CHAPITRE 6 : Directeur d'exécution

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Cooper avait merdé, et pas qu'un peu.

Cette lucidité ne lui rendit pas les jours suivants moins pénibles, bien au contraire. Enfermé dans sa cabine, la porte gardée en permanence par un des cerbères de l'entreprise, fusil d'assaut bien en évidence, il avait eu tout le temps du monde pour réfléchir à ce qui s'était passé.

Et il avait beau retourner la chose dans tous les sens possibles et imaginables, la conclusion était invariablement la même : il avait merdé.

Encore.

Il ne savait faire que ça, depuis le début. 

Sa vie était une série d'échecs programmés à l'avance. 

Il n'avait pas réussi à tenir plus d'un mois sans se faire déborder par ces putains d'implants fichés dans sa chair comme autant de tiques invisibles.

Personne n'avait jamais vraiment pris la peine de lui expliquer comment ces choses fonctionnaient, mais il savait que c'était plus facile à contrôler quand il était neuf. 

Comme si le fait d'éparpiller son esprit dans huit corps supplémentaires lui permettait de mieux appréhender celui-ci. 

Car en vérité, Légion n'avait aucune foutue idée de qui était Axton Cooper, à part que c'était le nom que portait l'ancien propriétaire de ce sac de viande qu'il occupait désormais. Il ignorait si cet organisme était le sien, s'il était né dedans, ou bien s'il s'était juste retrouvé coincé à l'intérieur lorsque le CSW avait essayé de mettre fin au programme LE9ION. 

Il ne s'en souvenait plus. 

Parfois, cela le rongeait, lui faisant éviter les miroirs autant que possible et d'autres jours, il parvenait à l'oublier. 

La plupart du temps, sa condition littéralement transhumaine ne lui posait pas plus de problèmes que ça.

Seulement voilà, comme tous les esprits nomades conçus en cuve, il était, et avait toujours été très impulsif et forcément, cela lui jouait de sacrés tours. 

Il n'arrivait même pas à déterminer ce qui lui avait pris de se jeter sur la fille Lindstradt après l'avoir si cruellement envoyé paître.

Cette pauvre créature était peut-être gâtée et capricieuse plus que de raison, mais elle ne méritait pas qu'il la traite de cette manière. 

C'était pourtant ainsi qu'il fonctionnait. Il ne pouvait s'empêcher de fracasser la moindre des belles choses dont il arrivait à s'emparer. 

Ce n'était pas très grave, mais aujourd'hui, il savait qu'il ne s'en sortirait pas aussi facilement que les fois précédentes. 

S'il s'en sortait, bien sûr.

Lindstradt devait vraiment être dans une colère noire, pour le laisser croupir aussi longtemps dans son hub devenu cellule d'isolement.

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