Chapitre 15

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- J'arrive pas à y croire que tu nous aient remplacé.

- Non, ce n'est pas le cas. Jamais je ne réussirais.

- Pourtant c'est cet homme que tu appelles grand frère et cette femme que tu appelles maman.

- Ils m'ont sauvé la vie.

- Ta vie n'était pas en danger jusqu'à que tu décides d'y mettre fin. C'est toi Diviya, toi et toi seule qui est responsable de tout ça et jamais tu ne te le pardonneras.

- Non, je t'en prie maman: Aide-moi !

- Ne m'appelle pas maman, seuls Anil et Jaï ont en le droit, ce sont eux mes enfants. Pour toi je resterais Rama.

Je me lève brusquement de mon lit en me passant une main sur le visage.

Ce n'était qu'un cauchemar...
Encore un de ces horribles cauchemars.

Il n'y a pas de lumière qui traverse les fins rideaux de ma chambre témoignant de l'heure encore tardive qu'il doit être.

J'essaie de remettre de l'ordre dans mon lit et j'attrape mon téléphone portable pour y jeter un coup d'œil.

2:45.

Il est si tôt encore mais il est hors de question que je me rendorme après ça.

Ça faisait maintenant presqu'une semaine que je n'avais pas fait un de ses horribles cauchemars. Je pensais que ça commençait à disparaître mais j'ai eu tort. On dirait qu'ils ne me quitteront jamais.

Je décide d'attraper une veste pour couvrir mes bras dénudés et de sortir de chez moi prendre l'air.

Le silence dans les rues paisibles de Washington est bien trop apaisant. C'est tellement différent des rues pleines du Cambodge où les véhicules ne cessent de rôder même en pleine nuit, où les disputes éclatent dans chaque coin de rue, où les enfants courent pour traverser ces routes couvertes de déchets.

Je sais qu'il existe de beaux endroits dans mon pays de naissance mais malheureusement je n'ai jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds.
Je ne pense pas d'ailleurs un jour parvenir à revoir ce pays qui pour moi est synonyme de douleur.

C'est comme si un jour vous faisiez un accident de voiture et que par miracle vous y surviviez puis des années passent sans que vous n'y remettiez les pieds. Vous y rendre de nouveau serait comme faire ressurgir un passé douloureux. C'est exactement pareil.

Sans m'en rendre compte, je me trouve devant la grande maison de Jessy. Les lumières sont éteintes, tout le monde semble endormis. Les parents de Jessy sont souvent en voyage d'affaires, ce qui nous laissait souvent le temps de dormir à pas d'heure lorsque nous étions plus jeunes. Des soirées passés devant la télé avec une boite de pop corn.

Je pensais que personne ne serait capable de nous retirer cette amitié.

- Tu fous quoi ici ?

Je manque l'arrêt cardiaque en entendant une voix grave derrière mon dos. Quand je me retourne, je tombe sur un homme qui me dépasse bien de deux têtes. Je le reconnais instantanément.

- Alors ?

Je me contente de l'ignorer et de faire demi-tour vers chez moi. Il doit être prêt de trois heures du matin et j'ai un cours de physique demain.

Puis d'abord qu'est-ce que lui fait là ?

Il finit par me rattraper et me couper le passage.

- Il est trois heures du matin et tu traînes dehors seul en pyjama, c'est quoi ton trip ?

- C'est pas tes affaires Hernandez. Dis-je.

Le principal concerné me regarde à présent étrangement toujours en arborant son expression ferme.

- Hernandez...c'est comme ça que tu m'appelles maintenant.

- C'est ton nom pourtant.

- Ce n'est pas mon prénom.

- Tout le monde t'appelle comme ça. Dis-je.

C'est vrai, j'ai toujours eu l'impression d'être la seule à ne pas employé son nom pour l'interpeller.

- Donc tu fais comme tout le monde.

- Ce que j'essaie de faire à l'heure actuelle c'est de rentrer chez moi en paix.

- Pourquoi tu en es sortit à cette heure-ci ? Me demande-t-il en croisant ses bras contre son torse.

Je pourrais le contourner et rentrer chez moi en courant mais je ne le fais pas. Peut être qu'au fond de moi, moi aussi je veux savoir ce qu'il fait ici.

- J'avais besoin de prendre l'air et toi qu'est-ce que tu fais ici ? Réussis-je à demander.

Il sourit fièrement avant de me répondre :

- J'étais passé voir Jessy.

Pourquoi ça ne m'étonne pas de lui. Cette fois-ci, je suis bien déterminée à le laisser planter là.

J'arrive pas à le croire, il a même pas honte. Il voit Dana puis Jessy en même temps sans que ça ne lui pose aucun problème et surtout il vient m'adresser la parole comme si la dernière fois qu'on s'était croisé on avait fait un Scrabble. Il est complètement dérangé.

Je ne dois plus adresser la parole à cet idiot. Une chose que j'ignore c'est pourquoi à cet instant je le fixe avec deux grands yeux ? Pourquoi je n'arrive pas à lui cracher tout ce que je pense de lui ? Je suis une poule mouillée, voilà tout.

Je décide finalement d'avancer assez rapidement pour éviter qu'il ne me rattrape encore une fois. Après plusieurs minutes de marche, je finis enfin par arriver devant chez moi.

- Évite de sortir seule en pleine nuit, je dis ça pour toi.

C'est pas possible, il m'a suivit.

- Et toi évite de suivre les filles ça fait flipper !

Je suis moi même choquée du ton que j'ai employée. Assez fière de moi, je lui fais face non sans lui montrer qu'il m'agace.

- Je te fais chier hein ? Me demande-t-il l'air amusé.

- Écoute, je ne sais pas à quoi tu joues mais tu vas devoir arrêter ça. Tu n'es plus l'ami de mon frère et tu sors avec Jessy autrement dit, je n'ai plu rien à voir avec toi donc fiche moi la paix !

- Je ne sors pas avec Jessy.

On a clairement pas la même définition de sortir avec quelqu'un.

- Tu sais quoi je m'en fiche de ça aussi. Fait ta vie, je fais la mienne et si un jour tu me croises, ignore moi.

- D'accord l'indienne, si tu insistes.

Je me retourne brusquement vers lui en entendant ce fameux surnom. Je le vois toujours le sourire aux lèvres et je comprends qu'il a gagné. Son but c'est de m'énerver.

A ce moment, je sais que ce que je m'apprête à faire est une très mauvaise idée mais j'ai envie de l'agacer tout comme il le fait.

- John avait raison sur ton compte.

Alors c'est toute fière que je me dirige vers la porte de chez moi. C'est vrai que c'est amusant comme situation : le bluff.

Je m'apprête à poser ma main sur ma poignet pour mettre fin à l'échange mais en l'espace de quelques secondes, je me retrouve le dos contre la porte en face des un mètre quatre vingts du crétin.

hffmbx.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant