Chapitre 46

87 7 0
                                    

On dit souvent que le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je crois que cette citation désigne parfaitement mon état en ce moment. Les yeux fermés, le souffle en suspend, le cœur en hypertension, je me laisse entraîner dans ce nouveau monde dont j'ai fais hier la connaissance. Cette fois-ci, je veux y rester encore plus longtemps. Je veux y planter mes racines, les voir se multiplier et ne plus jamais se décrocher.

C'est exactement ce que je ressens quand il m'embrasse. J'ignore si ça fait le même effet pour tout le monde ni si tout le monde embrasse de cette façon, en revanche ce que je sais c'est ce que ça fait avec lui.

Après quelques minutes que je considère bien trop courtes, elles se décollent. Ses lèvres s'éloignent doucement mais sûrement. Me forçant alors à ouvrir les yeux. Je suis merveilleusement accueillie par ses deux iris colorées.

Ensuite, il retire aussi ses deux mains de ma nuque pour finir par s'éloigner définitivement de moi. Son odeur ne chatouille plus mes narines à mon plus grand désespoir. Il se redirige vers la cuisinière alors que j'attends qu'il ouvre ma bouche pour me dire quelque chose. J'attends encore et encore qu'il m'explique cette soudaine envie, qu'il me dise ce ressentis... Mais rien.

Je ne sais plus quoi faire ni que dire. C'est comme si j'étais un somnambule qui reprenait doucement conscience de la réalité.

Je me réveille.

- Va prendre ta douche le temps que je pose la table.

C'est tout.

C'est la seule chose qu'il estime appropriée à énoncer après ce qu'il vient de faire. C'est tellement frustrant. J'ai envie de me mettre en colère, lui demander ce qu'il lui a pris mais je n'ose pas. Bien au contraire, je me tais et sors de la cuisine, enfant obéissante que je suis.

Je monte les marches encore perturbée.

Il ne peut plus faire ça ! Il ne peut pas me faire ressentir ça pour m'abandonner juste après, je sais que la prochaine fois, je ne tiendrais pas le coup. John m'a pourtant bien dit plutôt que pour lui, embrasser n'était qu'un détail et que pour moi c'était bien plus. Alors il avait vraiment raison. C'est difficile à admettre, mais c'est la vérité. Il fait bien plus avec d'autres filles alors pourquoi m'imaginer que je suis privilégiée ?

J'arrive finalement dans la chambre de Paloma et je remarque que son placard est presque vide. Il y'a des dessous, c'est déjà ça en revanche il n'y a que des pyjamas à l'allure assez douteuse. Certains sont roses, d'autres noirs, ils sont recouverts de dentelles pour la plupart. Je finis par fouiller et finalement trouver un grand teeshirt de couleur grise. Ça ressemble d'ailleurs plus à une robe qu'un tee-shirt. Je n'ai pas vraiment le choix alors j'attrape le vêtement avant de me précipiter dans la salle de bain.

Quand je passe devant la glace, je ne peux m'empêcher de me comparer à elles. Il y a Jessy, Valentina et bien d'autres et une chose me tape immédiatement à l'œil. Je n'ai absolument rien avoir avec elles. Physiquement, je ne leur ressemble pas du tout. J'ai des traits bien moins délicats qu'elles. J'ai le teint bien plus sombre, ce qui a toujours éveillé les soupçons quand je présentais Amber et Aless comme mes frères et sœurs.

Je me trouve absolument horrible. Mes cheveux sont regroupés en une queue de cheval à moitié défaite, mon visage ne possède aucune chose attrayante. Même avec tout le maquillage du monde, je n'arriverais jamais à la cheville d'une de ces filles.

C'est plus fort que moi, je me dis encore une fois qu'il a fait ça pour me faire taire. C'était simplement un moyen pour lui d'éviter toute discussion, la seule chose dont je suis persuadée c'est que ce n'est pas en rapport avec sa vengeance. J'ai beau accorder à ce genre de rapprochement une importance extrême et lui un simple contact sûrement quotidien, je sais que la vengeance n'a rien avoir avec ça.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant