CHAPITRE 1 : Le Poison

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La dénommée Sekhmet se déplaçait sans se retourner

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La dénommée Sekhmet se déplaçait sans se retourner. Ils la laissèrent prendre une avance confortable avant de s'engager à sa suite. Le vasistas débouchait sur un couloir aux arcades basses, mais Aélig était encore trop déboussolée pour s'émerveiller devant la richesse des frontons. Se rangeant à la hauteur d'Haïdès, elle l'apostropha immédiatement à voix basse :

— C'était quoi... ce truc ?

Il renifla.

— Un primordial, lâcha-t-il sans enthousiasme. Ceux-là, même moi j'ai pas envie de les faire chier, crois-moi. C'est le sommet de la pyramide.

— Et toi t'es où ?

— Juste en dessous. Normalement, répondit-il. Mais normalement, un primo-stygien en aussi mauvais état n'aurait pas été capable de conserver sa place et normalement, il n'est pas autorisé à faire ce qu'il fait, alors je ne sais pas.

Aélig rumina le sens de cette affirmation pendant quelques secondes. Haïdès avait encore ralenti le pas, souhaitant se retrouver le plus loin possible de l'apophide. De ce qu'elle avait appris, il les détestait. 

Mais, à vrai dire, il détestait tout le monde.

— Qu'est-ce qu'il fait d'interdit, au juste ? s'intéressa-t-elle dans un murmure inquiet. À part être vraiment affreux.

— Et bien... hésita-t-il. Il s'est affilié une apophide, au mépris de toutes les traditions et du bon sens. Le Styx doit vraiment être foutu pour le laisser faire en toute impunité.

— Vous avez raison, commenta Sekhmet d'une voix neutre en s'arrêtant. Pour le Styx. Je comprends l'anglais, vous savez, et j'ai une excellente ouïe.

— Et merde, grogna Haïdès.

Aélig eut un tressaillement coupable tandis que l'autre convergeait vers eux de son mouvement souple de reptation. Difficile de savoir si elle était en colère. Rien dans son attitude ne trahissait ce sentiment. Parvenant à leur hauteur, elle se redressa sur son appendice caudal. Ainsi, elle la dépassait à peine de quelques centimètres mais Aélig baissa tout de même le front.

— Je conçois l'étonnement, poursuivit Sekhmet dans son parler impeccable.

Comme le voulait l'usage, elle ne s'adressait qu'à lui. Aélig ne s'en formalisa pas. Ici plus encore que sur Thelxinoe, elle se savait à peine tolérée, protégée par la réputation impitoyable de son compagnon de route. Mais cinquante ans s'étaient écoulés depuis le départ de ce dernier, alors elle se demandait si cette sécurité n'était pas seulement temporaire.

— Je n'en tiendrais pas rigueur car vous êtes parti depuis longtemps et que vous êtes à peine adulte. Cependant, vous vous apercevrez bien vite que l'arrivée du seigneur Ka'Zed à la tête des bâtisseurs a bouleversé bien des choses, expliqua Sekhmet avec un calme marmoréen. Le culte de Zhu a au moins l'avantage de considérer les individus pour leur valeur réelle et non pas celle de leur bassin génétique. Je sais qu'en tant que Sobekien, vous avez beaucoup de mal à l'admettre. C'est bien connu que vous êtes les plus racistes d'entre nous.

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