CHAPITRE 7 : Narcose des abysses

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La courte semaine qu'il avait consacrée à s'entraîner dans un environnement dépourvu d'attraction l'empêcha de vomir durant les dix premiers kilomètres.

L'impesanteur malmenait son oreille interne jusqu'à la nausée, mais Légion n'avait pas tellement le temps de s'en préoccuper, lancé qu'il était dans le vide intersidéral où il n'y avait ni haut ni bas. 

La seule lumière qui perçait les ténèbres environnantes était le mince halo du soleil lointain, dissimulé par la maudite planète prométhéenne. 

S'il n'y avait pas eu Shiva, il aurait eu l'impression d'avancer totalement à l'aveuglette.

Arrivé à trois mille mètres de la carcasse immobile de l'appareil adverse, il sentit le propulseur se désactiver dans un claquement qu'il ne perçut que par les vibrations de l'exo, le laissant dériver selon une trajectoire parfaitement calculée. 

Enfin, d'après les ingénieurs d'Hélion.

Il avait passé les quinze dernières minutes à prier pour que le prototype d'armure assistée que l'entreprise avait remis à neuf lors des semaines précédentes fusse complètement étanche. 

Le revêtement alvéolé, autrefois bordeaux, avait disparu sous une couche caoutchouteuse plus sombre, à l'odeur d'acrylique humide, renforçant l'isolation du blindage contre la morsure de l'hostilité extérieure.

Mais même sous cette demi-tonne de métal, de céramique et de composites divers, Légion se sentait minuscule et vulnérable.

Les yeux fixés droit devant lui, ravalant tant bien que mal les reflux de bile qui lui brûlaient l'œsophage malgré les antiémétiques dont on l'avait gavé lors de sa préparation, il regarda le vaisseau Prométhéen grossir dans son champ visuel jusqu'à emplir l'horizon de sa masse.

Les rayons anémiés de l'étoile, distante de plusieurs millions de kilomètres, allongeaient les ombres des éléments de la coquerie en une fantastique marelle de clair-obscur, soulignant les moindres aspérités et les défauts du fuselage avec une précision géométrique troublante.

Plus il contemplait cette titanesque forteresse flottante, plus ce qu'il s'apprêtait à accomplir lui paraissait vainement désespéré. 

S'il se retournait, il savait que le Lance ne lui apparaîtrait qu'en tant que point minuscule, pas plus gros qu'un débris supplémentaire dérivant dans le champ de déchets rocailleux à l'intérieur duquel il avait cherché refuge avant de l'expulser à l'extérieur.

Quand Lindstradt lui avait fait part de sa stratégie en détail, il y a six jours, Légion lui avait sincèrement ri à la figure.

Saboter un transport lourd était déjà difficile si on disposait de cuirassés, mais tout seul...

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