Trésor d'une vie (T1 + T2) | En pause

Chapitre 25

Dans le noir, j'entends la pluie s'abattre. Dans la peur, j'entends mon cœur battre. Dans le vide, je tombe. J'ai froid et c'est pareil pour Tej. Il se blottit contre moi, son cœur guidé par la peur lui aussi. Ça fait deux jours que nous n'avons pas quitté ce lieu que je n'ose décrire par des mots. C'est un abris.
Aucun enfant ne devrait avoir un choix à faire entre se nourrir et se protéger. Les deux semblent aller de soient et sont surtout nécessaires.
Malgré ça, on vit. On a décidé de survivre, mais pour combien de jours encore ? Combien d'heures ? Le compte à rebours est lancé, que ce soit pour moi où ce petit chiot. La ville cambodgienne ne sera pas notre alliée.

Je descends du bus un peu sonnée. La nuit ne m'a malheureusement pas portée conseil. Mes cauchemars toujours présents et mes pensées toujours aussi instables.

Je me dirige vers l'amphithéâtre G qui se situe à l'autre bout du campus non loin du gymnase. J'aperçois quelques étudiants courir en tenue de sport. C'est un bel endroit pour courir, c'est vrai. De la verdure, de jolies chemins et puis c'est le campus donc on peut rapidement aller en cours ou réviser à la bibliothèque universitaire.
Je pensais pas que la fac ce serait aussi différent du lycée. Chacun vie sa petite vie sans pour autant déranger celle des autres. Ce qui fait une grande différence avec mes années lycées. Heureusement que j'avais Jessy.

En parlant de Jessy, je suis plutôt rassurée. Tout ce qu'elle a dit sur moi, elle ne le pensait pas et ça me soulage beaucoup. Même si sur le coup, ces mots étaient bien douloureux, le temps guérit les choses à ce qu'on dit. Enfin, je pense tout de même que ça dépend de certaines choses. Certaines choses sont gravés en nous et ne disparaîtrons jamais, j'en suis convaincue. Les traumatismes restent. Les personnes et les visages, restent. Le temps est bon remède mais parfois il n'est pas suffisant pour guérir.

J'arrive parmis les premiers dans l'amphithéâtre, j'essaie de retrouver Jessy mais je ne l'a voie pas. Après tout, nous ne sommes que deux à nous connaître en première année. Si on discute dans l'amphithéâtre on ne risque quand même pas de se faire attraper.

Je décide de sortir mon téléphone pour lui adresser un petit message.

Notre dernier message remonte à presque un mois, c'est assez attristant. Quand je pense que tout cela est à cause de Denis ! Ce Denis qui a brisé le cœur de mon frère et de ma meilleure amie. Le Denis blessant et arrogant qui ne se gêne pas pour dire ce qu'il pense. Il est aussi imprévisible qu'attirant, enfin je suppose étant donné ses nombreuses conquêtes.

Qu'est-ce qu'elles peuvent bien lui trouver ? Je devrais demander à Jessy. Pourquoi lui ? C'est son physique ? Et bien pourtant il n'a pas grand chose d'attirant, si ce n'est peut être ses yeux. La couleurs de ses yeux est hypnotisante, lorsqu'on les croise on ne peut s'y détacher. C'est un gouffre sans fin qui emporterait n'importe qui sur son passage. Il y'a aussi peut être sa taille. Il est plutôt grand ce qui peut sembler rassurant, j'imagine. Ça peut être pratique pour faire peur aux personnes mal intentionnées. Mise à part ça, il n'y a rien. Son caractère, ça ne sert à rien de creuser, l'ensemble des défauts, il les a.

Menteur, manipulateur, dragueur, méchant, vulgaire, énervant, très énervant !

- Salut Vivi !

Je sursaute en entendant la voix de Jessy à ma droite. Je ne l'ai pas entendue arriver.

- Pardon, je t'ai fais peur. S'amuse-t-elle.

- C'est pas grave. Répondis-je.

- Tu pensais à quoi ? Elle demande tout en retirant son cahier du sac, ainsi qu'un stylo.

- Quoi ?

Elle s'arrête un instant puis me regarde en souriant.

- Laisse tomber. Je sais à quoi tu pensais, alors t'as pu trouver un moyen de le faire venir ?