CHAPITRE 17 : Prise de contrôle directe

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Malgré toutes les connaissances rassemblées durant son existence, Haïdès n'avait pas de mots appropriés pour décrire ou même qualifier ce qu'il voyait devant lui

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Malgré toutes les connaissances rassemblées durant son existence, Haïdès n'avait pas de mots appropriés pour décrire ou même qualifier ce qu'il voyait devant lui.

Absurde, pensa-t-il en premier lieu.

C'était grand, vertical, étendu jusqu'à l'exagéré et très haut aussi ; il n'en percevait qu'une infime portion car le reste se perdait dans l'obscurité. 

C'était plutôt plat, parfois traversé d'excroissances formées par de vagues formes cubiques, celles-ci surgissant de sa surface comme autant de terrassements incompréhensibles.

Percée de sphincters, de grillages et de circuits de ventilation, une façade d'immeuble mécanique se dressait dans les ténèbres, mais il était bien en peine de déterminer de quelle manière cette masse s'agençait, ou quelle logique dictait la disposition de ses éléments. 

L'infrastructure semblait avoir fusionné avec la roche poreuse aux alentours, y incrustant des nodules de silice compact et irisé en guise de points de suture. 

Les conduites rampant sur la muraille esquissaient un réseau de veines quasi-organique.

— Bordel, répéta Lindstradt d'une voix moins forte, accentuant son désarroi d'un geste de la main peu assuré. C'est quoi ce truc ? On dirait... une usine de traitement des eaux usées, mais en dix fois plus gros...

Ce commentaire lui avait probablement été inspiré par l'odeur fétide qui commençait à envahir les environs, portée par une brise indécelable, comme si une trappe avait été ouverte dans les tréfonds pour révéler une fosse nauséabonde.

Il était vrai que la construction ressemblait beaucoup à une protubérance industrielle, d'une laideur et d'une difformité pratique. 

Mais elle était aussi tordue et anguleuse, à l'instar d'une œuvre d'art oubliée. 

Cette mosaïque rugueuse était recouverte d'une mousse infâme, se mêlant à la tuyauterie coudée pour accoucher d'une véritable jungle suspendue. 

La végétation rachitique, privée d'un ensoleillement correct, continuait pourtant à croître telle une maladie mousseuse, dégoulinant sur des centaines de mètres. L'ensemble suintait.

D'aussi loin, il était impossible de déterminer s'il s'agissait d'eau ou de pus, mais l'odeur de saumure et d'humus charriée par des ruisseaux turpides, saisissable même à cette distance, était insupportable.

Debout à trois enjambées de son géniteur, Aélig contemplait cette apparition fantastique la bouche légèrement entrouverte, et Haïdès dut lutter contre l'impulsion soudaine de la traîner le plus loin possible de cette chose qu'il ne saurait nommer.

Visiblement intéressée, Iktara avait fini par se camper sur ses deux jambes, accueillant la muraille décomposée d'un grognement à peine perceptible.

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