DENIS HERNANDEZ

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Je me lève, agacé par le putain de malade qui a osé frapper à ma porte à huit heures trente du matin. Un sourire faussement surpris se dessine sur mon visage en reconnaissant celui qui m'a bien baisé pendant trois putain d'années.

- Jonathan, commencé-je d'un ton sec.

Il me calcule à peine et me bouscule violemment l'épaule en pénétrant dans mon appartement. Putain, j'étais vraiment pas d'humeur à le voir débarquer chez moi aujourd'hui. J'ai encore un tas de merdes à régler, j'ai même pas eu le temps d'appeler le boss pour ce soir. Et voilà que John vient me pourrir la journée.

Il se tient debout, raide comme un piquet, dans mon foutu salon. Je m'approche de lui, le fixant d'un air sévère.

- T'es venu jusqu'ici tout seul, t'as pas besoin que je te propose de faire comme chez toi, lâché-je d'un ton acerbe.

- Fais pas l'étonné avec moi, Hernandez, tu sais très bien que j'allais finir par te retrouver.

- Ouais, mais j'me suis jamais caché. Allez, crache le morceau, qu'est-ce que tu veux de moi ? J'ai pas de temps à perdre, alors sois concis et va droit au but, si t'en es foutu capable.

- Pourquoi t'es ici, Hernandez ?

Bonne question, mais je lui donnerai pas la réponse. Personne ne doit être au courant de mes putains de plans. Je laisse planer un silence pesant avant de répondre d'un ton laconique.

- J'ai mes raisons.

Je remarque que John commence à bouillir sur place. Ça m'amuse de le voir s'énerver, même si ce n'était pas mon intention de le mettre dans cet état. Soudain, il s'agite, passant sa main dans ses cheveux. Son regard reste rivé au sol tandis qu'il fait les cent pas, tel un chien en cage. J'ai appris à maîtriser mes émotions pendant mon entraînement. Rien ne doit transparaître. La moindre colère ou le moindre sentiment peut mettre en péril la mission.

- Quelles sont tes putains de raisons ? T'es venu au club, tu traines avec le nouveau patron alors qu'on sait très bien dans quoi il trempe, putain, et en plus tu contactes Diviya. On avait été clairs sur ce sujet, putain Denis !

Alors c'est ça le sujet sensible. Je parierais ma putain de vie que ça lui importe pas un clou avec qui je traine, et le vrai problème, c'est que Diviya m'a vu. John et moi, on était potes depuis des années, putain, je le connaissais par cœur. Je pensais le connaître tellement par cœur que je lui avais confié la protection de Diviya. Mais maintenant, il se fout de ma gueule et il joue les offusqués.

- Avoue-le, t'en as rien à foutre de mes fréquentations, mec, je lâche.

Ça y est, ça commence à monter. Je m'étais promis de garder mon calme, mais quand je repense à quel point il m'a baisé, putain, ça me serre la gorge.

Le chien arrête brusquement ses mouvements et s'approche violemment de moi, saisissant mon col de t-shirt.

- Non, t'as raison, j'en ai plus rien à foutre. T'as fui comme un putain de lâche, Hernandez. T'as pas eu les couilles de gérer le bordel que t'as foutu. Son putain de frère est mort dans un accident de voiture. Ils l'ont retrouvé défoncé à l'alcool et à la drogue, tu sais pourquoi ? Parce qu'il détestait te voir près de sa sœur. Et toi, qu'est-ce que t'as fait, hein ? Tu l'as lâchée à l'hôpital, même pas le courage de la regarder droit dans les yeux pour lui dire que toute sa putain de vie était foutue à cause de toi.

Mon poing part instinctivement, s'écrasant sur sa gueule et le faisant vaciller en arrière.

Je ferme les yeux quelques instants pour reprendre le contrôle. Si ça continue comme ça, ce putain d'enfoiré va finir par y passer, et je ne peux pas me permettre de le tuer.

- J'ai pas besoin de toi pour me rappeler ce que j'ai foutu, putain. Me pousse pas à te rappeler aussi à quel point t'es un foutu chien.

Il se reprend rapidement, essuyant la trace de sang qui s'est formée sur son nez.

- Moi, un chien ? Oh non, rassure-toi, j'ai bien pris soin d'elle, Hernandez. J'ai suivi tes précieux conseils à la lettre.

- Ah ouais ? Et tu crois qu'elle réagira comment quand elle découvrira la vérité ? Qu'est-ce qu'elle dira quand elle saura que tu m'appelais tous les quatre matins pour te plaindre d'elle ?

Cet enfoiré n'a jamais eu d'affection pour Diviya. Il la méprisait, et les premiers mois, il n'arrêtait pas de me saouler en se plaignant de devoir passer son temps à la réconforter.

- Elle le saura pas, ouais. Il lâche ça en se rapprochant de moi.

Je lui rigole carrément au nez. Putain, il croit vraiment qu'il peut me jouer comme ça.

- C'est que t'es vachement sûr de toi, en plus. T'as vraiment pas peur que ça te pète à la gueule, hein ?

Il la ferme d'un coup et ça me confirme à quel point ce fils de pute m'a trahit de la pire des façons. Il pouvait tout faire putain, tout faire sauf ça.

- Je t'ai fait confiance, putain de merde ! Je t'ai confié sa protection, bordel, pas pour que tu te mettes à penser un jour pouvoir l'avoir comme moi je l'ai eue.

Une image des deux me traverse l'esprit et je perds le contrôle. Mon pied frappe violemment la table basse en verre, qui se brise en mille morceaux dans un bruit déchirant.

- Casse-toi, John. Lui dis-je d'un ton tranchant.

- J'ai pas fini ce que je voulais dire. Réplique-t-il, déterminé.

- Dégage, c'est un conseil pour ta gueule. Lâché-je, laissant transparaître toute ma colère et mon mépris à son égard.

Il enjambe ce qui reste de la table basse et se dirige vers la porte. Il croise mon regard une dernière fois avant de lâcher :

- Tu fais plus partie de sa vie, Hernandez. Accepte-le et laisse un autre mec qui aura les couilles de la traiter comme elle le mérite.

La rage monte en moi. Comment il a osé me parler de cette façon ? Je m'approche rapidement de lui, le fixant droit dans les yeux.

- Écoute-moi bien, enfoiré. J'ai beau avoir agi comme une merde, personne ne l'aimera jamais plus que moi. Tu peux croire ce que tu veux, mais tu ne la connais pas comme moi je la connais. Je l'ai soutenue quand personne d'autre ne l'a fait. Alors ne viens pas me parler de couilles, tu n'en as jamais eu assez pour elle.

Il détourne le regard, réalisant qu'il a touché une corde sensible. Sans un mot de plus, il quitte la pièce, me laissant seul avec mes pensées.

Hffmbx

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant