CHAPITRE 17 : Substitut

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Leur ascension pénible dura un quart d'heure, chacun s'efforçant de faire le moins de bruit possible en montant les marches métalliques, mais avec le poids conjugué des armures, c'était peine perdue

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Leur ascension pénible dura un quart d'heure, chacun s'efforçant de faire le moins de bruit possible en montant les marches métalliques, mais avec le poids conjugué des armures, c'était peine perdue.

Ils parvinrent enfin au sommet, deux cent cinquante mètres plus haut, débouchant sur le poste de contrôle qui offrait une vue panoramique sur le massif cabossé aux alentours.

Sur la paroi gauche, un large sas fermé donnait sur une sorte de voie téléphérique et une passerelle, reliant la tourelle ovale à un autre bâtiment rondouillard, planté sur la falaise adjacente à une centaine de mètres. La cabine de transport de fret, vide, était collée au treuil épais par une liaison magnétique. Celle-ci crachait parfois son trop plein d'énergie dans une explosion d'étincelles, illuminant d'éclats bleutés la pièce dévastée.

La console de commandes et de contrôle de toute la machinerie du hangar avait été littéralement éventrée.

On avait vidé les panneaux de leurs composants, câbles, tuyaux et fibre optique qu'ils contenaient, pour les étaler sur la table électrotechnique qui ornait le milieu de la chambre.

Les écrans, qui se trouvaient normalement à hauteur des vitres, avaient été renversés ; on avait décroché les leviers et les caméras sophistiquées pour les poser dessus. L'ensemble formait une masse fantastique de fils électriques, cartes-mères, résistances cathodiques grésillantes ; une sculpture profane, interconnectée dans l'anarchie la plus totale, surmontée par une grappe d'œillets appartenant à des dispositifs de vidéosurveillance, allumés par on ne sait quel miracle si on se fiait aux voyants clignotant lentement.

Des soudures maladroites soutenaient la cohérence structurelle de l'engin.

C'était une véritable abomination cybernétique, une créature de Frankenstein bricolée à la va-vite à grands renforts de gaines, de valves boulonnées et de circuits analogiques à moitié fondus. Au milieu de ce chaos, on distinguait, dans le désordre, plusieurs tablettes intercom aux écrans fissurés, quelques disques durs arrachés à leur data-center, les cathodes et résistances d'un poste de radio suranné et même ce qui ressemblait de loin à l'énorme fusible d'un tableau électrique. 

Mis à part l'étrange assemblage, l'espace arrondi était vide de toute présence humaine.

— Qu'est-ce que c'est que... ce délire, s'hallucina Lindstradt en s'avançant en premier.

Tout comme les autres, son attention s'était entièrement focalisée sur la construction qui avait envahi la table. L'air était inhabituellement chaud, charriant un arrière-goût de poussière cuite, l'odeur d'une machinerie qui peinait à se maintenir en vie alors que la plupart de ses éléments étaient en train de crever en grésillant.

— C'est alimenté, remarqua Aélig en indiquant un mur en arc de cercle.

D'énormes gaines de téflon avaient effectivement été sorties du mur, artisanalement raccordées à l'ensemble.

IMPACTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant