CHAPITRE 16 : Chronostase

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Bien plus tard, malgré son appréhension vivace, son retour dans le secteur habité se passa sans heurts

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Bien plus tard, malgré son appréhension vivace, son retour dans le secteur habité se passa sans heurts. La présence d'Haïdès à ses côtés n'y était pas étrangère, elle en avait conscience, mais ce fait lui épargnait sûrement une curiosité malvenue et elle s'en trouva soulagée. La petite communauté Thanyxte éparpillée sur les terrasses découvertes ne se montra cependant guère intriguée par sa présence. Aucun d'entre eux ne l'approcha à plus de dix mètres. Elle subit néanmoins bien des regards en coin – des murmures appuyés, même. Maîtrisant mal leur langue, elle ne put que deviner ce qu'ils disaient à son propos. Cet accueil d'une fausse indifférence glaciale l'incita à rester à l'écart, sans pour autant se sentir menacée de quelque manière, car Haïdès ne se trouvait jamais loin. Elle rencontra Kharôn une seule fois – de ce qu'elle comprit, il ou elle faisait office de figure d'autorité en ces lieux. Cette entrevue lui laissa une impression peu mémorable, l'autre se bornant aux banalités d'usage, la traitant comme si elle entamait tout juste un séjour touristique. À cet instant-là, même Haïdès avait ricané devant l'aberration qu'on leur servait, lui qui était d'habitude si inexpressif.

— Ils ne nous font pas confiance, affirma-t-il peu après le départ de Kharôn et de son escorte suspicieuse. Pour eux, nous n'avons rien à faire là.

Il voyait juste, bien sûr, et durant un temps, Aélig lutta contre l' envie de repartir à l'intérieur du labyrinthe, loin des regards inquisiteurs la lorgnant en permanence comme une bête curieuse. Elle s'en alla d'ailleurs quelques fois, fuyant les espaces communs quand l'anxiété lui pesait trop, mais cela ne faisait que repousser le problème. Elle ne voulait pas s'intégrer, pas vraiment. Le détachement factice des Thanyxtes noirs la mettait mal à l'aise – cette attitude ne lui inspirait aucune confiance et le badinage de Kharôn renforça sa paranoïa naissante.

Souvent, Aélig regretta d'avoir rejoint le secteur, car ici plus qu'ailleurs au sein de la structure, elle se sentait prise au piège. L'explorer ne changea son sentiment en rien.

La zone occupée par les Stygiens s'étendait sur des centaines d'hectares, se cantonnant pour la majeure partie à la périphérie de la chaîne des montagnes artificielles. Seules quelques cavités étaient colonisées ; ils évitaient les profondeurs comme si elles étaient maudites, y préférant les plateaux extérieurs et les jardins. Aélig ne vit rien qui puisse rappeler un quelconque foyer d'habitation, à part de minces alcôves à l'image de celle où elle s'était réveillée à sa sortie des entrailles de la mégastructure. Les endroits les plus fréquentés se trouvaient être les bassins et leurs abords, parfois couverts d'élégantes pergolas. Certains bâtiments pyramidaux semblaient leur servir de lieux de culte – les entrées, gardées avec soin, leur étaient systématiquement interdites dès qu'ils prenaient l'audace de les approcher.

— Je n'aime pas ça, avoua-t-elle alors qu'ils s'éloignaient.

Le seul Thanyxte qu'ils croisèrent près de la petite ziggourat fit un large détour en les apercevant. Haïdès le suivit du regard pendant un court instant.

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