CHAPITRE 20 : Matricule Vol'Zan

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Haïdès avait l'impression de marcher depuis plusieurs heures, mais rien ne pouvait lui confirmer cela avec certitude

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Haïdès avait l'impression de marcher depuis plusieurs heures, mais rien ne pouvait lui confirmer cela avec certitude. 

Il n'avait pas osé poser la question à Aresh, l'IA étant trop affaiblie pour aligner des mots de plus de trois syllabes.

Devant lui, Servcentra Setesh sémillait de son pas parfait, s'orientant dans le dédale sans aucune lumière pour la guider.

Entraîné par un lien invisible attaché à l'IA à son poignet, le caisson hermétique de la taille d'un sarcophage flottait à sa suite. Il se retournait parfois pour vérifier que le cadavre en tenue ébène d'Iktara restait bien en position sur le couvercle lisse.

Après avoir franchi la première arche, la Voix l'avait amené dans la direction opposée à celle de la surface. Haïdès lui avait emboîté le pas sans protester. 

Aussi limitée qu'elle soit, la parole d'une machine obtuse était digne de confiance.

À l'instar de toutes les architectures logiques complexes, l'Esprit Profond Oraxen suivait un cheminement binaire invariable. Il ne disposait d'aucun système de pensée s'apparentant à ce que les humains nommaient morale. 

C'était bien pour cela qu'il avait éliminé pratiquement toute présence vivante sur la plateforme, puis avait accepté de l'aider. 

Une attitude absurde, mais cela ne l'avait pas étonné.

Tout comme lui, Nazarah était un opportuniste, s'adaptant au mieux en fonction de la situation. 

Haïdès avait survécu pendant plus de cinquante ans au milieu d'une espèce étrangère grâce à ce pragmatisme. Avant encore, c'était ce même trait de caractère qui lui avait permis de se sortir sans trop de dommages de la purge du Collectif Cephene, car depuis toujours, il se débrouillait pour servir au mieux ses propres intérêts.

Alors, et bien qu'il ne voulût pas vraiment le reconnaître, il comprenait les motivations animant l'horreur tapie dans sa forteresse de silice.

Tâchant de ne perdre la silhouette filiforme de Setesh de vue, il prêtait une attention distraite à son environnement. Le souterrain labyrinthique s'étirait sur des kilomètres tout autour de lui, ses nombreux embranchements trouant la croûte terrestre en profondeur. 

Les couloirs grossièrement taillés succédaient aux salles humides dans un rythme monotone. 

Ici et là, il notait la présence d'excroissances mécanisées, grimpant sur les murs pour se perdre dans les ténèbres.

Parfois, au détour d'un tunnel suintant, une grappe de nodules mousseux luisait d'un vert fané, donnant à la roche grise des allures de bas fond marin, et il se surprenait à regretter le ciel atone de la planète.

Glissant dans l'obscurité, la Voix ne se retournait jamais.

Quand ils longèrent une façade semblable à celle près de la plateforme ensanglantée, Haïdès réalisa pleinement l'immensité de la structure lovée au cœur de la planète. 

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