La seule chose qui avait sauvé la vie de Zar-Shâ était sa peau malade et à chaque fois que la Voix posait ses yeux – si on pouvait appeler ça des yeux – sur lui, elle ne manquait pas de le lui rappeler. Il la dégoûtait probablement, si cette créature pouvait ressentir la répulsion.
Il était une abomination.
Une insulte à sa perfection et à celle du dieu pour lequel elle parlait.
La cohorte Prométhéenne le traînait derrière elle comme une escorte royale le ferait avec un bouffon, lui l'Archiviste âgé de plus de trois cents ans. Le dernier des Sylphanètes.
À la fois privilégié et maudit, il regardait sa propre race se détériorer et ne rêvait que d'évasion.
À force, il en avait perdu la notion des années.
Dans l'espace noir, le temps n'avait pas lieu d'être.
Aujourd'hui, leur flotte disparate traversait un système aussi stérile qu'eux, mais le vaisseau B317 n'avait pas d'ouvertures pour que Zar-Shâ puisse le voir.
Il était enfermé dans les entrailles rouillées et humides de la bête antique qui le transportait, lui et les autres, sans aucune échappatoire.
Accrochée à son nid de tubes cylindriques pulvérulents, la tête en bas, la Voix contemplait la procession d'esclaves, venant déposer leurs prises de guerre sur Alliance devant elle, semblant faire des offrandes à une idole barbare.
La structure qui soutenait l'espace surélevé sur lequel Setesh avait élu domicile rappelait un orgue étrange et difforme, renversé vers le bas.
Les canalisations qui couraient sur les parois finissaient par se rejoindre en un nœud compact au plafond, dégueulant câbles et tuyaux calorifères humides.
Il y avait aussi de nombreux autres appareils pointus, engrenages et ganglions luisants mais Zar-Shâ, à l'instar de son peuple agonisant, n'était guère versé dans les sciences techniques et ne comprenait pas grand-chose à la complexité des assemblages de Nazarah.
Quand vint son tour, le vieil Archiviste baissa automatiquement la tête.
Non pas par respect, ni dévotion, non. L'apparence de la Voix était juste si hideuse qu'il faisait de son mieux pour ne jamais la regarder.
Autour de lui, débarrassés de leurs heaumes, les autres se livraient à leur rituel atroce.
Se servant de gamelles cabossées ou du creux de leurs mains parfois, ils venaient recueillir le pus que dégorgeait la construction pour s'en abreuver.
Voilà bien des années que le gel avait remplacé leur nourriture.
Zar-Shâ n'y avait jamais eu droit.
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IMPACT
Science FictionPersonne n'échappe à Hélion GmbH, le plus gros fabricant d'armes du Système Circulaire. Ni la fille du patron de l'entreprise. Ni le mercenaire malchanceux essayant de revendre du matériel de la compagnie suisse pour arrondir ses fins de mois. Ni M...