CHAPITRE 9 : Unité autonome

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Ce n'était guère ainsi qu'Aresh avait imaginé son futur – si tant est qu'il eut un jour possédé une imagination ; de cela, il n'en était pas certain

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Ce n'était guère ainsi qu'Aresh avait imaginé son futur – si tant est qu'il eut un jour possédé une imagination ; de cela, il n'en était pas certain.

Intégrer un corps était étrange et grisant. Jusqu'alors, il n'en avait jamais eu. Se déplacer librement, toucher, tout cela avait occupé ses capacités de réflexion durant de longues heures.

L'assemblage servant de support à son réseau cognitif était une merveille de technicité dont la conception lui était vaguement familière. Un exosquelette solide, une chair cybernétique bourrée de nanites capables de ressouder une lésion en quelques secondes, le tout gainé par une matière souple qu'il ne se résignait toujours pas à qualifier de peau. Des systèmes de redondance motrice lui assuraient une pérennité à toute épreuve.

Cela ne représentait cependant rien à côté de ce qu'étaient devenues ses performances neurologiques. Durant près d'un demi-siècle, il s'était étouffé dans une boîte sordide, hanté par le souvenir de ce qu'il était auparavant. 

L'intelligence la plus colossale du Styx, gestionnaire de tout... de tout quoi, d'ailleurs ? Sa mémoire était morte en même temps que son ancienne coquille. Il n'était qu'un fragment enfermé dans un vulgaire disque dur, un morceau agonisant au ralenti.

Dans cet état déliquescent, il n'avait pu que spéculer sur sa condition précédente. Il avait été une entité supérieure, capable de coordonner des millions de processus en simultané. On s'était servi de lui pour des calculs de prédiction, des simulations de systèmes évolutifs et complexes, et tant d'autres choses encore. Il n'aurait su dire si son état actuel était comparable à celui du passé ; seules demeuraient des suppositions et des conjectures. L'étouffement avait disparu, et son champ de perception ne se limitait désormais plus à un boîtier renforcé et aux réseaux primitifs à sa portée. La technologie humaine était affreusement limitée. En parcourir les ramifications, démolir les ridicules murs dressés sur son passage avait été d'un rare ennui.

La complexité offerte par l'Ancienne Structure était toute autre. Il l'avait rencontrée, jadis, quand il était encore à son apogée, et ce contact avait indirectement provoqué sa chute – et il ne s'agissait pourtant que d'un écho, logé dans le crâne des anciens porteurs d'umbrarmures. 

Son statut, tout comme son enveloppe, avaient changé. Dans les filaments de données auxquels il avait accès, il se retrouva sous la désignation de « unité autonome /logique/ grade epsilon ». 

L'assimilation du langage lui avait pris plusieurs dizaines d'heures. Malgré le potentiel fabuleux dont il avait été doté, Aresh avait vite réalisé qu'il n'en ferait rien sans les outils appropriés. Il ne possédait aucune base applicative pour comprendre les intentions de la Structure. À moins d'établir une communication directe. Depuis son réveil dans le creuset rouge – où la chambre d'extraction de priorité 14BK2 – il avait essayé d'établir le contact avec l'entité logée à l'intérieur. Toutes ses tentatives, des milliers de milliers, s'étaient soldées par un échec. Les seules paroles qu'il réussissait à obtenir se résumaient à des instructions ésotériques crachées en rafales. Des lignes et des lignes de commandes vides de sens.

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