Trésor d'une vie (T1 + T2) | En pause

Denis

Deux ans plus tôt.

-Une deux, une deux ... continue ! Une deux, une deux...ça manque d'énergie tout ça !

Il s'éloigne en se tenant en face de moi d'un air suffisant. Il se la pète avec ces cents kilos de muscles le con.

- Putain qu'est-ce t'as foutu pendant ces vacances mec. Regarde-toi t'es devenue pire qu'une meuf.

Le coach a raison. Ça fait trois mois que j'ai rien foutu. Trois mois que j'ai passé à traîner avec mes nouveaux potes sans poser un pied à la salle.

Les fêtes, les soirées à fumer, les meufs.
Trois mois de putain de bonheur mais maintenant je souffre. On va dire que c'est mieux que ce que je faisais avant.

- C'est bon Zac, j'ai pigé.

- On dirait pas. Comment tu vas faire en rentrant là bas hein ? Tu crois que ça va être simple. Aux entraînements y'a des mecs qui te mettront par terre sans même que t'aies le temps de broncher alors faut que tu te bouges le cul !

- On se retrouve demain.

Je le laisse planter là, au milieu du ring.
J'ai pas envie de continuer à écouter les merdes qui sortiront de sa gueule.

Je file dans les vestiaires, je balance mes affaires par terre et j'entre sous la douche.

L'eau tiède détend presque immédiatement mes muscles, qui me font souffrir depuis maintenant une semaine. Je suis mort.
Les courbatures, j'avais oublié à quel point ça mettait KO.

Je ferme les yeux, en m'imaginant là bas.
C'est une décision personnel et j'en ai parlé qu'à mon père. J'ai besoin de me barrer de cette ville quelque temps. Les armes, les bagarres ça a toujours été mon truc tout comme les éducateurs depuis gosse. Alors j'ai pris la décision d'entrer à l'armée.

C'est une façon de contourner l'illégale. Une façon de ne pas blesser ma mère. Je vois à quel point ça lui fait du mal de me voir entrer avec un bras éclater et l'arcade en sang. Elle me regarde comme si j'avais déjà niqué ma vie avec la tête d'un futur délinquant.

C'est pas le cas de ma sœur et je me dis heureusement qu'elle est là pour contrebalancer toutes les merdes que je fais. Kate, elle est sérieuse, gentille, intelligente, généreuse, bref la fille parfaite.
Elle traîne la plupart du temps avec ses potes en ville et elle oublie jamais de rentrer avec une petit cadeau pour notre mère.

Je l'aime bien et je crois ça se voit un peu trop d'ailleurs. Quand je vois tous les mecs qui tournent autour d'elle ça me donne envie de les planter un par un. Qu'ils aillent fantasmer sur leur sœur, ces puceaux. Elle a que 17 ans, merde. Elle a le temps de vivre tout ça, bref.

Je finis par sortir de la douche en attachant ma serviette autour de moi.

Les vestiaires sont vides, tant mieux. Flemme de voir tous ces mecs se mater dans le miroir comme s'ils étaient devenus des putains de dieux grecs. Les muscles c'est de la gonflette. J'ai pas besoin de cents kilos de muscles pour les mettre un par un par terre.

Je me dépêche de m'habiller pour sortir de cet endroit qui fume la transpiration à dix kilomètres.

Quand je traverse la salle, je vois Zac m'attendre à l'entrée. Ça y est j'ai compris, il va encore me faire la leçon. C'est pas mon daron et j'ai jamais compris pourquoi les coachs s'en prenaient pour. Ils ont peut être pas de gosses. Faut dire que s'ils passent leur vie entre les 4 murs du gymnase, ils sont pas prêts de trouver une meuf.

- Tu pars pour quand ? Me demande-t-il.

- C'est prévu pour le mois prochain.

Il rigole moqueur comme si je n'étais pas prêt. C'est lui qui est pas prêt.