CHAPITRE 11 : Sh'lach li mal'ach

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L'après-midi touchait à sa fin, et l'astre qui imposait une écrasante chaleur à l'exoplanète perdait peu à peu de son emprise alors qu'il glissait vers l'horizon déchiqueté. 

Le jaune vif de la lumière mourante se mêlait à la terre de Sienne veinée de beige des canyons escarpés et bulbeux, dégoulinant lentement sur les parois à la teinte mielleuse, peignant des reflets sanguinolents sur la caillasse pointue, comme si on avait aspergé la roche de sirop d'érable.

Le Thanyxte avait passé plus de cinq heures dans l'eau et y était encore quand Aélig s'avança vers la piscine à débordement.

— Je déteste cette planète, lui annonça-t-il sans préambule. J'ai l'impression de cuire dans un four.

Contournant soigneusement la combinaison d'un gris terne abandonnée au sol, la jeune femme s'installa sur une chaise longue, posant son gobelet emperlé de condensation sur la petite table à côté.

— Vous n'allez pas me faire croire que vous n'avez jamais mis les pieds sur Carrière, dit-elle.

Même si elle ne portait qu'un short ample et un débardeur, et que la température avait baissé, elle avait encore très chaud.

— Quel intérêt ? prononça Vol'Zan en s'accoudant au rebord du bassin. De toute manière, je n'ai pas vraiment les moyens d'y vivre.

— Je croyais que les bêtes à sang froid aimaient la chaleur, commenta Aélig, avant de prendre une gorgée de son thé glacé avec délectation.

— Je n'ai pas le sang froid, répondit simplement l'alien.

— Sérieusement ? demanda-t-elle, tombant des nues. Mais, j'ai toujours entendu que les Thanyxtes...

— Et bien, c'était faux, la coupa-t-il. Mon corps est en permanence à température constante, même s'il ne produit pas de chaleur. Ça s'appelle la gigantothermie.

— Je n'ai absolument aucune idée de ce que cela veut dire, constata Aélig avec un soupir exaspéré.

— Peu importe, répondit-il de l'autre bout de la piscine.

Secouant la tête avec discrétion, elle préféra garder le silence. 

Elle se dit que l'alien avait quand même un sacré culot, de débarquer ainsi pour squatter la piscine comme s'il s'agissait d'une station balnéaire et de lui parler ensuite sur ce ton condescendant. Aélig ravala cependant bien vite son énervement, car elle savait qu'elle n'avait aucune chance de gagner une joute verbale contre lui. 

Elle n'osait même pas lui demander combien de temps il comptait rester.

Qu'est-ce que ça pouvait lui faire, de toute manière ? 

La villa était assez grande pour contenir tout un orphelinat. Drôle d'ambiance, tout de même. Dans le crépuscule étouffant, elle se retrouvait une fois de plus à discuter avec le Thanyxte au bord de l'eau, à croire que cette répétition systématique allait désormais être une partie intrinsèque de son existence. 

IMPACTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant