CHAPITRE 15 : L'eau et les larmes

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— Merde, jura Haïdès en s'élançant en avant

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Merde, jura Haïdès en s'élançant en avant.

Il s'extirpa de la lagune et se précipita vers elle. Les yeux révulsés, Aélig tremblait par intermittence, le corps saisi par les crampes. Un liquide noirâtre, mousseux, maculait les coins de ses lèvres.

— Merde, répéta-t-il en la prenant par la nuque puis par l'épaule pour la basculer sur le côté.

Dès qu'elle se retrouva sur le flanc, elle toussa et vomit un filet sombre dans un horrible haut le cœur. Il reconnut l'odeur fermentée et acide de son propre paralysant. Voilà qui était inhabituel. Son organisme venait d'expulser le poison, qui l'avait rendue passablement malade. Foutu gel structurel. De toute évidence, elle en avait bien trop dans le sang, si bien que la toxine ne l'avait affectée que quelques minutes. Elle allait être déçue. Au moins respirait-elle normalement, mais ne semblait pas disposée à ouvrir les yeux pour le moment. Évanouie.

La soulevant sans peine, il la porta jusqu'à l'étang, y retournant d'un pas empli de précaution. Elle ne protesta pas en se retrouvant dans l'eau. La maintenant par le cou afin de lui éviter de boire la tasse, Haïdès l'entraîna vers le milieu, jusqu'à ce que la pression liquide ne force ses membres à se détendre et quand il la sentit se relâcher entre ses bras, il soupira de soulagement. La blessure aux bords irréguliers qu'il lui avait infligée ne saignait déjà plus, se réduisant à une série de déchirures d'un noir mat. Troublé par cette proximité, il se recula, ne souhaitant pas la toucher plus que nécessaire.

Aélig demeura inconsciente assez longtemps pour l'inquiéter. Elle finit néanmoins par rouvrir les yeux, clignant des paupières d'un air ensommeillé. Puis elle l'aperçut au-dessus d'elle. Poussant un gémissement d'horreur, elle eut un violent mouvement de recul et, n'ayant pas remarqué qu'elle se trouvait dans l'eau, elle coula. Haïdès l'observa remonter dans de grands gestes désordonnés, soufflant de panique et crachant un mélange d'eau et de salive.

— Oh la vache, geignit-elle. Est-ce qu'on a.. ?

— Non.

— Je me disais bien, constata-t-elle en esquissant une brasse peu assurée.

Il nagea jusqu'aux marches à moitié inondées pour s'y hisser, laissant la partie inférieure de son corps dans l'eau, les jambes étendues. Il s'abstint de lui signaler qu'elle lui avait fait peur. Indifférente, Aélig continua à patauger un court instant, puis se contorsionna afin de se débarrasser du reste de sa combinaison.

— C'est mieux, soupira-t-elle, soulagée, avant de jeter le tissu trempé sur le marbre proche.

Prenant appui sur ses coudes, Haïdès se cala plus confortablement et ferma les yeux. L'entendre nager avec une maladresse bruyante lui procurait un bien-être étrange. L'eau avait effacé l'odeur salée de la sueur sur sa peau. Les bruits d'éclaboussure se rapprochèrent et ouvrant les yeux, il la vit prendre place sur le côté opposé des degrés de pierre humide.

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