La démarche saccadée, le rythme irrégulier, mon cœur s'aventure dans la profondeur de l'océan. Un océan sombre et fascinant dans lequel on se perd. Quelques fois, on rencontre un éclair de lumière qui laisse transparaître une couleur verte. Mon vert favoris. Je ne sais pas pourquoi ni comment c'est possible d'avoir des iris si expressives et en même temps si vides. Les miennes, elle sont sombres et il n'y a rien d'intéressant à les contempler. Les siennes, je ne m'en lasserais jamais.
Je ne sais pas ce qu'il doit penser à cet instant, une chose est sûre, il doit trouver ça bizarre que je le fixe. Je m'étonnes moi même à pouvoir maintenir ce contacte pendant si longtemps. Par longtemps je veux dire une bonne minute. Lorsque je commence à réaliser que ce n'est ni normal ni poli, je finis par me concentrer de nouveau sur les œufs dans mon assiette.
- Pour quelqu'un qui voulait parler, t'es bien silencieuse d'un coup.
Sa voix éclate la bulle que je m'étais créée. Je reste silencieuse. Je ne sais absolument pas quoi dire à cet instant. J'imagine qu'il me faut encore un peu de temps avant d'oublier ma colère intérieur.
- Pourquoi tu fais tout ça, Diviya ? Et me répond pas que c'est parce que je suis quelqu'un de bien, c'est un prétexte.
Je finis ce que j'ai dans mon assiette avant de prendre une serviette et m'essuyer les coins de bouches. Oui, j'essaie de gagner du temps.
- Je fais ça en tant qu'amie ?
Je ne sais pas pourquoi je formule ma phrase sous forme de question. Ah en fait si, c'est parce que je ne suis moi même pas convaincue par ce que je dis.
Il a finit par lui aussi poser ses couverts et croiser les bras devant lui avant de s'installer le dos bien enfoncé dans sa chaise.
- En tant qu'amie ? Hier tu m'as dit qu'on était pas amis.
Oui, c'est vrai. Mince, Mince et Mince.
- Et bien ça a changé depuis hier. Dis-je en tentant un léger sourire.
Pas très convaincant, le visage de Denis reste toujours impassible.
- Tu les laisses tous t'embrasser tes potes ? Parce que perso, je fous jamais ma langue dans celle de Paloma quand je la croise.
Ok, c'est bon je me sens pas bien du tout. La température de la pièce a augmenté d'un seul coup et mes joues sont prêtes à exploser. Je décide d'attraper mon verre d'eau et d'en boire le contenu d'un seul coup. Malheureusement, ça ne fonctionne pas. J'ai toujours aussi chaud.
- Non bien sûr que non, j'ai jamais embrassé quelqu'un d'autre que toi de toute façon.
Quand je me rends compte de ce que je viens de dire j'ai encore plus envie de m'échapper. J'ai envie de sortir de cette maison et m'en aller en courant. Je passerais sûrement pour une folle, enfin plus qu'il ne semble déjà me voir.
Ses yeux se sont arrondis et il s'avance sur sa chaise.
Je décide finalement que c'est le bon moment de débarrasser la table. Je me lève brusquement et récupère mon assiette et mes couverts pour me diriger en vitesse dans la cuisine. Par la même occasion, j'essaie de récupérer mon souffle, d'organiser mes pensés et de prendre du recul sur tout ça. J'ai l'impression d'être complètement hors de contrôle. Je n'ai plus de filtre, je dis ce qui me passe par la tête et ça m'effraie.
Soudain, je sens un souffle chaud s'échouer contre mon cou. Je sursaute quand je tourne la tête sur ma droite et que j'y découvre le visage de Denis. C'est encore plus difficile comme ça, je n'arriverais jamais à contrôler ma respiration tant qu'il est dans les parages.
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Trésor d'une vie (T1 + T2) | En pause
RomantikJe m'appelle Diviya Taller. Un prénom très cambodgien pour une américaine n'est-ce pas ? Ma vie c'est mon épreuve et chaque jour, je lutte pour oublier ces douleurs qui me tourmentent depuis mes six ans. J'ai été abandonné par ma maman, Rama. En p...