CHAPITRE 18 : Cocotte-Minute

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Aélig avait fini par perdre toute notion de temps, ce qui était à la fois un soulagement et une malédiction. Les calmants que lui avait délivré le Dr Azaan l'enfonçaient dans un état de demi-conscience permanent et elle ne s'était presque pas alimentée de la semaine, dormant d'un sommeil sans rêves. 

Ses phases de réveil lui paraissaient se dérouler dans un univers dépourvu de couleur et de substance. Parfois, dans un flash douloureux, le visage congestionné de Hines revenait à la surface de sa mémoire et quand cela arrivait, elle reprenait une pilule pour sombrer dans l'oubli. 

Elle se doutait vaguement que sa pitoyable situation inquiétait son paternel.

« Il faut que tu te fasses hospitaliser », lui avait-il dit hier, ou avant-hier, elle ne se souvenait plus vraiment. Elle avait réussi à marmonner un refus vaseux.

L'idée de se retrouver dans un de ces nombreuses cliniques privées aux airs de sanatorium de luxe, remplies d'enfants de riches qui abondaient sur Carrière, la remplissaient d'un sentiment lancinant de désespoir. 

Elle avait ôté une vie humaine, et ce genre de choses ne se guérissait pas à coups de thérapies de groupe. 

Elle allait juste devoir apprendre à composer avec. Cela n'allait pas être simple et pour l'instant, son esprit refusait en bloc de s'y confronter.

À part son père, la seule personne qui était venue lui rendre visite était le docteur Eshe Azaan. 

La grande femme s'asseyait à son chevet pour lui caresser les cheveux et lui parler d'une voix apaisante. Sa mère ne s'était jamais comportée de cette manière et cette pensée lui faisait mal au cœur.

— Tu vas devoir prendre une décision, lui murmura la médecin. Nous allons partir et nous ne pouvons pas te laisser toute seule ici. J'ai appelé un collègue à la clinique Makson, ils t'attendent. Tu verras, ils prendront bien mieux soin de toi qu'on a pu le faire...

— Non, parvint à prononcer Aélig. Je vais bien. C'est juste la maladie du mouvement... ça va aller...

La voix féminine se perdait dans un brouillard laiteux. Aélig bailla. 

Elle ne savait pas si cette conversation se passait réellement maintenant, ou il y a quelques heures, ou même si tout cela n'avait lieu que dans sa tête. 

Cela n'avait pas vraiment d'importance.

— La maladie du mouvement ? interrogea doucement Azaan, à moins que ce fut quelqu'un d'autre ?

— Je ne sais pas... demandez-lui...

— Demander à qui ?

— Au Thanyxte. Ce n'est rien, maman, marmonna la jeune femme, tirant la couverture vers elle.

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