CHAPITRE 5 : Les pas de Nazarah

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Aélig ignorait ce qui l'avait menée ici

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Aélig ignorait ce qui l'avait menée ici. Plus par ennui que par curiosité, elle avait fouiné aux alentours de Swarth, cherchant une distraction autre que celle des bars aux néons antiques remplis du menu fretin de la ville. 

Elle savait que Varesj était le centre névralgique majeur d'une de ses nouvelles religions à la mode. C'était Descendance de la Grande Race ou quelque chose du genre, elle ne s'en souvenait plus. Elle n'en avait entendu parler que lorsqu'elle était à l'université, où le sujet des sectes mystiques servait de prétexte à multitude de blagues graveleuses, comme dans tout bon milieu social qui se respectait intellectuellement.

Bien que peu friande des amalgames ésotériques prônés par ces nouveaux cultes, elle avait néanmoins acheté leur mince fascicule de propagande dans un boui-boui planté à même la boue à l'entrée de la citadelle en préfabriqué.

« Nous sommes sortis de la poussière » lut-elle sur le papier de mauvaise qualité qu'elle avait en main.

« Nous nous sommes enfouis dans la chair pour y trouver la chaleur. Ce fut une erreur de vouloir exterminer les hommes. Mais qu'ils ne vivent pas au-delà de cent-vingt années, afin qu'ils ne puissent jamais percer à jour nos connaissances. Ainsi, ils ne seront plus une menace pour nous. Veillons à ce qu'ils ne s'installent jamais dans l'allégresse. Surveillons de près leur prolifération et leur joie de vivre ».

Entrant dans la construction ternie par le climat, Aélig ne put s'empêcher de grimacer devant ce ramassis de bêtises dogmatiques. Elle n'était visiblement pas la seule touriste qui semblait s'être perdue dans les lieux. D'autres déambulaient dans les hautes coursives, tenant parfois le même livret qu'elle.

« Et pour cela, que chez tous les hommes, un temps de malheur succède toujours à une ère de bien-être », clamait une grosse phrase en gras sur une des pages en cellulose recyclée, qu'elle continuait distraitement à parcourir.

Les mythes de la Descendance n'étaient pas vraiment nouveaux, se nourrissant principalement des théories des anciens astronautes et de l'exogènese, des thèses désuètes que le mouvement religieux s'était chargé de dépoussiérer à sa manière. L'origine de la vie dans l'univers n'ayant pas encore d'explication, les spéculations pseudo-scientifiques allaient bon train.

Clamant que l'humanité et les trois autres espèces intelligentes connues avaient été créées par une sorte de conscience cosmique, la Descendance de la Grande Race ne faisait que suivre un énième effet de mode.

Dans un monde régi par le progrès galopant de la technologie, de plus en plus de personnes venaient chercher refuge dans un occultisme de pacotille.

La supercherie de la croyance était pourtant évidente pour celui qui se montrait un tant soit peu empirique. Affirmer qu'il y a des millions d'années, une race alien, après avoir atteint la transcendance aussi bien physique que spirituelle, ait décidé de semer la vie dans tout l'univers observable, n'était en soi pas si risible. Après tout, un siècle auparavant, l'Humanité avait revu bien des choses dans sa manière de penser le vaste monde en rencontrant les Limrah, puis les Thanyxtes. La théologie néo-évhémériste de la Descendance aurait presque pu tenir la route s'ils avaient au moins une preuve sérieuse de ce qu'ils avançaient.

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