, laissant mes cheveux mener un combat acharné contre le vent chaud qui naît de la conduite anarchique de ma rousse .

- Ça va être cool, on fera des photos dans les photomatons! J'adore ces trucs là , j'espère qu'il y en aura , il y en a chaque année , s'excite Kate sur son siège .

Je souris, c'est vrai que moi aussi avant j'aimais ce côté vintage que ça donne, j'ai toujours trouvé que les photos en format papier étaient cent fois mieux que ce qu'on peut voir sur nos écrans mais bon , c'est le développement, si on veut .

Je jette un coup d'œil à mon téléphone, silence radio, Cameron n'a pas donné signe de vie depuis mon apparition à l'hôpital il y'a deux semaines de ça, et avec le recule je me suis rendu compte que j'avais certainement bafouer les lois qui nous unissaient , alors c'est ma faute , et si tel est la sentence alors je l'accepte , je me passerai de ma sucrerie préférée.

Je chope le paquet de clope que la rousse a laissé sur le tableau de bord et en cale une entre mes lèvres, j'en ai besoin , pour décompresser .

- Tu fumes toi ? Me demande Kate en crachant sa fumée dehors .

Je m'acharne sur le briquet qui menace de rendre l'âme jusqu'à ce que l'une de ses dernières flammes mette le feu à ma cigarette, j'inspire et recrache le nuage blanc .

- Seulement quand il le faut, répondis-je en fixant la route droit devant moi, clope entre les doigts .

Kate hoche les épaules et augmente le son de la petite radio. Elle commence à effectuer des mouvements aussi disgracieux que drôle au rythme de la musique, je souris à cette image et espère au plus profond de mon être que je vais réussir à m'amuser un peu aujourd'hui .

Vos promesses 2 : InsertionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant