Denis

79 6 0
                                    

- Et c'est quand que tu comptes leur dire ?

- Le jour même. Crois-moi ça fera plaisir à mon paternel de me voir dégager de sa vie.

Il attrape une bière du frigo alors que ça fait une heure que je lutte pour appeler John. J'avais dit que je retrouverais cette enfoiré d'Anil mais je l'ai pas fait. Pendant deux semaines, je me suis pas bougé le cul pour le retrouver. Pourquoi ?

Parce qu'à chaque fois que je m'imagine le mettre en sang, j'entends ses paroles résonner.

« Elle te le pardonnera jamais. »

« Elle ne t'aimera jamais. »

Je m'en bas les reins de ce genre de merde d'habitude. J'en ai rien à branler qu'on me pardonne ou pas. Parce que j'en ai rien à foutre des gens et de ce qu'il peuvent bien penser de ma gueule. C'est toujours le cas, tous les gens sauf elle.

Des fois, je me dis que John a raison. Que j'ai cette fille dans la peau, que je me la rêve jusqu'à l'os. D'autre fois, je capte que c'est impossible.

Putain sinon ça voudrait dire que de toute ma putain d'existence, il a fallut que ce soit elle qui me fasse ressentir ça !

Elle, autrement dit mon plan, sa sœur à lui !

C'est quel genre de karma ça ? La seule personne pour qui j'éprouve cette merde qui me ronge le cerveau, c'est celle que je voulais utiliser pour ma putain de vengeance. C'est celle que je voulais détruire. Celle pour qui je pensais éprouver du plaisir en la voyant chialer à mes pieds.

J'avais tout prévu. 
Ce jour là, je l'aurais pas quitté de la nuit. Je l'aurais traité comme une reine. Je l'aurais fait rêver. Et le lendemain, j'aurais tout envoyé chier. Je me serais rhabiller et j'aurais attendu qu'elle se réveille pour lui ordonner de dégager de ma piaule. Je lui aurais pas laissé le temps de s'habiller, rien. J'aurais balancé ses vêtements par la fenêtre et je lui aurais ordonné de dégager. Après ça, j'aurais appelé son frère pour la récupérer. Ouais, dans cet état. Je me la suis imaginé en train de chialer à mes pieds et quand Aless aurait débarqué, je l'aurais fixé droit dans les yeux avec un sourire aux lèvres. Putain, j'ai rêvé de ce moment. Je l'aurais vu souffrir et je lui aurais fais un peu ressentir ce que moi j'ai ressentis. Je lui aurais montré ce que ça fait de toucher aux sœurs.

C'était mon plan.

Ce même plan qui me donne aujourd'hui la gerbe en y repensant. M'imaginer faire ça à Diviya c'est comme me tuer une nouvelle fois. Si j'étais arrivé à poursuivre mon foutu plan, je crois pas que j'aurais été capable de m'en remettre, pas cette fois.

- T'en veux une ? Me demande Zac en me montrant sa bière.

Je le regarde perdu. J'ose même pas m'énerver contre lui. Je sais que c'est la dernière chose que je veux faire, m'embrouiller pour des conneries.

- Non.

Il va s'asseoir dans son vieux canapé. Ce même canapé que j'ai torché il y a quelques années. Putain quel époque !

- Mec, tu comptes faire quoi de ta vie ici ? Tu vas tout abandonner comme ça, t'as des potes ici non ?

Il parle de ma décision de me barrer d'ici pour rentrer à l'armée. Ouais, ça fait des années que cette idée me tente mais j'ai jamais franchis le pas. Parce qu'au moment où je le voulais, Kate est morte. Ma mère était au plus bas et mon sang commençait tout juste à bouillir quand j'élaborais mon plan.

- J'ai pas de potes.

- Arrête, t'as John et Paloma et cette jolie asiatique.

Quand je capte qu'il parle de Diviya, je reporte toute mon attention sur lui. Je dégage de sa cuisine pour aller le rejoindre sur son canapé.

Trésor d'une vie (T1 + T2)  | En pause Où les histoires vivent. Découvrez maintenant